Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

popodoran

popodoran
Newsletter
3 août 2017

RAPATRIEMENT DU SERGENT JEAN VILTATA TUÉ EN 1956 EN ALGÉRIE

61 ans après sa mort, les autorités algériennes ont accepté en mai le rapatriement de la dépouille du sergent Jean Viltata, tué en 1956 lors du conflit. Le soldat recevra les honneurs militaires lors de ses obsèques officielles samedi dans les Pyrénées-Orientales.

Les obsèques se dérouleront ce samedi 5 Août en la Cathédrale d'Elne (Pyrénées Orientales). La cérémonie est ouverte à tous.

IM1

Des militaires français patrouillent dans une ruelle de la Casbah d'Alger pendant la Guerre d'Algérie © JEAN-CLAUDE COMBRISSON/AFP. (Photo d'illustration)

C'est une première depuis 55 ans. Les autorités algériennes ont autorisé en mai le rapatriement du corps de Jean Viltata, soldat français tué en 1956 pendant la guerre d'Algérie. Ce n'était pas arrivé depuis la fin du conflit en 1962. Samedi, un hommage public lui sera rendu lors de ses obsèques officielles à la cathédrale d'Elne, voir l'Article FranceBleu Roussillon, près de Perpignan. À cette occasion, le soldat mort pour la France recevra les honneurs militaires par un détachement du troisième Régiment parachutiste d'Infanterie de Marine de Carcassonne et son cercueil sera recouvert du drapeau tricolore.

«C'est un soulagement. Ma mère et moi avons bataillé durant plus de vingt ans avec les administrations pour que la dépouille de mon oncle soit rapatriée en France. Malgré la complexité des démarches, on n'a jamais perdu espoir et aujourd'hui notre souhait s'est enfin concrétisé», témoigne auprès du Figaro Marielle Auriach, petite-nièce de ce militaire servant dans le 2e Régiment d'Infanterie coloniale (R.I.C). 

400 soldats français inhumés en Algérie

Jean Viltata est âgé de seulement 22 ans quand il est mobilisé sur le front algérien, en mars 1956. Quatre mois plus tard, il succombe à une décharge de chevrotine et est enterré au cimetière national militaire du Petit Lac à Oran. À partir du milieu des années 70, la famille du militaire, originaire d'Argelès-sur-Mer, fait plusieurs demandes de rapatriement de sa dépouille à la présidence de République, au cabinet du ministre de la Défense, puis à l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre d'Alger.

Mais faute d'informations précises sur l'emplacement de sa tombe, les requêtes restent sans suite... jusqu'en 2015. Cette année-là, la soeur du défunt trouve par hasard en triant les affaires de ses parents une lettre de l'armée. Dessus est inscrit le rang, le carré, mais aussi le numéro de la tombe de son frère. «Ma mère a alors contacté l'Ambassade de France à Oran. Nous leur avons demandé si mon oncle était bien enterré à cet emplacement là-bas», explique Marielle Auriach. Après deux ans d'attente et après avoir déboursé plus de 3500 euros pour le transport de la dépouille, le rapatriement a enfin eu lieu le 21 juin dernier.

«Il est possible que cela entraîne d'autres familles à réclamer les dépouilles de leurs proches. Pour l'instant, moins d'une dizaine de demandes de ce type ont été référencées par nos services», précise au Figaro la Capitaine Marie Pérochain, officier de presse au Ministère des Armées. De 1954 à 1962, la France a mobilisé plus de 1,5 million de jeunes appelés pour combattre sur le sol algérien. Selon les chiffres officiels de l'armée française, (Indemnisation des fils et des filles des morts pour la France) plus de 20.000 soldats sont morts lors des combats ou attentats et environ 400 seraient inhumés en Algérie. 

COMPAS

Comité Œuvrant en Méditerranée pour la Paix, l'Assistance sociale et la Solidarité

Association N°9911 régie par la loi du 1er Juillet 1901

Déclarée en Préfecture de l'Hérault le 11 août 1983

En  mémoire de notre ami et avocat, Jacques Bernard Cayrol, mort à l'âge de 46 ans, lors de la catastrophe aérienne du Boeing 747-131 (vol TWA 800) assurant la liaison New York Paris, le 17 juillet 1996.

Le Président Jacques Villard (Directeur Général des Services et des Etudes)

compas.oing@gmail.com

RETOUR FAITS DIVERS

Publicité
Publicité
2 août 2017

ORIGINES DE LA COMMUNAUTE PIEDS-NOIRS

Par Xavier YACONO.

Les composantes d'une communauté

Si l'on excepte une faible minorité d'environ 5 %, la communauté européenne d'Algérie était française. En 1954 on comptait 49.979 étrangers sur 984.031 habitants de population municipale non musulmane dont le total était de 1.024.409 individus. Elle l'était juridiquement. Elle l'était volontairement. Elle l'était sentimentalement même si bon nombre de ces Pieds-Noirs n'avaient jamais franchi la Méditerranée sauf, pour certains d'entre eux, à l'occasion des deux guerres mondiales.

En 1962 personne ne contestera le fait, mais il n'en avait pas toujours été ainsi car durant les décennies au cours desquelles cette communauté se constituait, de graves inquiétudes s'étaient manifestées : beaucoup ne voyaient que les scories apparaissant à la surface du magma bouillonnant dans le creuset algérien et doutaient que d'éléments aussi hétérogènes pût sortir un jour un groupe humain qui, tout en conservant ses caractères propres, fût marqué profondément à l'effigie de la France. C'est cependant ce qui se produisit même si a priori on pouvait en douter à l'examen des éléments constitutifs de ce " peuple algérien " que Victor Demontès présentait en 1906 et pour lequel la France, l'Europe et l'ancienne Régence devenue l'Algérie avaient apporté leur part dans sa formation.

 

I. - LA FRANCE

Les quelques Français qui vivaient dans la Régence avaient disparu après le conflit déclenché par le fameux " coup d'éventail " du 29 avril 1827. Sauf exception, ils ne devaient pas revenir. C'est donc une population toute nouvelle qui allait s'établir et, avant de préciser les régions d'où elle venait, on peut s'interroger sur les origines et les conditions de son émigration.

1. - Vers l'Algérie

a) L'Afrique mais la ville


Les débuts du peuplement français en Algérie évoquent surtout deux images : d'une part, celle des grands colons aventureux venus " en gants glacés en en habits noirs ", les de Vialar, les de Tonnac, les de Saint-Guilhem, les de Lapeyrière et bien d'autres d'origine bourgeoise, qui n'hésitent pas à s'installer seuls au milieu des Arabes avec lesquels ils établissent souvent de bons rapports et se lancent dans des entreprises agricoles presque toujours ruineuses ; d'autre part, la naissance de Boufarik, autour de la petite colonie du " bazar", et le véritable calvaire des premiers habitants aux prises avec la fièvre et l'insécurité.

Dans un cas c'est le début de la colonisation libre et dans l'autre l'implantation de la colonisation officielle dans la Mitidja, mais dans les deux on pense à l'établissement de colons, au sens propre du terme, c'est-à-dire seulement au monde rural, sans doute parce que la France d'alors était essentiellement paysanne et plus encore parce qu'on était persuadé qu'en dernier ressort le pays appartiendrait à ceux qui peupleraient les campagnes et les mettraient en valeur.

Or c'est un fait, jamais souligné mais incontestable, la colonisation française dès le début fut surtout urbaine et elle le fut de plus en plus avec le temps, imitée d'ailleurs par tous les autres éléments européens. Ce sont des Français qui, les premiers, élèvent de toute part à Alger maisons de commerce et magasins. Le commandant Pellissier de Reynaud, qui a laissé de remarquables Annales algériennes, note qu'«on trouvait à Alger, dès le mois de janvier 1831, à satisfaire à peu près tous les besoins de la vie européenne». Et, à un moindre degré, il en sera de même dans les ports recevant les immigrants puis dans les villes de l'intérieur. En 1835, il y a déjà à Alger 3.205 Français (pour 1.835 Espagnols, l'élément étranger le plus important).

Avec la disparition de l'immigration d'aventure, cette attraction de la cité s'exerce sur toutes les catégories du corps social ouvriers: des diverses corporations amenés par les travaux d'urbanisation, boutiquiers sans affaires cédant au mirage des profits faciles en Afrique, fonctionnaires de tous grades recrutés d'abord exclusivement en métropole et retenus par quelques avantages financiers s'ajoutant à l'emprise du pays, soldats du contingent qui n'ont pas résisté au charme d'une Algéroise ou d'une Oranaise... A la fin du siècle on estimera que la seule colonisation administrative, à peu près uniquement citadine, laisse chaque année en Algérie un millier d'individus. De plus en plus afflueront bientôt vers les villes les petits colons ruinés ou les fils de ceux que la terre ne peut retenir en attendant les terriens enrichis qui pratiquent l'absentéisme.

Au dénombrement agricole de 1903 on comptera 125.204 Français de population rurale alors que le recensement de 1901 avait totalisé une population française de 413.770 personnes.

Déjà, au 31 décembre 1853, on peut noter que, sur une population civile européenne de 133.192 individus dont 74.558 Français, la population agricole, c'est-à-dire " l'élément véritablement colonial " n'est que de 32.000 personnes dont sans doute un peu plus de la moitié françaises. C'était peu et si elle voulait créer une classe paysanne nombreuse (on parlera plus tard de démocratie rurale), la colonisation officielle devait se montrer plus attirante.

b) L'appel séduisant

L'expression est de Bugeaud qui, dès 1840, disait à la Chambre : " Il faut des colons (...). Pour les avoir, il faut leur faire un appel séduisant ; car sans cela vous n'en aurez pas. " Et l'Administration s'y employa, fondant son action sur l'octroi des concessions et, à un moindre degré, sur la publicité.

Au début on accorde de manière assez anarchique des concessions pour la constitution des fermes et cette libéralité à l'égard d'hommes bien en cour se poursuivit avec parfois des choix heureux comme ceux de Borély la Sapie à Souk Ali, près de Boufarik (1844) ou de Dupré de Saint-Maur à Arbal, dans la région d'Oran (1846). Mais ce sont les concessions destinées à former des villages qui devaient être l'instrument de choix pour l'implantation française. Boufarik, baptisé d'abord Médina-Clauzel, date officiellement de 1836. Des villages naîtront parfois plus ou moins spontanément autour d'une "mercantiville " établie près d'un camp militaire, l'initiative privée précédant et forçant alors l'intervention administrative. Mais le premier plan de colonisation officielle, dû au comte Guyot, est de 1842 avec pour base la concession gratuite selon l'arrêté signé par Bugeaud le 18 avril 1841. Si l'on excepte quelques tentatives de création de villages par des entrepreneurs, c'est l'Etat qui demeure le maître d'œuvre, choisissant les régions, fixant les périmètres à lotir, recrutant les colons, leur imposant les conditions à remplir pour devenir propriétaires. Celles-ci ont varié et la concession gratuite laisse même la place, en 1864, à la vente. On y revient cependant de 1871 à 1904 pour donner ensuite une place prépondérante à la vente sans supprimer complètement la concession gratuite.

Mais encore fallait-il que les futurs colons aient connaissance des créations décidées et des avantages accordés. D'où l'intérêt des renseignements reçus par les postulants ou diffusés par voie d'affichage à l'initiative des préfets. Et ces imprimés évoquaient la proximité d'une rivière (!), la fertilité des terres, la future station de chemin de fer, le prochain barrage, maniant avec un art consommé le présent, le futur et le conditionnel, alors que rien n'existait encore, que l'eau manquait et que la région pouvait être totalement dénudée sous un soleil torride.

