MONSIEUR LE PRESIDENT

SI J'OSAIS VOUS ECRIRE
Ne suivez jamais les traces du malheur, il pourrait bien se retourner et faire volte-face (Proverbe japonais)
...Voici ce que le modeste et insignifiant mammifère que je suis, vous dirait avec déférence pour la haute fonction que vous assumez et respect envers votre personne, mais sans aucune obséquiosité et avec beaucoup d'assurance:
Récemment, sur une grande chaîne nationale et à une heure de grande écoute, peut-être avez vous suivi comme nous tous rapatriés ou pas, un reportage assez bien scénarisé, expliquant, comment s'y était pris l'ermite de Colombey pour oublier « sa longue marche » et revenir aux affaires afin de jouer (enfin) le premier rôle dans l'histoire de notre pays.
le Général de Gaulle n'avait jamais digéré son rôle de figurant, entre 1940 et 1945 et surtout son inscription « aux abonnés absents » à la conférence de Yalta entre les 4 et 11 Février 1945,de ce fait il est devenu un « comploteur » pour reprendre le pouvoir.
Ce reportage a eu l'avantage de remettre les pendules à l'heure en ce qui concerne aussi l'histoire des « ...Je vous ai compris..., Algérie Française et ...tous Français de Dunkerque à Tamanrasset » dont s'est servi avec manichéisme et machiavélisme, ce comédien bouffi d’orgueil, pour enfin asseoir sa « généralisique » autorité sur sa valetaille de conseillers et de beni-oui-oui.
Je ne reviendrais pas sur les évènements qui se sont déroulés entre son retour aux affaires entre 1958 et le 19 Mars 1962 où il offrit sur un plateau notre portion de Mère patrie à nos ennemis, et nous, (victimes expiatoires de sa préméditation), en holocauste à leur vindicte criminelle. Chacun en connaît les tenants et surtout les aboutissants.
Appuyant sur le décret n° 60-1299 du 8 décembre 1960, son déshonorant référendum national du 8 Janvier 1961 sur l'autodétermination en Algérie, ce fut lui qui donna le signal de l'hallali de nos espoirs, auquel nous répondîmes par notre résistance à la « Jean Moulin » avec l'énergie du désespoir tout comme l'avait fait la France face aux hordes germaniques en 1940.
Après le 19 Mars 1962, nous sentant désormais abandonnés par notre pays et livrés au couteau des bouchers, ceux qui eurent le temps de choisir « la valise » le firent. Les autres, malheureusement, furent enlevés, massacrés, émasculés, envoyés dans des galeries minières durant des années et reposent pour quelques-uns, (si l'on peut dire), au fond du Petit Lac à Oran. Tous ceux-là, n'eurent d'autre choix, que celui du « cercueil » à court ou moyen terme.
Entre cette date et le 2 Juillet 1962, plus d'un million des nôtres, arrivèrent en Métropole sous les huées, les lazzis, les quolibets et la réprobation de la majorité de la population qui ne voulait pas faire de place à de vrais Français de là-bas, (poussés par le vent de l'histoire) et venant en masse, perturber leur mauvaise conscience en pleine période de congés payés.
Nous étions devenus des pestiférés qui avaient mérité à leurs yeux ce destin. Des pestiférés ruinés non pas par des banques mais par notre « amère » Patrie.
Les fruits de notre labeur acharné furent très vite considérés comme biens vacants. Ils furent saisis, volés, et spoliés impunément et injustement par un état parjure sous le regard impavide et approbateur des autorités Françaises encore en place et de l'armée, arme au pied selon l'ordre reçu de ne pas se mêler d'une affaire qui ne les concernait plus.
Cet ordre émanait du sinistre général Katz, lui-même obéissant comme un toutou à la volonté de la présidence de la République.
Depuis notre arrivée controversée aussi par certains crétins , édiles de grandes villes méditerranéennes, des séries de mesurettes (prêts de réinstallation) et quelques parcelles d'indemnisation (valeur 62, sans prise en compte des intérêts de droit) furent créées par le nouveau président de la République, Monsieur François Mitterrand .
Rien ne nous fut épargné pour nous mettre en difficultés, aggravées par notre manque de fonds propres, situation qui n’aurait jamais existé en regard de notre position de créanciers privilégiés, car juridiquement et humainement parlant, nous étions et sommes toujours des créanciers d'honneur et de droit de l’Algérie et de la France avaliste complaisante de ces accords.
