LE REVEIL SERA BRUTAL...
Inéligibilité et prison avec sursis requises contre Le Pen
Deux mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité ont été requis jeudi contre Jean-Marie Le Pen devant le tribunal correctionnel de Paris. Pour une affichette de campagne du FNJ titrée « Non à l’islamisme », diffusée en février 2010 lors de la campagne des élections régionales puis sur Internet. L’image représentait une femme intégralement voilée à côté d’une carte de France recouverte du drapeau algérien, sur laquelle se dressaient sept minarets en forme de missiles.
La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait alors saisi le juge des référés du tribunal de Marseille qui avait condamné le Front national à retirer ses affiches. Dans un second temps, la Licra, soutenue par SOS Racisme et le journaliste algérien Mohamed Sifaoui, a porté l’affaire devant la justice parisienne pour provocation à la haine envers une religion.
Absent à son procès, Jean-Marie Le Pen, qui était l’invité du Centre de formation des journalistes de Paris, a déclaré : « Mon avocat n’aura pas trop de mal (à me défendre, ndlr), après les déclarations de Ben Laden… » A l’audience Me Wallerand de Saint-Just a en effet rebondi sur les toutes récentes menaces de mort d’Al-Qaïda contre la France et le « peuple français » (Présent d’hier) :
« Nous sommes aujourd’hui menacés par l’islamisme. (…) Est-ce que vous allez dire dans votre jugement qu’on ne peut plus montrer d’opposition à l’islamisme ? Faites très attention… », a mis en garde l’avocat en s’adressant au tribunal.
Dans une plaidoirie étayée et détaillée, Me de Saint-Just n’a cessé de rappeler que l’affiche mise en cause disait « Non à l’islamisme », et pas à l’islam. « C’est un procès d’intention à Jean-Marie Le Pen ! Vouloir nous faire dire dans votre jugement que l’islamisme c’est la même chose que l’islam, c’est un scandale ! ».
Selon l’avocat, l’affiche voulait « montrer que l’islamisme constitue un danger pour la France et que cet islamisme constitue notamment pour certains jeunes Français musulmans à brandir le drapeau algérien et à brûler le drapeau français », comme à Toulouse après le match Algérie-Egypte, en qualifications pour le mondial.
Dans un réquisitoire particulièrement acharné, le procureur Claire Donnizaux a dénoncé « l’assimilation trompeuse entre islamisme et islam ». En plus de la prison avec sursis et de l’inéligibilité d’un an, elle a réclamé une peine de 20 000 euros d’amende. Elle a demandé au tribunal de se montrer particulièrement sévère « au vu des antécédents judiciaires du président du Front national ».
Jean-Marie Le Pen a estimé que cette réquisition pour « incitation à la haine » était « scandaleuse » et venait « à l’appui du discours menaçant de Ben Laden à la France » : « les Français jugeront ».
Cette réquisition vient de « Madame Ruel, substitute du Procureur de la République de Paris, aux ordres du gouvernement » et « entraînerait ma déchéance du mandat de député européen », a-t-il déclaré.
Jugement le 2 décembre.
CAROLINE PARMENTIER