Dans certains cas, pour attirer les émigrants, à l'octroi de la concession complaisamment décrite, on ajouta des avantages particuliers très importants, toujours sur le papier mais parfois dans la réalité. Il en fut ainsi tout d'abord pour les colonies agricoles de 1848. Dans le but essentiel d'éloigner les ouvriers au chômage dans la capitale après la fermeture des ateliers nationaux, on créa d'un coup 42 villages en promettant aux futurs colons, outre la concession, une maison d'habitation en maçonnerie, des instruments agricoles, des semences, des têtes de bétail et des subvenions alimentaires pendant trois ans. Alors partirent, par fleuves et canaux, avec la bénédiction des prêtres et les attentions prodiguées par la franc-maçonnerie, 16 convois (plus un 17e de Lyon) qui déversèrent sur le sol algérien quelque 13000 individus qu'attendaient des baraques en bois sans aucun confort, la promiscuité, des sols hérissés de palmiers nains ou de jujubiers, une administration militaire sourcilleuse et, pour comble, la sécheresse les sauterelles et surtout, en 1849, le choléra qui ravagea les villages. Résultat : compte tenu des décès et des départs, il fallut établir 20.502 habitants pour qu'il en restât 10.397.

Moins tragique mais comparable à bien des égards fut l'expérience des Alsaciens-Lorrains. Sur les 125.000 quittant les provinces annexées, on comptait en attirer un bon nombre vers l'Algérie en mettant à la disposition de chaque famille, avec la concession, une maison de 2.000 F et un capital de 1.500 F. Quelque 5.000 se fixèrent en Algérie. Si les résultats peuvent être considérés comme assez bons pour le peuplement, ils furent médiocres quant à l'implantation rurale : en 1899, sur 1.183 familles installées, 383 seulement avaient conservé leur propriété, 519 n'avaient plus leur concession mais étaient restées
en Algérie, 277 avaient quitté l'Algérie ou avaient disparu.

Comme autre type de colonisation privilégiée pour lequel l'appel fut particulièrement séduisant, on peut citer la colonisation maritime, dont le but était d'assurer le contrôle des côtes par des pêcheurs français. Des tentatives avaient eu lieu de 1845 à 1848 près d'Alger et elles avaient échoué à cause du mauvais recrutement des pêcheurs. On les reprit sur les côtes algéroise et constantinoise en 1872, 1890, de 1893 à 1897 en offrant, à la fin du siècle notamment, maison avec jardin, matériel de pêche, prime d'émigration, allocations et secours divers. Ce fut l'échec dans les deux tiers des cas pour diverses raisons dont la concurrence des Italiens et de nouveau le recrutement défectueux : on vit les pêcheurs devenir maraîcher ou garde-champêtre quand ils ne vendirent pas à des naturalisés ou à des estivants algérois.

Pratiquement la colonisation officielle se termine en 1928, avec la création du dernier village, Gaston Doumergue, dans la région d'Aïn Temouchent. Au total, en y comprenant les quelques éléments militaires et religieux dont nous faisons état plus loin, le bilan officiel, à la fin de 1929, s'établissait ainsi pour le nombre de « villages ou groupes de fermes créés ou agrandis »:

Période

 Nombre   de villages 

 de   1830 à 1850 

150

de   1851 à 1860

91

de   1861 à 1870

23

de   1871 à 1880

205

de   1881 à 1890

89

de   1891 à 1900

80

de   1901 à 1920

217

de   1921 à 1929

71

 

soit en tout 928 groupes d'habitations constituant notamment quelque 700 véritables villages, avec 45000 paysans chefs de famille, l'assise de la population rurale européenne, à l'origine essentiellement française.

c) Le " compelle intrare " : pression et contrainte

A côté de la séduction, le "Forcez-les d'entrer" de l'Évangile fut employé lorsqu'il s'agit des militaires et des déportés politiques.

Militaires, certains le furent malgré eux, tels ces " volontaires parisiens" de 1830 dont plusieurs avaient pris part à la Révolution de Juillet et que le gouvernement voulut exiler, sans le dire, en les dirigeant vers l'Afrique. On leur fit des promesses qui ne furent pas tenues et ils devinrent les soldats du 67° de Ligne avant de rester parfois en Algérie comme " ouvriers d'art ".

Tout le monde connaît l'expérience de Bugeaud. Après avoir utilisé la troupe à effectuer les travaux préparant la colonisation, il pensa que les soldats seraient les meilleurs colons et ce furent en 1841-1842, fondées sur le travail en commun, les expériences malheureuses d'Ain Fouka, Beni Mered et Mahelma, dont la seule conséquence démographique fut de conduire en Algérie quelques femmes de Toulon " mariées au tambour". Cependant, la colonisation d'origine militaire ne s'est pas limitée à ces villages. Dans divers centres les soldats libérés ont obtenu un grand nombre de concessions et parfois même la totalité comme à Pélissier, fondé en 1846 à l'est de Mostaganem sans autre nom que " les Libérés ", ou à Saint- André, à l'ouest de Mascara.

Le cas des déportés politiques appelés aussi " transportés " est particulier. Il y eut trois déportations : celle qui suivit les journées de juin 1848 et qui eu lieu en réalité en 1851, celle des victimes du coup d'État du 2 décembre 1851 et celle qui s'attaqua aux opposants après l'attentat d'Orsini en 1858. Le sort de ces déportés fut variable et ils effectuèrent des travaux divers mais quelle fut leur importance sur le peuplement ? Elle a été très exagérée : on a dénombré 6.258 individus mais, après le décret de grâce du 23 septembre 1859, la plupart rentrèrent en France. Si l'on déduit du total les 472 décédés et les 42 évadés, 195 seulement sont restés à coup sûr en Algérie, ce qui est peu pour une population européenne atteignant alors 200.000 habitants. Toutefois, ouvriers politisés et intellectuels, ils jouèrent, comme journalistes notamment, un rôle important dans la formation d'une opinion hostile à l'Empire.

d) Doctrines et religion

L'Algérie ne fut jamais une terre où les théoriciens vinrent avec leurs disciples se livrer à de grandes expériences économiques et sociales. Les Saint-Simoniens jouèrent un rôle notable dans la politique algérienne et dans la mise en valeur du pays mais ils ne furent à l'origine d'aucune entreprise de peuplement : même si Enfantin s'enthousiasma un moment à l'idée d'un magistrat d'« envoyer en Algérie les bagnards, les mendiants, les vagabonds et les enfants trouvés qu'on organiserait en colonies agricoles », aucune réalisation ne suivit. Le bibliothécaire d'Alger, Adrien Berbrugger, songea à fonder un phalanstère à Sidi-Ferruch, mais le seul essai notable des Fouriéristes, et notamment de l'économiste Jules Duval, fut la
création, en 1846, de l'Union agricole du Sig qui, disposant de 3.000 hectares, voulut être une « colonie sociétaire », mais ne devint jamais un véritable phalanstère, bien qu'on l'appelât ainsi dans la région, et dont le but, l'établissement de 300 familles, ne fut jamais atteint ni même approché. On pourrait aussi évoquer les projets de catholiques sociaux songeant aux miséreux et aux inadaptés qui auraient pu se régénérer au soleil d'Afrique en contribuant à apporter une solution au problème aigu de la main-d’œuvre.

Peut-on parler d'une colonisation religieuse ? Outre ses multiples expériences, Bugeaud « voulut encore essayer de la colonisation par la main des moines » et ce fut en 1843 l'établissement des Trappistes à Staoueli sur une concession de 1.020 hectares. Ce sont des religieux qui crurent possible de faire venir en Algérie, sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire, une partie des 100.000 enfants trouvés dénombrés en France, mais les orphelinats créés à Ben Aknoun (près
d'Alger), Medjez- Ahmar (0. de Guelma), Misserghin (0. d Oran) et Delly-Ibrahim (celui-ci à l'0. d'Alger réservé aux protestants) recueillirent surtout des orphelins d'Algérie et, en totalisant ceux qui furent transportés de France, on ne trouve que 330 enfants. C'est aussi une colonisation d'inspiration religieuse que celle des « Alpins » de Freissinières (au N-O. de Gap) qui, à l'initiative et avec l'aide du Comité protestant de Lyon, allèrent, en 1881, fonder le centre de Trois-Marabouts, près d Aïn Témouchent, soutenus très activement par un pasteur. De même la Société Coligny, société protestante de colonisation fondée en 1890, aida jusqu'en 1902 de nombreuses familles à s'établir dans divers centres d'Oranie : Guiard (0. d'Aïn Témouchent), Turenne (0. de Tlemcen), Hammam-bau-Hadjar (E. d'Aïn Témouchent), Ténézéra (Chanzy, au S. de Sidi Bel Abbés).

Au total, pour toute la colonisation de motivation idéologique ou religieuse sans doute moins d'un millier d'individus sur les 136.314 Français nés en métropole que permet de dénombrer le recensement de 1896, compte non tenu des territoires annexés par l' Allemagne.

2. - Les régions d'origine

Avec les nombres donnés par V. Demontès pour 1896, on peut établir la carte ci-contre: 
Trois régions doivent être mises à part : les territoires annexés non mentionnés et dont les trois départements (Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin) ont fourni quelque 5.000 émigrants pour les seules années 1871 et 1872 ; le département de la Seine (6.370 individus) dont nombre d'émigrants venaient en réalité de la province ; et la Corse qui détient le record avec 7.303 individus, soit 2,5 p. 100 de la population de l'île et 5,39 p. 100 de la population totale d'origine française en Algérie.

Sans être aussi précis pour les autres départements, on voit que ce sont les régions méridionales qui ont fourni les gros contingents, ce qui s'explique par la proximité, la similitude des conditions géographiques et, plus encore, les crises économiques et avant tout celle de la viticulture. Les départements pauvres du Centre et la Franche-Comté (celle-ci grâce à des initiatives individuelles) donnèrent naissance également à une émigration notable. On notera aussi qu'aucun département n'est resté étranger à la colonisation de l'Algérie, qui fut réellement une œuvre nationale.

Pour concrétiser celle-ci, on pensa même à une colonisation départementale, chaque département se chargeant de la création d'un village. Certains, comme Jules Duval, prédisaient un bel avenir à ce projet et on envisageait l’organisation de convois semblables à ceux de 1848 pour les colonies agricoles. En fait, un seul véritable essai fut tenté, à partir de 1853, surtout, avec des Francs-Comtois à Aïn Benian, qui devint Vesoul-Benian, près de Miliana. Sans pratiquer la véritable colonisation départementale, on s'efforça cependant de grouper dans chaque centre des gens de la même région : Chéragas est peuplé de paysans du Var (1843) ; Sidi Mérouane 0. N: O. de Constantine) de Corses de Cargèse (1872); Montgolfier (S. de Relizane) et Taine (dans le Sersou) recevrons des Savoyards (1905-1906) et on pourrait citer d'autres exemples. Le plus souvent, il est vrai, le centre reçoit des concessionnaires issus de terroirs différents, mais tous français depuis 1871.

II. - L'EUROPE

Durant les premières décennies de l'occupation de l'Algérie la question de la main d'œuvre se posa avec acuité, les habitants du pays étant souvent peu disposés à s'engager et leur travail guère apprécié. A l'initiative d'Ausone de Chancel, fonctionnaire algérien et poète. Bénéficiant de nombreux appuis, de 1856 à 1858 il est question de faire venir des Noirs d'Afrique pour pratiquer la culture du coton mais la proposition fut repoussée en même temps que d'autres sur l'immigration
des Indiens et des coolies chinois car certains y virent un retour aux procédés de la traite des esclaves tandis ne d'autres parlaient d'une émigration « inerte et brute » par rapport à l'« émigration intelligente et active » venant d'Europe. Les projets les plus poussés concernèrent les Maronites du Liban et de Syrie, dont certains avaient sollicité leur venue en Algérie dès 1845, mais malgré de nombreuses interventions en leur faveur, surtout après les massacres de 1860, aucune réalisation ne suivit parce que leur émigration soulevait des difficultés avec le gouvernement de la Porte et aussi à cause de leur qualité d'« Arabes chrétiens » dont l'installation pouvait présenter des inconvénients au milieu de populations musulmanes. C'est donc vers l'Europe exclusivement qu'on se tourna pour recruter des populations nouvelles.