Ces dispositions, par la précarité des moyens mis à notre disposition pour faire face à notre réinstallation, nous conduisirent malgré nous à nous surendetter en faisant appel à des sociétés de crédit, aggravant ainsi notre tentative d'un nouveau départ dans une autre et nouvelle existence.
Notre désarroi attira tout de même et enfin l’attention des pouvoirs publics qui créèrent des commissions de désendettement des Rapatriés réinstallés dans une profession non salariée, la M.I.R entre autres et la CNAIR. Ces remèdes pires que le mal, eurent pour effet provisoire de faire stopper les poursuites judiciaires à notre encontre et mettre en pointillé les harcèlements journaliers des huissiers dont nous étions devenus les proies préférées.
Cette bouffée d’oxygène provisoire, insufflée par l'arrêt de ces poursuites, pouvait nous permettre de présager qu’une décision d’indemnisation interviendrait dans un avenir proche, ce qui eut pour effet de leurrer et faire patienter les loups affamés qu'étaient devenus nos créanciers,ces derniers étant en droit de penser que dans le pire des cas, l’Etat se subrogerait aux Rapatriés endettés, jusqu’à paiement de leurs indemnisations dues et tant attendues.
Non seulement rien ne fut fait en ce domaine par la MIR/CNAIR et quelques dix ans plus tard au contraire, la Cour de cassation de Montpellier, dans un arrêt du 7 Avril 2006, restreignait la portée de l’article 100 relatif à l’arrêt des poursuites, créant ainsi une brèche dans laquelle s’engouffrèrent avec avidité et cupidité la meute des créanciers cités ci-dessus.
A la veille d'un remaniement de votre ministère vous avez, Monsieur le Président de la République, beaucoup de problèmes sociaux à résoudre, nous le savons, mais notre communauté apprécierait qu'enfin vous rendiez justice aux naufragés du 19 Mars 1962.
La France se doit de nous rétablir dans nos droits moraux et financiers, avant la fin ou le renouvellement de votre quinquennat en 2012, cette année-là étant aussi, par pure coïncidence, le cinquantenaire de l'escroquerie majeure du 20°siècle dernier, dont nous avons été victimes.
Il est grand temps qu'un Président Français (les autres pour la grande majorité d'entre eux, nous ayant superbement ignorés, à ce jour) réalise enfin qu'une communauté Française à 100% existe encore, mais qu'elle se referme de plus en plus sur elle-même et que ce Président comprenne surtout que justice devra nous être rendue, quels qu'en soient les moyens , mais surtout à court terme.
Pour mémoire, lors de votre campagne présidentielle de 2007, obéissant à une logique qui s'imposait d'elle-même et suivant les engagements pris par votre personne à notre encontre, vous nous aviez insufflé un immense espoir.
Trois ans plus tard et depuis 48 ans donc, nous attendons toujours que justice nous soit rendue et nous vivons toujours dans l’espoir de la concrétisation des engagements pris (avant les vôtres) lors des accords d'Evian, en matière de remboursement et d’indemnisation de nos biens spoliés, de nos toits familiaux perdus et du pretium doloris que fût et est encore, le notre.
Il serait temps que les pouvoirs publics qui dépendent de votre autorité et qui se penchent sur tout ce qui bouge hors frontières, notamment et à juste titre en matière de prises d'otages de ressortissants Français par Al-quaïda se rendent compte qu'il existe encore chez nous, en France, une autre catégorie d'otages venus de trois départements Français et victimes eux aussi d'une politique désastreuse.
Les plus âgés d'entre nous, disparaissent progressivement, fatigués et érodés par cette lutte que nous menons contre l'injustice depuis presque ½ siecle. Mais nos jeunes pousses sont là et bien drivés par leurs anciens. Ils continueront eux aussi sur le chemin que nous leur aurons tracé.
Il n’est peut-être encore pas trop tard pour prouver que vos engagements pris,(votre main sur le cœur pour mieux nous convaincre de votre détermination et de votre sincérité au moment où nos voix vous étaient indispensables pour gagner), n’étaient pas qu'un argument.
Ces engagements vous les avez pris face aux Rapatriés, au vu et au su de leurs associations et de la France entière.
Vous avez eu toutes nos voix soit un potentiel d'environ deux millions de votants. Nous ne voulons pas croire que vous ne tiendrez pas ces engagements.
Voilà, Monsieur le Président-, ce que je vous aurait écris, si j'osais le faire.
Très profonds et respectueux sentiments.
Même la pensée (d’un hérisson) d'une fourmi peut toucher le ciel. (Extrait d'un proverbe japonais)
TOUJOURS A VOTRE SERVICE
LE HERISSON