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15 août 2009

LES FEUILLES MORTES

Document transmis par Pierre Salas

(1945) 

L'encre du savant est aussi précieuse que le sang du martyr. (Proverbe Arabe) 

! Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai
 

        J’aime beaucoup le deuxième couplet de ce poème de Jacques Prévert  interprété pour la première fois par Cora Vaucaire et ensuite par Yves Montand en 1946. Il était prémonitoire de notre devenir car il nous ressemble tant.

En effet, pour nous encore survivants, quand nous pensons à elle (notre terre natale), nous nous disons que nous l’aimions tant, cette terre  si jolie, que nous ne l’oublierons  jamais.

        C’est vrai qu’en ce temps- là, la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu’ici. C’est une chanson qui nous ressemble (Pieds-noirs ou Arabes), toi tu m’aimais et je t’aimais et nous vivions les deux (communautés) ensemble.

        Mais le vie sépare ceux qui s’aiment (non pas tout doucement et non plus sans faire de bruit) mais dans l’anarchie, le désordre et le bruit de la mitraille.

J’avais 13 ans et …en ce temps-là comme le chantaient si bien Cora et Yves….. La vie était plus belle, et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui…. ». 

Mon père venait tout juste d’être démobilisé après s’être battu pendant cinq longues années pour notre pays, la France.

        Un an plus tôt, (le 8 mai 1945)  avaient éclaté les manifestations de Sétif et la répression qui s’en suivit. A cause de ce climat prémonitoire  de l’avenir de ce pays,  des centaines d’innocents des deux camps perdirent la vie. Qui avait commencé ? Certains affirmaient que Ferhat Abbas (déjà) était à l’origine de ces émeutes qui avaient causé la mort de plus de cent Européens. Ceux du camp d’en face prétendaient que la répression de l’armée fut disproportionnée en regard de ces émeutes. Ces évènements furent les prémices de la guerre d’Algérie, qui sombra dans une sorte de léthargie, d’où elle n’émergea que neuf ans plus tard, le 1° Novembre 1954. J’étais trop jeune pour en juger, et mon enfance et mon adolescence furent quand même bercées par les paroles inoubliables de cette chanson.

        « C'est une chanson qui nous ressemble, toi tu m'aimais et je t'aimais…. Et nous vivions tous deux ensemble….. » Oui, nos  communautés vivaient ensembles et nous nous estimions et nous nous respections. C’est toute l’histoire de plusieurs races et religions qui avaient crée l’œcuménisme (avant que ce terme ne vienne à la mode), qui avaient appris depuis leur plus jeune age, à  vivre ensemble, à aller à la même école communale, à partager leurs joies et leurs peines et même à s’aimer.

        En ce mois de Juin 2007, je me dis que depuis Juin 1962, quarante cinq années ont passé. Les criminels et les parjures voyous qui ont détruit cette harmonie, s’ils sont encore de ce monde, sont à mettre au ban de l’humanité, s’ils sont morts, que Dieu me pardonne car ils ne méritent que le barbecue de Satan.

        «Mais la vie sépare ceux qui s'aiment tout doucement sans faire de bruit et la mer efface sur la sable les pas des amants désunis…. » Je ne sais pas ce que vous en pensez, je ne sais même pas si vous n’avez pas oublié ce poème si beau et qui nous va comme un gant. Nos parents pour la plupart ne sont plus là et ils sont partis sans faire de bruit, mais nous ! Allons-nous rester les bras croisés en attendant avec fatalisme que d’autres décident pour nous de ce qui est bien ou de ce qui est mal ? NON, nous ne partirons pas à notre tour…. « Sans faire de bruit…….  dans la nuit froide de l'oubli…..» 

Nous nous devons à nos associations, à nos vaillants dirigeants et à leur foi, leur volonté et au courage qui les animent, et qui doivent  nous animer nous aussi.

Nous le leur devons, il ne faut pas que « …. La mer efface  sur le sable le pas des….. Rapatriés enfin réunis…..» 

Le Saint Esprit guide les Traces de PIEDS-NOIRS sur le sable pour ne pas qu’ils s’effacent.

RETOUR PIERRE SALAS.

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