Alger « colonie européenne » cette formule des « colonistes » de la première heure fut rapidement adoptée et Clauzel comme la Commission d'Afrique, Thiers comme Enfantin rêvèrent d'une colonie à la manière de celle que l'émigration avait créée en Amérique. Il faudra la loi du 24 juin 1871 pour que l'octroi d'une concession soit conditionné par la qualité de « Français d'origine européenne» qui écartait à la fois étrangers et autochtones. Jusque-là les premiers, affluant spontanément avaient pu. dans certains cas, bénéficier, sous des formes diverses, des avantages de la colonisation officielle.

1. - Les concessionnaires

Si l'on excepte quelques rares concessionnaires de fermes de faible ou moyenne étendue, les étrangers interviennent soit comme détenteurs de très grandes concessions, soit comme colons implantés dans plusieurs villages au même titre que les Français.

a) Les grandes concessions

A titre individuel c'est sans doute un Polonais qui obtint la plus belle concession jamais octroyée en Algérie. Teofil Mirski, chevalier d'industrie connu sous le nom de prince Sviatopolk Pist de Mir, se fit attribuer en 1835, à l'est d'Alger. autour du Fort-de-l'Eau. un immense domaine dit de La Rassauta englobant cinq fermes et totalisant 4.300 hectares. Il parlait de faire venir 1.500 cultivateurs polonais : on y vit, en 1836. « 300 Européens de toutes nations » et, dès 1838, c'était la banqueroute. En 1844 1a concession passait au comte espagnol Manuel de Azzonis Antes Melgazz Del Valle dont le grand nom ne suffisait pas à assurer le succès de l'entreprise qui devait comporter notamment la construction d un village peuplé d'un tiers de Français et, en 1846, un arrêté révoquait la concession, appartiendra, à partir de 1849, à de modestes agriculteurs mahonnais de faire des terres entourant le village de Fort-de-l'Eau un modèle de culture maraîchère.

Alors que cette petite colonisation étrangère faisait la preuve de son efficacité, le Second Empire croyait trouver la solution à la mise en valeur l'Algérie dans l'action de grandes sociétés disposant d'importants capitaux La première créée, à la demande de deux Suisses, fut la « Compagnie genevoise », qui obtint 2.000 hectares dans la région de Sétif avec, en particulier, l'obligation de fonder 10 villages de 50 feux. Elle s'adressa d'abord à l'immigration suisse et allemande avec comme représentant à ses début Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge en 1863 et premier prix Nobel de la paix, qui, de
1853 à 1868, s'occupa de colonisation en Algérie. La compagnie remplit en partie ses engagements et, en 1870, on comptait 428 Européens sur ses terres.

b) Dans les villages

Il est remarquable que les deux premiers centres créés en Algérie furent pour des étrangers. Quelque 500 émigrés allemands et suisses qui devaient s'embarquer au Havre pour l'Amérique, dans le courant de 1831 ayant changé de résolution se dirigèrent sur Alger où une centaine d'entre eux moururent de misère. Poussée par la nécessité et un certain désir de publicité, l'Administration, en 1832, créa pour les autres, auvoisinage d'Alger, le centre de Dély Ibrahim qui reçut 50 familles et celui de Kouba qui en reçut 23.

De 1840 à 1869 de nombreux projets virent le jour pour peupler villages ou des hameaux d'éléments étrangers, mais tous n'aboutirent pas. Victor Demontès dénombre 21 créations mais trois au moins n'ont jamais reçu un commencement d'exécution et, dans certains cas, par suite mauvais choix des colons l'échec fut immédiat : des 130 Irlandais qui débarquèrent à Bône en 1869 (Mac-Mahon était alors gouverneur général) quelques-uns restèrent comme journaliers. la plupart demandèrent 1eur rapatriement, trois familles seulement s'établirent à Aîn Amara et aucune ne voulut aller à Clauzel, un hameau et un centre à l'Est de Constantine mentionnés comme de peuplement irlandais. Il en avait été différemment
ailleurs, à La Stidia, par exemple. à l'ouest de Mostaganem. où des Prussiens devenus colons algériens avaient créé le village en 1846. Au total, on peut estimer qu'une quinzaine de centres, d'importance diverse, reçurent des concessionnaires étrangers : Prussiens rhénans, Badois, Suisses. Irlandais, Tyroliens, Napolitains, Espagnols avec parfois un jumelage curieux comme celui des Allemands et des Espagnols à Sidi Khaled, en 1863, au sud de Sidi Bel Abbés.

2. - L'afflux spontané

Il a fourni l'immense majorité des immigrants étrangers dans les villes comme dans les campagnes. A cause de la proximité géographique et de l'importance de leur population, l'Espagne et l'Italie sont à l'origine d'une Importante émigration qui s'est poursuivie même sous le Second Empire lorsque celle des Français se ralentissait considérablement car si ces derniers étaient moins attirés à cause des concessions devenues rares, Espagnols et Italiens restaient indispensables dans
l'agriculture et pour les grands travaux.

a) Les Espagnols

Leur présence en Algérie est antérieure à l'occupation française. Tous, en effet, ne quittèrent pas le pays après l'abandon officiel d'Oran en 1791 et des artisans notamment y demeurèrent à la demande du bey de Mascara ainsi que quelques commerçants, environ 200 personnes. A partir de juillet 1830, les Espagnols affluent rapidement surtout vers Alger
d'abord et par la suite vers Oran. En 1845, pour 46.335 Français on compte en Algérie 25.335 Espagnols dont les deux tiers dans le département d'Alger. Le mouvement s'accélèrera en se tournant de plus en plus vers l'Oranie et, au début du XX° siècle, l'écart entre les entrées et les sorties sera de 4.000 à 5.000 individus par an. Chassés le plus souvent par la misère, parfois par les troubles politiques, ils viennent surtout du Levant (Alicante, Valence, Murcie), des Baléares ou de provinces intérieures très pauvres comme celle d'Albacete.

Sans eux la mise en valeur de l'Oranie eut été très difficile sinon impossible mais, à la fin du XIX° siècle on pouvait craindre que celle-ci ne devint une province espagnole si on en juge par la situation démographique des 20 principaux centres en 1887 :

 Centres

 Espagnols

 Français

Oran
  Sidi-Bel-Abbès
  Saint-Denis-du-Sig 
  Mascara
  Mostaganem 
  Tlemcen
  Arzew
  Relizane
  Perrégaux
  Saîda
  Saint-Cloud 
  Aîn-Temouchent
  Mers-ElKébir
  Beni-Saf 
  Misserghin 
  Bou-Sfer
  Aîn-El-Hadjar
  Sainte-Barbe-du-Tlélat 
  Bou-Tlelis 
  Saint-Leu

31.121
  10.291
  5.710
  2.249
  1.730
  1.199
  2.130
  1.952
  1.811
  1.321
  1.348
  1.538
  1.837
  1.818
  1.401
  1.527
  1.222
  744
  667
  669

14.931
  3.682
  1.441
  3.094
  3.077
  3.446
  1.236
  1.004
  937
  1.323
  1.116
  850
  407
  417
  715
  335
  371
  468
  526
  449

Soit au total une population de 72.285 Espagnols pour 39.825 Français, ces derniers ne l'emportant que dans quatre agglomérations.

b) Les Italiens

C'est dans l'Est évidemment qu'ils sont le plus nombreux. Alors que la Sicile fournit les gros contingents en Tunisie, c'est de la Campanie et de la Calabre que proviennent d'abord en Algérie les immigrants.

Suivent, d'après les statistiques dont on dispose et qui sont fort incomplètes, la Toscane, l'Emilie, le Piémont, la Sicile, la Lombardie, la Vénétie. Les autres régions, dont la Sardaigne, comptent peu. La colonie italienne atteindra son maximum en 1886 avec 44.133 individus, soit moins du tiers de la colonie espagnole à ce moment (142.493).

Si la décroissance de la colonie italienne précède celle de la colonie espagnole, c'est sans doute à cause de la loi du 1er mars 1888 réservant aux bateaux français la pêche dans les eaux territoriales et qui quadrupla pendant trois ans le nombre de naturalisations individuelles. Mais à côté de la pêche les Italiens jouaient un rôle essentiel dans les travaux publics et avaient une place importante comme ouvriers agricoles et maraîchers concurrençant même parfois les Espagnols dans la région algéroise.

c) Les groupes minoritaires

Comptant 15.333 individus en 1886 (le sommet de leur courbe démographique), les Maltais constituent le troisième groupe étranger en Algérie. Etablis sur la côte orientale de l'Algérie avec une colonie particulièrement importante à Bône, ils furent d'abord les bateliers indispensables dans les ports primitifs de l'Algérie avant d'exercer dans le pays toutes sortes de petits commerces. Ils forment vraiment la quatrième composante européenne de la communauté pied-noir et ont longtemps conservé une incontestable personnalité.

Les Allemands étaient rapidement arrivés en nombre : 827 débarquent en 1843 et 708 sollicitent des concessions en 1844. Ils ont leur part dans la colonisation officielle et on trouve des groupes de colons allemands à Kouba et à Dély-Ibrahim (Alger), La Stidia et Sainte-Léonie (Oran), Guelma (Constantine). Mais beaucoup étaient disséminés et ils ne formaient pas une véritable colonie comme les Espagnols, les Italiens et les Maltais. Il semble que leur nombre maximum ait été de 5.759 en 1857 car ils se naturalisaient facilement (2.035 de 1861 à 1883 contre seulement 1.589 Italiens et 1.200 Espagnols cependant beaucoup plus nombreux).

Avec les Allemands et aussi les Belges (1.300 en 1896), les Suisses étaient considérés comme « une population coloniale » qu'il y avait intérêt à attirer et en 1845 le père Enfantin les voyait créant en Algérie « une nouvelle Suisse, une Allemagne, une Belgique africaines ». Cette bonne réputation explique en partie l'accueil favorable qui fut fait aux fondateurs de la Compagnie genevoise et à des Valaisans qu'on essaya d'installer sans succès dans la région de Koléa. Les Suisses étaient 1942 en 1857, 3.000 en 1896.

Sans compter la Légion étrangère où ils furent rapidement nombreux, les Polonais, dans les premières décennies, paraissaient devoir jouer un rôle non négligeable : on en compte 450 entre 1832 et 1836 ; en 1849 l'Autriche ayant décidé d'expédier en Amérique 202 immigrés polonais, ceux-ci s'emparèrent du bateau et relâchèrent à Marseille d'où ils
furent expédiés à Alger. Cependant, en 1857 on n'en dénombre plus que 225.

Plusieurs autres nationalités sont intervenues dans le peuplement européen de l'Algérie : Portugais, Grecs, Hollandais, Anglais, Irlandais..., mais en faible nombre. et en 1886, avant la loi de naturalisation automatique, ces groupes secondaires totalisent 7.559 individus sur 436.457 étrangers et 43.182 Israélites qui constituent eux la composante algérienne.

III. - L'ALGERIE

Si la grande majorité des immigrants partit de France et des pays de l'Europe méditerranéenne pour former un peuple de caractère essentiellement latin, c'est l'Algérie qui donna à la communauté pied-noir ses éléments les plus anciennement installés sur le sol de la Régence avec une composante majeure, les Juifs, et une autre, très mineure, d'origine musulmane.

1. - Les Juifs

L'origine des Juifs d'Algérie est complexe. Les premiers Hébreux vinrent sans doute, mêlés aux Phéniciens, peut-être un millénaire avant J.-C. Mais ce sont les persécutions en Orient, avant et durant l'époque romaine, qui déterminèrent les principales migrations vers l'Afrique du Nord où de nombreuses tribus berbères furent judaïsées et apparaissent dans l'histoire au Ve siècle suivant Maurice Eisenbeth, grand rabbin d'Alger. Malgré l'islamisation certaines de ces tribus se maintinrent jusqu'après l'arrivée des Français, quelques-unes nomades constituant les « Bahoutzim » (ceux du dehors) appelées encore « Yehoud el-Arab » (les Juifs des Arabes). A cette masse essentielle de Judéo-Berbères s'étaient ajoutés, surtout dans les villes, à partir de la fin du XIII° siècle, les Juifs chassés d'Espagne et ensuite, à la fin du XVII° siècle et au début du XVIII°, les Juifs livournais qui constituaient une aristocratie commerçante. Leur nombre total, très sous-estimé dans
les statistiques, devait s'élever à quelque 40.000 individus, soumis au statut de dhimmi, citoyen diminué, ce qui explique leur accueil très favorable fait aux Français.

Une évolution commença tendant à assimiler le judaïsme algérien au judaïsme français. Cependant, malgré les possibilités offertes par le sénatus-consulte du 14 juillet 1865, les naturalisations individuelles furent peu nombreuses. Il faut attendre 'le décret du 24 octobre 1870, pris à l'initiative d'Adolphe Crémieux, pour que soient incorporés en bloc à la population française environ 34.000 Israélites. Acte révolutionnaire qui, du jour au lendemain, transférait cette population d'une communauté à une autre. Grâce à leurs remarquables facultés d'assimilation les Juifs s'intégraient rapidement dans la civilisation occidentale, toujours de plus en plus proches de la population européenne même s'ils continuaient à former un groupe particulier, nettement différencié. Lors de la guerre d'Algérie, ils refuseront de répondre à l'appel du F.L.N. : très peu restèrent en Algérie, quelques-uns gagnèrent l'Espagne, Israël en accueillit environ 15.000 et quelque 125.000 devinrent comme les autres Pieds-Noirs, des « rapatriés ».

2. - Une composante d'origine musulmane

Si la naturalisation et l'évangélisation pouvaient apparaître comme les moyens d'une fusion entre la communauté indigène et la communauté européenne, il est certain que la France n'a jamais pratiqué systématiquement ni l'une ni l'autre.


Le nombre total des naturalisés ne dépasse pas 10.000 chez les musulmans et l'acquisition de la citoyenneté française n'implique pas ipso facto l'adhésion à la communauté européenne d'Algérie, les liens affectifs et religieux restant très forts avec la communauté d'origine.

La christianisation traduit une adhésion plus poussée et qui peut être totale comme dans le cas de certains Kabyles devenus catholiques ou protestants. L'exemple le plus démonstratif, mais unique, est celui des descendants des colons de Saint-Cyprien et Saint-Monique, complètement incorporés dans la communauté européenne et dont les parents, jeunes
Arabes évangélisés par Mgr Lavigerie, avaient été établis dans ces deux villages de la vallée du Chélif. On pourrait citer quelques cas exceptionnels où c'est la franc-maçonnerie qui a détaché un musulman de son milieu pour le faire adhérer à la société européenne par l'intermédiaire des idées laïques.

Pour être toujours rares, les mariages mixtes ne sont plus, après 1930, « une curiosité romanesque ». Dans les années précédant l'insurrection on en célébrait environ 75 chaque année en Algérie dont près des deux tiers entre Algériens musulmans et Françaises. Mais c'est surtout lorsque le père était français, le cas le moins fréquent, que s'effectuait l'incorporation à la communauté européenne. Dans celle-ci, combien d'individus peuvent donc se prévaloir, en
exceptant évidemment les Juifs, d'une ascendance berbère ou arabe ? Tous apports réunis, ce nombre ne doit pas dépasser de beaucoup le millier. Une note originale dans la formation d'une communauté dont
nous ne ferons qu'esquisser l'histoire en conclusion.

CONCLUSION

La formation de la communauté

C'est une pièce en trois actes dont le déroulement ne répond à aucun scénario classique car les épisodes les plus tragiques se situent au début et à la fin.

Il n'apparut pas certain tout d'abord qu'une population européenne pût s'implanter et croître en Algérie. Les premières décennies de la colonisation semblaient même démontrer le contraire : alors que le taux de mortalité était, en France, de 22 à 24 p. 1000, en Algérie jusqu'en 1856 il oscillait entre 39 et 93 p. 1000 et, en 1849. on avait compté 10.493 décès pour 5.206 naissances ; seule l'année 1854 enregistrait un excédent de naissances sur les décès. La situation s'améliore à partir
de 1856 mais encore en 1868 le nombre de décès l'emporte sur celui des naissances. Si, durant ces années, sauf de 1847 à 1849, la population européenne avait continué à augmenter, cela s'expliquait uniquement par l'immigration.

L'arbre planté, rien n'assurait que ses fruits seraient français. Vint alors la phase de la francisation juridique avec le décret Crémieux déjà signalé et la loi du 26 juin 1889 dite parfois de naturalisation automatique qui stipulait que tout enfant né en France ou en Algérie d'un étranger né lui-même en France ou en Algérie est français à la naissance ; et qui l'enfant né en France ou en Algérie de parents nés à l'étranger devient français avec faculté de réclamer la qualité d'étranger dans l'année qui suit sa majorité. L'effet de ces deux actes majeurs de 1870 et 1889 se traduit dans les nombres officiels du tableau suivant où la sous-estimation numérique des Juifs dans les premières décennies ne modifie pas le sens général de l'évolution :

Années

Proportion   pour 1.000 des Français et des étrangers dans la population non musulmane

Total   de la population non musulmane

Français

Israélites

Etrangers

1833

140

685

175

24.812

1841

301

325

374

55.374

1851

434

138

428

152.283

1861

508

127

365

220.843

1866

485

135

380

251.942

 

Années

 Français

 Etrangers

 Total   de la population non musulmane

1872

587

413

279.691

1881

560

440

412.435

1891

594

406

530.924

1901

656

344

633.850

1911

749

251

752.043

 1921

 761

 239

 791.370

1931

832

168

881.584

1936

866

134

946.013

1948

951

49

922.272

1954

949

51

984.031

 

 Années

Proportion   pour 1.000 des Français 
  et des étrangers dans la population
  non musulmane

                 
   

 Français

   
   

 Israélites

   
   

Etrangers 

   

 Total   de la population non musulmane

 

1833
  1841
  1851
  1861
  1866

140
  301
  434
  508
  485

685
  325
  138
  127
  135 

175
  374
  428
  365
  380

 24.812
  55.374
  152.283
  220.843
  251.942

 

1872
  1881
  1891
  1901
  1911
  1921
  1931
  1936
  1948
  1954

587
  560
  594
  656
  749
  761
  832
  866
  951
  949

413
  440
  406
  344
  251
  239
  168
  134
  49
  51

279.691
  412.435
  530.924
  633.850
  752.043
  791.370
  881.584
  946.013
  922.272
  984.031

Restait à donner à ce nouveau « peuple algérien » un esprit commun ou si l'on préfère, l'âme d'une petite patrie, ce qui n'existait certainement pas à la fin du XIX° siècle ni même au début du XX° comme le montrent d'une part les troubles antijuifs et, d'autre part, les craintes exprimées quant à l'assimilation des « néo-Français » alors qu'on estimait que les trois cinquièmes de la population européenne étaient, en fait, de sang étranger; à la tribune de la Chambre, le président du Conseil. Charles Dupuy, clamait son inquiétude ; des libéraux comme le juriste Emile Larcher disaient qu'« il faut avant tout mettre fin à l'application en Algérie de la loi de 1889 » ; l'historien Edouard Col évoquait le déclin de l'Empire romain « lorsque le titre de citoyen fut prodigué aux étrangers » et V. Demontès, toujours à propos de cette loi, terminait son gros livre, en 1906, par cette phrase : « Qu'on avise donc au plus tôt demain il sera trop tard.»

Une fois de plus les faits démentirent les prophéties en se cristallisant le mélange bouillonnant se montra beaucoup plus homogène qu'on avait pu le croire et d'une contexture incontestablement française. En faveur de la fusion jouèrent : l'emprise de l'environnement français avec l'école, le service militaire et la prépondérance économique ; les mariages mixtes favorisés par le fait qu'à la fin du siècle la colonie espagnole est la seule à être composée de plus de femmes que d'hommes ; le fait que l'immigration étant devenue très faible, le groupe était presque fermé. recevant seulement chaque année quelque 5.000 nouveaux arrivants ; enfin, , les années tragiques comme celles des deux guerres mondiales et plus encore, sans doute, celles qui marquèrent la fin de l'Algérie française.

On peut même dire qu'au-delà des frontières des situations analogues avaient engendré des réactions communes et que, débordant à l'Est et à l'Ouest, la communauté pied-noir était devenue nord-africaine, englobant en Tunisie et au Maroc les groupes d'origine semblable. Ainsi au lendemain de la décolonisation, c'est près de 1.500.000 individus qu'elle comptait sur le sol métropolitain, ajoutant à la diversité ethnique de la France qui a su faire sa substance de vingt peuples divers. Communauté qui n'a plus d'assise territoriale et essaie cependant de conserver son originalité. Dans quelle mesure y parviendra-t-elle 7 L'avenir le dira. Dans tous les cas, loin de rejeter la patrie française, la communauté pied-noir ne veut qu'apparaître comme un de ses éléments constitutifs et à coup sûr non le moins efficace.

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

L. de Baudicour. La colonisation de l'Algérie. Ses éléments, Paris, 1856, 590 p. 
H. de Peyerimhoff, Enquête sur les résultats de la colonisation officielle de 1871 à 1895, Alger, 1906, 2 vol., 243 et 601 p. V. Demontès, Le peuple algérien, Alger, 1906. 624 p. 
J. Breil (sous la direction de), Résultats statistiques du dénombrement de la population le 31 octobre 1948, le 31 octobre 1954 (en Algérie). 
J.-B. Vilar, Emigracion espanola a Argelia (1830-19-00), Madrid. 1975, 537 p. 
J. Rublo, La emigracion espanola a Francia Barcelone, 1974 , 402 p. G.
Loth, Le peuplement italien en Tunisie et en Algérie, Paris, 1905, 495p. 
A. Chouraqui, La saga des Juifs en Afrique du Nord, Paris, 1972., 395 p., 
H. Chem(>uilli, Une diaspora méconnue : les Juifs d'Algérie, Paris, 1976, 327 p. 
H. Marchand, Les mariages franco-musulmans, Alger, 1954, 232 p.

Xavier YACONO.

Pour celles et ceux qui veulent aller + loin  

RETOUR QUI ETIONS-NOUS?

19 juillet 2017

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Par Monsieur Lionel VIVES-DIAZ

LOMBEZ, le 16 juillet 2017

A Monsieur le Président de la République

Palais de l’Élysée

55 rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 Paris

 

Monsieur le Président de la République,

            Ce jour, 16 juillet 2017, vous participiez aux commémorations du 75ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Nécessaire travail de mémoire afin d’éviter les balbutiements de l’Histoire.

            Le 10 juin dernier, vous étiez présent à Oradour-sur-Glane pour le 73ème anniversaire de cette épouvantable tuerie. Là encore, indispensable rappel de ce que peut être la barbarie humaine.

            Et pourtant, entre ces deux dates tragiques, un autre dramatique anniversaire a été passé sous silence, celui de l’effroyable boucherie du 5 juillet 1962 à Oran où des centaines, sans doute même des milliers, de Français d’Algérie ont été sauvagement massacrés sans que l’armée française, pourtant en nombre dans la ville, ne s’interpose, sur ordre du sommet de l’État.

            Nulle commémoration officielle, nul hommage de la Nation à ces innombrables innocentes victimes civiles.

            Qu’avaient donc fait ces pauvres gens pour être ainsi oubliés, niés, effacés de la mémoire collective ? Être Français sur une terre qui, elle, n’était plus française depuis deux jours ? Être la tache sanglante sur un État qui avait refusé de les protéger et de les sauver ? Être des « criminels de guerre » comme vous l’avez suggéré dans votre déclaration à Alger le 13 février dernier ?

            Monsieur le Président de la République, à Oran, mon grand-père paternel était ouvrier typographe, mon grand-père maternel était inspecteur de police. Ma grand-mère paternelle tenait une minuscule épicerie et ma grand-mère maternelle était serveuse au mess des officiers de la base aérienne de La Sénia.

            Les miens s’étaient installés en Algérie, arrivant d’Alsace en 1870 pour rester Français, ou fuyant l’Espagne et l’Italie pour échapper à la misère et ne pas voir leurs enfants mourir de faim. Un siècle plus tard, en 1962, l’État français n’a pas tenu la promesse qu’il leur avait faite, promesse réitérée, et tout aussi vite oubliée, par un certain général De Gaulle le 4 juin 1958 au Forum d’Alger.

            Monsieur le Président de la République, les miens n’étaient pas des « salauds » ni des citoyens de second ordre qu’on pouvait ainsi noyer dans le mouvement de décolonisation des années 1950/60.

            J’ai 52 ans… j’ai toujours vu mes proches souffrir, en silence, tout autant des drames vécus que d’avoir été voués aux gémonies par une opinion publique et un gouvernement qui ne voulaient pas d’eux. Non qu’ils aient fait quelque chose de mal mais parce qu’ils sont le remord vivant d’une ancienne puissance coloniale, les boucs émissaires de la présence française, devenue indésirable, en Algérie. Et pourtant… les miens ont participé au débarquement de Provence en août 1944… ils y ont été accueillis en libérateurs. Dix-huit ans plus tard, sur les mêmes plages, ils ont été reçus aux cris de « Les Pieds-Noirs à la mer »…

            Monsieur le Président de la République, pour en revenir au 5 juillet 1962 à Oran, pouvez-vous imaginer ce que représentent, pour les familles de disparus, 55 ans d’attente, sans savoir ce qu’est devenu un proche, une mère, un frère, une grand-mère, un père, un enfant… ?

            La France, dont vous présidez actuellement aux destinées, sortirait grandie si elle acceptait de faire la lumière sur cette tragédie. Et je parle de vies humaines, d’êtres de chair et de sang qui aimaient, qui rêvaient, qui vivaient, non de chiffres ou de statistiques froides.

            Monsieur le Président de la République, pour plagier Martin Gray, je vous demande « au nom de tous les miens » de faire diligenter une enquête sur les événements du 5 juillet 1962 à Oran afin que tous ces morts, tous ces disparus, martyrisés pour avoir cru en la parole de la France, ne restent pas éternellement des fantômes bafoués de l’Histoire.

            Vous seul avez ce pouvoir. Permettez à tous les rescapés de l’horreur que sont les Français d’Algérie de partir l’esprit en paix. Ils n’ont que trop souffert.

            Car il faudra bien, les faits sont têtus, que ces événements sortent à la lumière. Émile Zola écrivait : « Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. »

            Je sais donc que la chape de plomb sous laquelle est enfouie la tragédie du 5 juillet 1962 à Oran volera un jour en éclats. Mais sans doute trop tard pour que les derniers survivants en soient témoins. N’est-il pas aussi de votre responsabilité de leur offrir le réconfort de cette reconnaissance dès à présent, en toute sérénité, sans acrimonie et sans haine ?

            Veuillez considérer ce courrier comme la bouteille à la mer d’un « gosse de Pieds-Noirs » qui ne supporte plus, au quotidien, de voir la souffrance des siens.

           Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes douloureuses salutations.

Lionel VIVES-DIAZ @ Lvtlse31@aol.com

Retour listes de tous les dossiers 5 juillet 1962 

14 juillet 2017

EXODUS - IL Y A 70 ANS

Une délégation du Gouvernement Provisoire Pied-Noir en exil s'est joint à ses frères Juifs à l'occasion de la célébration du 70ème anniversaire du départ de l'Exodus pour la terre Promise.

Il y a 70 ans, l'Exodus quittait Sète avec à son bord 4 554 rescapés de la Shoah

Exodus_1947

L’Exodus 1947

Memorial Exodus 1947

A Sète, on commémorait ce dimanche 9 juillet les 70 ans du départ de l'Exodus.

1

            La rencontre avec des témoins directs et indirects de l'époque, organisée en vue de la célébration du 70e anniversaire de l'Exodus, ce bateau parti de Sète avec 4454 juifs à son bord le 11 juillet 1947, aura attiré une foule de journalistes. Preuve qu'il est des pans de l'Histoire qui restent et resteront probablement toujours lancinants.

2

VINCENT ANDORRA

            "Je ne suis qu'un simple participant involontaire. à l'époque, on nous avait juste demandé de travailler au plus simple et au plus rapide, sans nous donner de noms ni de but. Ce n'est que plus tard que nous avons compris", raconte André Aversa, charpentier marin, "survivant parmi les survivants", qui avait participé à l'aménagement du bâtiment de croisière avec des couchettes, le faisant alors passer de quelques centaines de places à plusieurs milliers.

Un départ hâtif

            "C'était juste quatre planches et quatre montants, il y en avait partout, mais les gens y ont quand même dormis à plusieurs", se souvient encore l'homme aujourd'hui âgé de 90 ans. "Je ne sais pas si beaucoup de Sétois ont travaillé sur ce chantier, mais ce dont je me souviens c'est que nous n'avions pas eu le temps de terminer le chantier". Preuve que le bateau avait levé l'encre à la hâte ce 11 juillet 1947.

3

VINCENT ANDORRA

            "On ne pouvait pas dormir dans les fameux lits que monsieur a fait, ils étaient trop étroits et sentaient mauvais", commentera par la suite Yossi Bayor, faisant rire toute l'assistance, après avoir raconté, comment lui, Hongrois né en 1931, avait traversé les affres de la guerre et des camps, perdant sa mère trois jours seulement avant la libération pour finalement arriver en France, à Marseille, en 1947. Conduit ensuite à Sète par camions, en juillet, gonflé d'espoirs d'exil qui s'échoueront aux portes de la terre promise.

            Sur l'Exodus, malgré la promiscuité, "aucune dispute majeure n'a éclaté durant les cinq jours de traversée. Tout le monde était organisé et discipliné", se souvient celui qui était alors âgé de 16 ans à peine. "Nous venions de traverser l'enfer, nous étions prêts à tout pour quitter le vieux continent".

L'horreur dans l'horreur

            Daniel Levy, "encore dans le ventre de ma mère à cette époque" et Izac Rozman, né plus tard en Israël, ont également livré leur version de témoins indirects de cette aventure, racontant comment leurs parents avaient également embarqué sur le bateau. Des témoignages qui se sont rejoints au moment d'évoquer les dernières heures de navigation de l'Exodus, arraisonné par des navires britanniques à 27 km seulement des côtes palestiniennes après une bataille rangée de 3 h qui aura fait trois morts et des centaines de blessés. Des familles toutes entière se défendant à coups de jets de bouteilles, boîtes de conserves, pommes de terre et autres projectiles.

4

Ils sont les derniers témoins du début de l'exode sioniste.

VINCENT ANDORRA

            À ce moment-là, "la véritable horreur pour eux n'aura pas été d'échouer si près du but, ni même d'être refoulés vers la France (Port-de-Bouc), alors qu'ils pensaient être envoyés à Chypre. La véritable tragédie fut, après avoir passé plusieurs semaines emprisonnés à quai dans trois bateaux cages à Port-de-Bouc, d'être finalement renvoyés en Allemagne pour être à nouveau internés dans des camps, près de Lübeck", livrera ensuite Michèle Hassoun, assistante-réalisatrice du film Nous étions l'Exodus. Une horreur que certains pourraient croire sans fin si Izac Rozman n'avait pas conclu citant son père, sept petits-enfants et onze arrières petits- enfants à son actif, décédé il y a trois ans. "J'ai fondé un foyer, j'ai gagné !"

Pour consulter le dossier source et les vidéos voir l'article du midi-libre du 9/7/2017

Retour "Tous les articles"

 

14 juillet 2017

HOMMAGE DU 5 JUILLET 2017

Il y a des lieux en France non couvert par des journaux régionaux ainsi dans l'intimité du cimetière saint Augutre de Coulonieix-Chamiers près de Périgueux l'amicale des Pieds Noirs de Dordogne était là aussi pour se recueillir face à la stèle érigée en hommage aux rapatriés d'Algérie.

Juillet 1962 1

Juillet 1962 2

Juillet 1962 3

Guy Regazzacci énonça cet hommage en tant qu'adhérent de l'Amicale des Pieds Noirs de Dordogne. Le président de l’amicale en titre est Georges Bocquel mais Marcel Lopez qui est le co-président actuel le remplacera à la tête de l'amicale l'an prochain.

Chers compatriotes, chers amis.

Nous sommes ici réunis pour commémorer ce jour maudit; le 5 juillet 1962 à Oran.

Nous étions déjà abandonnés à notre sort, lâchés par le pouvoir gaulliste et ses serviles serviteurs. La désinformation avait fait son œuvre et la grande majorité des Français n’accordaient aucune valeur à ces Pieds Noirs qui n’étaient bons qu’à faire tuer de jeunes soldats métropolitains.

Qu’ils aillent au diable et se réadapter ailleurs dixit l’ancien maire de Marseille Gaston Deferre.

Nous savions que le FLN était capable des pires atrocités, cela depuis le début de la fin. Mais nous faisions encore confiance à notre armée. Nous les Pieds Noirs qui avions tant donné à la mère patrie depuis la conquête de l’Algérie. Nous nous sommes battus aux cotés de nos camarades musulmans sur tous les fronts de la Crimée en passant par Verdun, Douaumont puis en Tunisie, Italie et en débarquant en masse en Provence et jusqu’à Strasbourg. Puis ce fut l’Indochine et enfin l’Algérie où cette armée que nous admirions tant a mis à genoux le FLN.

Mais, celui-ci voulait asseoir son pouvoir à tout prix et en ce jour, le 5 juillet 1962, commença la chasse aux blancs, aux européens, hommes, femmes et enfants furent pourchassés, rassemblés et tués dans les conditions abominables qui dépassent l’entendement sans parler des innombrables disparus. Il est préférable de na pas relater leur calvaire tant il est difficile de supporter ces récits.

L’armée Française forte de 12.000 hommes à Oran même et de 6.000 de plus aux environs immédiats avait l’ordre de rester l’arme aux pieds et de n’intervenir sous aucun prétexte. Les demandes des chefs de corps pour demander à l’état-major d’intervenir sont restées vaines. Nous n’avions plus aucune valeur aux yeux du pouvoir, aux yeux d’un général imbu de sa personne et prêt à tout pour lâcher définitivement cette terre qui nous a vus naitre et qui était Française depuis 132 ans.

Le boucher d’Oran, le général Katz, fidèle serviteur, a tenu bon et a interdit toute intervention alors que les accords d’Évian stipulaient que notre armée pouvait et devait porter assistance à ses ressortissants lorsqu’ils étaient en danger.

Ce jour sombre comme celui du 26 mars 1962 à Alger est marqué à jamais dans notre mémoire comme la date du 12 mai pour les Harkis. Ils furent 1500 à être assassinés ou portés disparus.

Mais, seuls les Pieds Noirs, en France connaissent ces tragédies.

Certains et nous les connaissons, comme pour les Harkis veulent minorer ces chiffres comme si cela allait enlever le sang sur les mains de nos dirigeants de l’époque.

A ce sujet, monsieur René Gehrig, consul général de Suisse à Oran présent dans cette ville jusqu’au 10 juillet, qui a échappé à 3 reprises à la mort en ce 5 juillet, déclare entre autre :

"Ils enlevaient ou tuaient sur place, tous les Européens qu'ils rencontraient. Ce jour-là, entre 11 et 15 heures, il y aurait eu, ainsi, plus de 4000 morts ou disparus. Chiffres avancés, ultérieurement, par diverses sources, généralement bien informées".

Ces massacres auraient pu être plus importants sans certaines initiatives individuelles. Un seul officier Français, le lieutenant Rabah Khélif a osé braver les ordres, il est intervenu avec ses hommes, sauvant ainsi des centaines d’Oranais.

Mis aux arrêts et convoqué par le général Katz, celui-ci lui dit : "Si vous n’étiez pas Arabe, je vous casserais"

Le gouverneur général de l’Algérie jusqu’en 1958, Robert Lacoste, déclare : "De gaulle a fini la guerre d’Algérie comme un charcutier".

Il aurait pu dire comme un boucher, cela aurait été plus juste.

Pour comprendre pourquoi cet homme s’est comporté ainsi, il suffit de citer quelque uns de ses propos qui d’ailleurs, pour certains, relèveraient actuellement des tribunaux.

Je cite :

"L’intérêt de la France a cessé de se confondre avec celui des Pieds Noirs..."

"Les Harkis et les Pieds Noirs font partie du boulet dont il faudrait se délester..."

"Qu’est ce que tous ces Fernandez, ces Lopez et autres Segura qui se voudraient Français..."

"Ils vous intéressent, vous, ces Mohamed et se ces Hernandez..."

"Ces Lopez, Fernandez ne feront jamais de bons Français..."

En parlant du général Edmond Jouhaud : "Ce n’est pas un Français comme vous et moi, c’est un Pieds Noirs..."

Cet homme détestait les Pieds Noirs et les Arabes.

Quand verrons-nous un président de la République Française aller se recueillir sur les tombes des martyrs de l’Algérie Française.

Jusqu’à présent, la plupart ont préféré faire allégeance à nos ex ennemis, toujours au pouvoir en Algérie depuis 55 ans, pourquoi ? Je vous laisse juges.

Les Pieds Noirs et les Harkis ne sont-il pas des Français à part entière, à priori non! Notre sang n’a-t-il pas assez coulé pour la patrie?

C’est pour cela qu’il faut continuer à se battre pour que soit reconnu notre abandon ainsi que les drames subis par notre communauté, Pieds Noirs et Harkis confondus.

Merci.

Guy Regazzacci

Retour COMMEMORATIONS DU 5 JUILLET 1962

Publicité
Publicité
10 juillet 2017

ORAN LE 5 JUILLET 1962 PAR GERARD ROSENZWEIG

Pour l'histoire encore et toujours pour l'histoire le massacre censuré

Jeudi 5 juillet 1962, cinq heures du matin.

            Le jour commence à se lever sur Oran. Il devrait faire très chaud. Un souffle de sirocco vient de franchir la barrière des hauts plateaux et se laisse glisser vers la mer. Comme le reste du pays, la ville a voté l’indépendance le dimanche 1er juillet.  Celle-ci est effective depuis le 3. Les festivités populaires sont pour la journée du 5. C’est une rumeur insistante qui l’annonce, de rue en rue, de quartier en quartier. Sur les 200 000 Oranais français d’origine européenne, dont 30 000 de religion juive, sont encore là environ 40 000 personnes, hommes, femmes et enfants mêlés. Peut-être moins. Dans des conditions matérielles inimaginables, les autres ont déjà pris le terrible et définitif chemin de l’exil…

            Quarante mille vivants, mais dont deux-tiers sont pris au piège du manque de moyens de transport. Et pour cause le gouvernement gaulliste n’a pas ajouté la moindre rotation de navire ou d’avion pour répondre à l’immense et prévisible torrent des départs, les pieds-noirs ne sont pas les bienvenus. Mais l’ont-ils jamais été, hors en 1914 -1918  et 1944-1945?

            Les abords de l’aéroport de La Sénia et la zone portuaire sont ainsi devenus des lieux d’entassement, de désordre indescriptible et de désespoir. Le chaos humanitaire s’ajoute au chaos militaire. Paris a choisi de l’ignorer. Restent donc quelques milliers d’Oranais pieds-noirs qui, volontairement, n’ont pas encore quitté leur terre natale. Eux ont choisi d’attendre et voir («Tout va peut-être rapidement s’améliorer… »), par opportunisme personnel, ou craignant pour leur entreprise, leur commerce ou leurs biens.

            Les vieillards isolés aussi, qui n’ont plus la force de partir vers une terre que pour la plupart ils ne connaissent pas. Ou plus volontairement encore pour quelques centaines d’entre eux. Ces derniers sont logiques avec eux-mêmes et le choix politique qui les a conduits à soutenir plus ou moins activement le FLN. Pour eux, bientôt, le mirage d’une carte d’identité algérienne. Ceux que l’on appellera plus tard les « pieds-verts ».  Un pour cent des Français d’Algérie. Officiellement, la guerre est stoppée.

5 juillet 1962.

            Depuis plus de trois mois, et contre toute évidence, la guerre est officiellement terminée. L’armée française qui a stoppé unilatéralement toute action militaire depuis le 19 mars à midi, ne protège plus la population civile européenne. Encore plus qu’avant, les pieds-noirs sont ainsi livrés depuis ce jour de défaite et de deuil, aux innombrables attentats aveugles du FLN  et aux enlèvements qui augmentent en flèche. Désormais seule, face aux tueurs FLN et l’inflexibilité du parjure, l’OAS fondée à la mi-1961. Ses commandos ont poursuivi le combat contre l’inéluctable. A un contre dix. Contre le FLN et les forces françaises devenus désormais alliés contre nature.  Le gigantesque incendie du port pétrolier est le point final de cette guerre dans la guerre. "Collines" et "Autonomes" ont quitté Oran pour l’Espagne dès le 26 juin. L’Organisation Armée Secrète n’est plus, et avec elle son rêve de conserver l’Algérie à la France. Il ne reste plus un seul de ses quelques centaines de jeunes hommes survivants d’une année d’ultra-violences, et durant laquelle comme à Alger ils se sont battus contre le sanglant terrorisme FLN, et l’impitoyable répression d’une armée française dirigée contre un million de civils français désarmés. Ces Français dits « d’Algérie »…

Revue

            De ces commandos oranais,  la moitié d’entre eux est tombée les armes à la main en moins de douze mois. Et majoritairement face aux balles de l’armée française et de la terrible et tortionnaire gendarmerie mobile. Impitoyable et aveugle répression dirigée contre ces petits blancs coupables d’avoir cru  jusqu’au bout au « Vive l’Algérie française » crié devant 100 000 personnes le 4 juin 1958 à Mostaganem à 90 km à l’est d’Oran, et par le Général de Gaulle lui-même. Le Général-parjure. Le chaos a tout dévoré.

            Entre un monde qui vient de mourir et celui qui ne lui a pas encore succédé, vient de s’ouvrir une béance d’apocalypse où le pire et l’impossible deviennent ordinaires. Malgré l’apparence, plus aucune structure officielle ne fonctionne. Bien à l’abri dans ses cantonnements urbains, l’armée française observe et ne bouge plus. Pour la seule ville, 16 000 hommes en armes et leurs officiers, réduits sur ordre au déshonneur.

            Oran-la-Française, Oran-la-Rebelle finit de mourir.

            Sept heures. Le soleil est déjà haut. Santa-Cruz, son fort et sa basilique vont tenter une dernière fois de veiller sur les survivants. La nuit n’a pas été calme malgré les rues désertées. Pas de fusillades, pas d’explosions, et pourtant peu nombreux sont ceux qui ont pu dormir. Les bruits les plus contradictoires se font entendre partout. Une tension de plus en plus palpable a précédé le progressif envahissement des avenues et des boulevards par une foule déchaînée. Même les murs ont peur.

            Cette tension qui monte, peu à peu se fait tintamarre. Tandis que le centre-ville tarde à s’ouvrir au présent, les faubourgs surpeuplés se répandent dans les rues étroites. Direction le centre. Depuis deux jours le bled a investi Oran pour y célébrer l’indépendance et matérialiser la victoire sur la France.

            La ville entre en ébullition. La couronne de quartiers périphériques entre progressivement en ébullition. Ébullition de joies et de triomphe politique, modérée d’incertitudes soigneusement provoquées et entretenues par des meneurs du FLN.

            Comme l’annonce l’une de leurs banderoles : « L’indépendance n’est qu’une étape »… Mais pour qui œuvrent-ils ? Pour le clan Ben Bella ou celui du seul Boumediene et son armée des frontières? Pour l’un des multiples courants d’un gouvernement provisoire de la République algérienne déjà dépassé ? Pour l’un ou l’autre des nombreux clans avides de pouvoir ? Nul ne le sait. Et cela n’a pas d’importance, le peuple algérien triomphe pour quelques jours encore tandis que chaque faction veut démontrer l’incompétence de l’autre et confisquer à son bénéfice les rênes du pouvoir naissant.

            Le Maroc n’est pas loin, et «Radio Trottoir» assure que l’armée des frontières fonce depuis cette nuit dans la direction de cette capitale de l’Ouest algérien… Capitale dont le contrôle lui ouvrira ensuite la route d’Alger et d’un pouvoir à prendre.

            Huit heures. Une chaleur qui s’annonce étouffante et lourde va s’infiltrer partout. Le soleil déjà écrase la ville. Les faubourgs commencent leur lente descente vers le centre-ville. Médioni, Lamur, Victor-Hugo, Ville-Nouvelle, le Village-Nègre, le sanguinaire quartier des Planteurs, Eckmühl… Des dizaines de milliers d’Algériens, ivres de joie et de vengeance, déferlent vers le centre. Dans toutes les bouches, les cris, les slogans révolutionnaires et les chants de mort se mêlent en un charivari de violence et de transe. Cette marée humaine se retrouve progressivement aux portes des quartiers à dominante européenne.

            Entre neuf heures et dix heures, trois points névralgiques sont investis : par la rue d’Oujda, la rue de Tlemcen et le boulevard du 2ème Zouaves, dix mille manifestants surexcités convergent vers la place Karguentah. Le lieu est devenu politiquement symbolique  même si les pieds-noirs l’ignorent, la vaste place ovale est dominée par l’étrange bâtiment nommé «Maison du colon». En Algérie, jusqu’en 1962, «colon» est le titre de noblesse de celui qui travaille une terre difficile. Après 1962, ce sera autre chose… C’est donc l’équivalent d’une Maison des agriculteurs…

            Dans Le Minotaure  ou la halte d’Oran,  Albert Camus a longuement brocardé ce bâtiment très original et de belle taille, mais à l’architecture inclassable et surprenante. Son faîte en forme de coupe renversée domine la cohue vociférante. A quelques centaines de mètres, au terme du boulevard de Mascara et du boulevard Joffre, la place d’Armes vaste espace arboré bordé de bâtiments officiels est maintenant noyée elle aussi d’une masse humaine maintenant déchaînée, hurlant et gesticulant. De rares meneurs en civil commissaires politiques s’y sont infiltrés, et tentent là aussi d’amplifier et diriger cette puissance que plus rien ne pourra bientôt contenir.

            Là aussi, deux ou trois dizaines de milliers d’hommes jeunes surtout, excités par les you-you stridents des femmes. Cette mer humaine se répartit entre la mairie et sa façade de mini-Versailles, le remarquable et gracieux théâtre municipal construit au début du siècle,  et enfin le Cercle militaire,  mess des officiers où des centaines de soldats français sont retranchés sur ordre. Ils savent qu’ils ne bougeront pas. « Quoi qu’il arrive », comme cela a été décidé à l’Élysée. Et puis, dernier lieu symbolique un peu plus bas vers cette avenue du Général-Leclerc qui mène vers le cœur urbain de la place des Victoires, le square Jeanne d’Arc au pied des escaliers de la cathédrale, à la façade de style néo-mauresque.

            Là aussi enfin, une foule gigantesque occupe tout ce qui peut l’être et entoure la statue équestre de la Pucelle. Celle-ci, toute dorée des sabots jusqu’à l’épée inclinée vers le sol, élève depuis trente et un ans son visage vers le ciel.  Encore quelques instants, puis escaladée par les plus agiles, elle va se retrouver porteuse d’un immense drapeau vert et blanc.

            Le triangle de la mort prend forme. Le triangle de la mort est ainsi tracé et scellé. Le décor est en place. Il ne manque plus que les trois coups d’une prévisible et inévitable tragédie…  Trois coups bientôt frappés à la porte du malheur… Le rideau va se lever sur le plus grand massacre de civils de toute la guerre d’Algérie. Et dont pourtant celle-ci ne fut pas avare.

            Aussi étrange que cela puisse paraître aujourd’hui, de nombreux pieds-noirs marchent sans crainte au milieu de cette foule. Oran la populaire se maintient fidèle à sa vieille tradition cosmopolite. Depuis toujours, dans l’Oran populaire, on cohabitait, on était voisin, la pauvreté partagée était le meilleur lien… Les derniers Oranais français observent, certains se réjouissent, d’autres tentent de rejoindre leur lieu de travail par volonté ou habitude.

            Avec le temps, ils se sont habitués aux attentats aveugles, aux grenades, aux brusques fusillades, aux bombes du FLN, aux attaques brutales des groupes OAS, aux mitrailleuses 12,7 et aux canons de 37 de l’armée française. La guerre et la mort n’ont pas réussi à empêcher ce peuple d’âme espagnole à continuer de vivre. Et puis, cette guerre qui n’a jamais dit son nom, n’est-elle pas finie depuis plus de trois mois ?

L’armée française l’a placardé partout ; ce doit donc être vrai puisqu’elle l’affirme. Et puis, et puis elle est bien toujours là, c’est donc bien que tout va rentrer dans l’ordre. L’Oranais n’est pas avare de contradictions…

Une détonation et la ville s’embrase.


Onze heures.

Ou quelques minutes avant. Place Karguentah. Soudain un coup de feu, parti d’on ne sait où, suivi de plusieurs autres. Quelqu’un est tombé. La panique. Des cris, des hurlements, des doigts se tendent selon un automatisme parfait. «La Maison du colon! C’est là! C’est là! L’OAS! C’est l’OAS!»


Presque à la même seconde, devant la cathédrale, même tir, mêmes doigts qui se tendent, eux, vers les balcons des immeubles proches, mêmes cris, «C’est l’OAS! C’est l’OAS!» Le massacre peut enfin commencer. En quelques secondes, c’est la chasse à l’homme blanc. D’abord vont mourir ces Européens présents parmi la foule. Les couteaux jaillissent des poches, des pistolets, des cordes, des haches, des ongles de femmes, de lourdes et tranchantes pierres toutes bien préparées… Le double abattoir qui vient simultanément de s’ouvrir va engloutir en quelques minutes les premières dizaines de victimes. L’horreur ne peut se décrire… Place de la cathédrale, place Karguentah, on tue. On tue comme on chante, on tue comme on respire. Malheur au blanc et à tout ce qui s’en rapproche. Place d’Armes,  les manifestants, après de multiples égorgements, font maintenant des prisonniers. Tout ce qui montre allure européenne, vêtements, visages, langage, tout est capturé, dépouillé, roué de coups, blessé.  Malheur au blanc et à tout ce qui s’en rapproche. Là aussi, des dizaines et des dizaines d’hommes, de femmes ou d’enfants  touchent à leur dernier jour.  La ville n’est plus qu’une clameur multiple de cris de mourants, de pogroms et de haine brutale.

            La contagion est instantanée : en moins d’une heure le massacre pousse ses métastases partout et s’organise selon d’épouvantables modes. Ici, on tue à la chaîne. Là, c’est à l’unité, à la famille.  En quelques lieux, le sang a envahi les caniveaux. Ailleurs, on assassine, on démembre, on violente, on blesse pour faire plus longtemps souffrir, le parent meurt devant le parent provisoirement épargné.

Douze heures trente.

             La place d’Armes est devenue maintenant un lieu de détention et de transit. Tandis qu’à cinquante mètres, à l’abri du Cercle militaire et des arbres qui le dissimulent, les soldats français ne peuvent pas ne pas entendre l’affreux concert de mort qui va durer jusqu’à dix-sept heures. Plus connu sous le nom de «Boucher d’Oran», le général Katz  nommé à cette fonction par un autre général-président, effectuera même à cette heure-là un rapide survol en hélicoptère. Sans rien repérer de particulier certifiera-t-il, sinon quelques attroupements et défilés de manifestants joyeux. «Ne craignez rien, mon Général, aucun imprévu notable dans cette ville où vous avez prononcé l’un de vos meilleurs discours, et qui vous a tant acclamé… » ! «Mort aux Roumis!», «Mort aux Youdis!»

Treize heures.

              Place d’Armes toujours. Des camions militaires se présentent et s’alignent. Dans les premiers, on entasse ceux des prisonniers qui tiennent encore debout. Les autres sont chargés de cadavres. De dizaines et de dizaines de cadavres jetés les uns sur les autres. Ces camions proviennent des Établissements du Matériel de l’armée française. Camions que celle-ci a remis depuis le 19 mars au FLN  pour la logistique de la force locale chargée d’effectuer la transition et le maintien de l’ordre. Tous se dirigent vers le sinistre quartier du Petit Lac. Où les vivants sont atrocement massacrés, et tous les corps enfouis dans d’innommables charniers rapidement ouverts à la pelleteuse, ou au fond de ces marigots d’eau salée et putride qui lui ont donné son nom.

Treize heures.

            L’horreur couvre maintenant toute la ville. Partout des chasses à l’homme menées aux cris de «Mort aux Roumis!», «Mort aux Youdis!». Les tueurs sont innombrables. Ici, on égorge une famille. Un peu plus loin, une autre est fusillée contre un mur déjà balafré de sang.  Là, on arrête les voitures, les occupants blancs meurent ou prennent la direction du Petit Lac tandis que la voiture est volée ou incendiée.  Ailleurs, des groupes déchaînés pénètrent dans les immeubles, éventrent les portes et tuent tout ce qui est pied-noir.  Ailleurs encore, un vieil homme est jeté du haut de son balcon. Plus loin une femme court et tente inutilement d’échapper à ses poursuivants. Des groupes indistincts d’hommes et de femmes, les mains en l’air,  sont conduits à pied vers le commissariat central, ou un autre lieu de détention qui deviendra vite lieu de mort. Peu de coups de feu. Beaucoup de cris d’agonie. Des hurlements, des ordres encore. Des poursuites. Des hangars, des gymnases, des dépôts commerciaux deviennent lieux de détention. Détention très provisoire.  Et durant ces heures maudites,  les mêmes camions poursuivent leur lent travail de noria et d’effacement des traces. C’est ainsi qu’au quartier de la Marine proche de la Calère, plus d’une centaine de «suspects» sont regroupés dans un vaste local duquel ils seront libérés, leur a-t-on dit, après vérification de leur identité. Il n’y aura pas un survivant. Tous disparaissent à jamais.

Quinze heures.

             Un bref accrochage a lieu sur l’esplanade de la gare, tandis que finit de se consumer à même le sol  le corps d’un homme jeune qui a longtemps hurlé. L’accrochage est le fait d’une section de soldats français menée par un jeune officier qui sans le savoir va tenter à lui seul de sauver l’honneur d’une armée déshonorée. Sa section reprend ainsi un petit groupe de prisonniers conduit à pied vers leur destin. De la même façon, plus bas vers le centre, un lieutenant courageux va ravir plus d’une dizaine d’otages européens en passe de disparaître dans les sous-sols du commissariat central.

Une bouteille à la mer.

Quinze heures encore.

            Place de la Bastille. Dans le bâtiment de la Grande Poste, plus précisément dans la partie occupée par le central téléphonique relié à la métropole, se trouvent encore des téléphonistes dont une majorité de jeunes femmes.  Celles-ci ont lancé un appel au secours sur les fréquences internationales.  Comme on lance une dernière bouteille à la mer. Cet appel aurait été capté par un navire anglais qui l’aurait amplifié et transmis vers le Nord-Méditerranée.  Mais cet appel a aussi été capté  par les radios de l’armée FLN des frontières. Ses hommes viennent d’encercler le bâtiment et l’investissent. La plupart des occupants sont tués sur place. Les survivants chargés sur leurs véhicules pour disparaître à jamais. Là aussi, nul ne sera jamais retrouvé. Même le dieu des chrétiens abandonne les siens. Les églises n’ont su protéger les quelques fuyards éperdus qui espéraient y trouver refuge. La grande synagogue du boulevard Joffre n’a pu faire mieux. «Mort aux Youdis!» « Mort aux Roumis! ». Çà et là, cependant, de très rares prisonniers échappent au massacre. Le hasard, autre nom du destin, fait passer un Algérien musulman près d’un groupe de vivants provisoires. Celui-ci y reconnaît un voisin, un ami, un employeur, une femme, quelqu’un qu’il connaît peut-être depuis l’enfance. Si l’homme a réussi à convaincre exécuteurs ou garde-chiourmes, un homme est épargné, une femme revit. Ces retours de l’enfer restent hélas rarissimes.

Dix-sept heures. Ou un peu avant.

            Les rumeurs internationales commencent à se faire trop insistantes. Les questions des capitales affluent vers Paris. « Que se passe-t-il à Oran? »   Est-ce là la seule cause du changement d’attitude? Soudain, de plusieurs casernes simultanément, surgissent des patrouilles armées  et quelques blindés. Un corps militaire FLN se joint à elles. Le secret politique ne livrera rien des rapides accrochages, des rares échanges de feu. Le calme est rétabli dans l’heure qui suit. Même les bourreaux ont besoin de repos. Mais si cette réaction reste bien timide, elle suffit pourtant à stopper les massacres et ses tragédies. L’ALN publie aussitôt un communiqué affirmant que l’ordre est rétabli dans Oran et que les ennemis de la révolution algérienne ne sont pas parvenus à leurs fins. « Des meneurs, disent-ils, ont été arrêtés et seront jugés et punis par les tribunaux de la République algérienne démocratique et populaire.  Le couvre-feu est instauré à partir du coucher du soleil à 19h 55. Mais pas pour tout le monde. Pendant la nuit, les mêmes camions  nettoient la ville de ses derniers cadavres et effacent les traces et les preuves du carnage. La gendarmerie mobile française prend quelques photos des derniers entassements de cadavres. Ces photos sont introuvables. Le 6 juillet, rien n’y paraît plus.

            Le 6 juillet, la ville est propre. Même si  ça et là, quelques tueurs sont encore à l’œuvre. Les journalistes français présents sortent des bâtiments militaires où la France a assuré leur protection. Mais il n’y a plus rien à voir, ils peuvent circuler… Dans les jours qui suivent, des hélicoptères français ramèneront d’indiscutables clichés, pris au-dessus du Petit Lac, et montrant de multiples et longues fosses parallèles en passe d’être refermées.  L’Algérie nouvelle vient de naître. Son acte de naissance est paraphé des sept cents noms des victimes françaises, sacrifiées sur l’autel du Vent de l’Histoire et celui de l’anticolonialisme. 55 ans après, un bilan reste difficile à établir. Sans doute entre sept cents et mille deux cents morts. L’administration française, la civile aussi bien que la militaire a tout fait pour que la vérité ne puisse sortir du puits qu’elle a contribué à fermer avec l’aide active des différents pouvoirs algériens.

            Le pouvoir gaulliste ne peut être coupable...  Le pouvoir algérien non plus...  L’amitié franco-algérienne est intouchable. Cette perversion du silence fonctionne toujours aujourd’hui, ardemment soutenue par la gauche française.  D’abord, il fut question de 25 morts (Général Katz).  Puis d’une petite centaine, un an plus tard  et dans la presse parisienne. Ce nombre a plafonné ensuite à 325, pendant quarante ans, de 1970 à 2010. Sans listes nominatives précises ni recherches réelles. Il a fallu la volonté et l’obstination d’un chercheur historien pour pouvoir rompre « à titre exceptionnel» le secret des archives officielles françaises, et découvrir dans l’épouvante et l’horreur, la réalité de la tragédie du 5 juillet 1962 à Oran.

            Raison d’État... un millier de morts au minimum. A 95% les corps n’ont jamais été retrouvés. C’est à dire qu’ils n’ont jamais été recherchés. La France et son allié l’Algérie ne pouvant être soupçonnées d’assassinats collectifs et de complicité. Cela se nomme «raison d’État». Aujourd’hui encore et pour le nombre, rien n’est sûr, rien n’est prouvé. Seuls savent les pieds-noirs d’Oran et les vieux Algériens qui se souviennent et en parlent discrètement encore entre eux. Le sujet est devenu une bombe à retardement politique  qui finira inéluctablement par exploser. Mais les neufs cents du 5 juillet 1962 ne sont qu’une partie d’un bilan encore plus lourd. Après la signature des accords dits d’Évian, et ne pouvant poursuivre les assassinats de pieds-noirs avec la même liberté qu’auparavant, le FLN a développé une terrible politique d’enlèvements. Pour briser, chez ce peuple, la volonté de se maintenir. Et lui imposer la seule alternative,  celle de « la valise ou du cercueil…». De ce funeste mois de mars 1962 jusqu’à mars 1963, il y a eu plus de 2 000 enlèvements effectués sur cette part de la population française. Des blédards surtout, des petits blancs qui refusaient de perdre cette terre qu’ils aimaient et qui avait été leur patrie. Parmi eux, quelques centaines ont été libérés vivants, quelques dizaines de corps retrouvés. Les autres avec ceux du 5 juillet 1962, ont désormais leurs noms gravés sur le Mur des Disparus à Perpignan.  Tel qu’il est écrit à l’entrée du monument : «C’est ici leur premier et ultime tombeau»… Combien de temps va-t-il encore falloir attendre  pour que ce jour affreux trouvent enfin la page toujours blanche qui l’attend dans les livres d’histoire? Combien de temps va-t-il encore falloir attendre pour que soient sondés les charniers du Petit Lac? Combien de temps va-t-il encore falloir attendre  pour que s’ouvrent toutes les archives, et que la France ait la grandeur de reconnaître sa complicité  dans ce crime d’abandon de son propre peuple? Et, comme pour ceux d’Oradour-sur-Glane, recevoir en son sein la mémoire de ces Disparus qui n’avaient cessé de croire en elle. Oui, combien de temps encore?

Gérard Rosenzweig

Retour listes de tous les dossiers 5 juillet 1962

10 juillet 2017

ORAN… 5 JUILLET 1962 - LE GÉNOCIDE

ORAN… 5 JUILLET 1962
LE GÉNOCIDE

VF-185 Oran, le 5 juillet 1962

 

« J’écris dans ce pays que le sang défigure qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies, une halle à tous vents que la grêle inaugure, une ruine où la mort s’exerce aux osselets. » (Louis Aragon – « François la Terreur »)

TOUS LES DOSSIERS

RÉVÉLATION DU PERE BOZ SUR LA PROVOCATION DU 5 JUILLET 62

VOULOIR PACIFIER LES MÉMOIRES (L’HISTORIEN Bernard LUGAN)

APRÈS LA RECONNAISSANCE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

LE PRÉSIDENT MACRON NE SE DÉNIE PAS

OUVERTURE DES ARCHIVES JUDICIAIRES D'ALGÉRIE

NATURE DE LA GUERRE D'ALGÉRIE

ALGÉRIE 1962 SUR LA FORCE LOCALE EN GÉNÉRAL

RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE SUR LA JOURNÉE DU 5 JUILLET 62 à ORAN

OFFENSIVE DÉCOLONIALISTE DE l'ALGÉRIE

EN MARGE DU RAPPORT STORA SUR LE CONTENTIEUX FRANCO-ALGÉRIEN

Remarques sur les travaux de B.Stora remis au président de la république Emmanuel MACRON

CE QUE L'ON OUBLIE SOUVENT SUR L 'ORIGINE DE LA COLONISATION DE L'ALGÉRIE

DÉCOLONISATIONS DU SANG ET DES LARMES

DE GAULLE ET LE PROBLÈME ALGÉRIEN

PROPOSITION DE LOI DU 27 SEPTEMBRE 2017

VIDÉOS à propos du 5 juillet 1962

ENQUETES DE JEAN-FRANCOIS PAYA

CE QUE L'ON OUBLIE SOUVENT SUR L'ORIGINE DE LA COLONISATION DE L'ALGÉRIE

SYNTHESE DU MASSACRE D'ORAN DU 5 JUILLET 1962

ORAN 5 JUILLET 1962 - DERNIER TEMOIGNAGE

ORAN LE 5 JUILLET 1962 PAR GERARD ROSENZWEIG

 

PROPOSITION DE LOI DU 16 JUILLET 2013

ORAN LE 5 JUILLET 62 - CONCLUSIONS DU GROUPE DE RECHERCHES

ORAN JEUDI 5 JUILLET 1962 - ADDITIFS

LA MATANZA DE ORAN - 5 DE JULIO DE 1962

PÉTITION INTERNATIONALE

TEMOIGNAGES 5 juillet 1962

JUILLET 2017 - LETTRE OUVERTE A MONSIEUR MACRON PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

COMMEMORATIONS DU 5 JUILLET 1962

Retour "Tous les articles" 

 

6 juillet 2017

JEAN-JACQUES SUSINI

Les uns après les autres nous quittent. iL s'en est allé ce lundi 3 juillet, Jean-Jacques Susini, créateur en février 1961 à Madrid de l'OAS, avec Salan (†), Lagaillarde (†) et Ortiz (†). Ses obsèques auront lieu demain vendredi à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

jean-jacques-susini

Par Manuel Gomez du 5 juillet 2017

            Jean-Jacques SUSINI, l’un des derniers « patriotes » de l’Algérie Française, membre fondateur de l’OAS, nous a quittés ce 3 juillet 2017.

            Je l’ai rencontré pour la première fois derrière les barricades d’Alger, en janvier 1960, elles avaient été organisées par lui-même en compagnie de Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz.

            Né à Alger le 30 juillet 1933, son père, qui était cheminot, fut le fondateur de Force Ouvrière Algérie et ne cachait pas son attachement à l’indépendance du pays.

            Jean-Jacques était alors président de l’Association Générale des Étudiants d’Algérie.

            Arrêté après la reddition des barricades et transféré à la prison de la Santé, à Paris, il profitera d’une permission de sortie pour s’évader et rejoindre l’Espagne.

            Je l’ai retrouvé à Madrid, en mars 1961, lorsque je me suis rendu, sur ordre de M. Georges Bidault, afin de lui rendre compte de la création de l’OAS (Organisation Armée Secrète), à laquelle Susini participait avec le général Raoul Salan, Pierre Lagaillarde, Joseph Ortiz, le capitaine Ferrandi et quelques autres.

            Jean-Jacques Susini rejoindra Alger, en compagnie du général Salan et du capitaine Ferrandi, le lendemain de la naissance du « putsch des généraux », donc le 23 avril 1961.

SusiniOAS

            Il sera membre du Conseil Supérieur de l’OAS avec le général Gardy, le colonel Godart, le colonel Gardes et le docteur Jean-Claude Pérez.

            Susini sera chargé de diriger le service d’action psychologique. Il ne démentira pas ses contacts au plus haut niveau de l’Etat français et la complicité des services de contre-espionnage.

            Il jouera un rôle très important lors des derniers jours de l’OAS, et de l’Algérie française, en rencontrant les principaux représentants du FLN, Abderrahmane Farès et Chawki Mostefaï, missionnés par le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, qui acceptaient de reconnaître l’OAS comme unique « porte-parole » des Européens d’Algérie et cela contre l’avis des autres membres du Conseil qui estimaient, à juste titre, qu’il s’agissait de négociations sans avenir.

            Manipulé très certainement par Jacques Chevalier, le très libéral maire d’Alger (qui se convertira à la religion musulmane, après l’indépendance) « sous-marin » de la CIA et de Washington qui refusaient de voir l’Algérie indépendante tombée immédiatement sous le joug des Russes.

            Une trêve des attentats est instaurée dès le 1er juin 1962, après un accord total mais elle est sans lendemain car ces deux responsables du FLN sont mis sur la touche par Ben Bella et l’état-major de l’ALN qui prend les commandes et c’est la reprise de la « terre brûlée » jusqu’à la dernière heure.

            Jean-Jacques Susini fuit alors en Italie, le 20 juillet 1962, où il se « cachera » durant 5 années sous une fausse identité. Il est présumé être l’organisateur, avec Gilles Buscia, de l’attentat manqué contre de Gaulle, en août 1964 au Mont-Faron, près de Toulon.

            Par deux fois il sera condamné à mort par contumace par la Cour de sûreté de l’état.

            Quand on lui posa la question, lors de son procès : pourquoi vouloir attenter à la vie du général, vous qui avez été un fervent gaulliste et membre du RPF ? Susini répondit : « parce qu’il a été le responsable de tout ce qui nous est arrivé car nous avons cru en sa parole ».

            Amnistié une première fois, en 1968, par de Gaulle, Susini est arrêté en mars 1970, pour une affaire assez trouble d’attaque dans le but de récupérer une partie du « trésor » de l’OAS, il sera acquitté par la Cour d’Assises des Bouches-du-Rhône, après 16 mois de détention provisoire.

Dès sa libération, il est de nouveau interpellé en octobre 1972 car suspecté d’avoir enlevé le colonel Raymond Gorel, ex-trésorier de l’OAS, il sera une nouvelle fois acquitté après une détention provisoire de deux années.

            Et définitivement amnistié, en 1981, par François Mitterrand.

Manuel Gomez

Voir aussi "Les États-Unis auraient apporté leur soutien à l'OAS en 1962" (Documents déclassifiés)

Réponse à une lectrice de Riposte Laïque sur la réalité de l’OAS

courrierOAS

Retour "IN MEMORIAM"

2 juillet 2017

GERYVILLE

Ville d'altitude culmine à 1376 mètres, poste militaire fondé en 1852 sur ordre du Général Pelissier avec la construction d'un fort. La 1ère pierre fut posée le 25 novembre 1852.

En décembre 1853 le Général Pelissier dans une lettre au lieutenant Segretain, ordonnait que le poste s'appellera Géryville du nom du Colonel Gery qui avait fait une incursion en 1843 à El-Bayadh qui fut un Ksar et la Tour détachée se nommera Deligny.

Après avoir été Poste, Annexe, Commune Mixte, Commune et sous préfecture en 1962.

Commune de 32 000 km² s'étendait du Chott Ech Chergui à l'Erg occidental avec 46 000 nomades d'origine arabe, 7 000 ksouriens berbères et de 7 500 à 10 000 à Géryville centre dont beaucoup de militaires.

L'alfa a fait la prospérité de la cité entre les deux guerres elle en fit le centre alfatier le plus important d'Afrique du Nord. Cette plante unique donnait un papier de qualité de renommée mondiale.

Le premier directeur des écoles communales de filles et de garçons a eu son fils, enseignant comme lui, tué au champ d'honneur en 1916. Son portrait existait encore en 1962, accroché au mur au-dessus de la chaire du maître. Source encyclopedie-afn

La région est aussi riche en sites préhistoriques. Les figurations y sont essentiellement animalières (bubales, panthères, antilopes) mais plusieurs représentations humaines y sont associées. Elles ont été recensées et étudiées par notamment Henri Lhote et d'autres nombreux préhistoriens depuis la fin du XIXe siècle, .

Situation Geryville

Géryville 026

Géryville 027

Géryville 028

Géryville 029

Géryville 030

Géryville 018

Géryville 002

Géryville 001

Géryville 004

Géryville 005

Géryville 006

Géryville 007

Géryville 008

Géryville 009

Géryville 010

Géryville 011

Géryville 012

Géryville 013

Géryville 014

Géryville 015

Géryville 003

Géryville 016

Géryville 017

Géryville 019

Géryville 020

Géryville 021

Géryville 022

Géryville 023

Géryville 024

Géryville 025

Géryville 031

Géryville 032

Géryville 033

Géryville 034

Géryville 035

Retour villes et villages d'Oranie.

1 juillet 2017

GEORGES CLEMENCEAU

Le centre est créé en 1846 sous le nom de La Stidia (nom de la source Aïn Stidia) dans le département Oran arrondissement de Mostaganem

georges clémenceau situation

Georges Clémenceau 001

Georges Clémenceau 002

Georges Clémenceau 003

Georges Clémenceau 004

Georges Clémenceau 005

Georges Clémenceau 006

Georges Clémenceau 007

Georges Clémenceau 008

Georges Clémenceau 009

Georges Clémenceau 010

Georges Clémenceau 011

Georges Clémenceau 012

Georges Clémenceau 013

Georges Clémenceau 014

Georges Clémenceau 015

Georges Clémenceau 016

Georges Clémenceau 017

Georges Clémenceau 018

Georges Clémenceau 019

Georges Clémenceau 020

Retour villes et villages d'Oranie.

26 juin 2017

CÉRÉMONIES COMMÉMORATIVES DU 5 JUILLET 2017 A PARIS ET EN PROVINCE.

G.R.F.D.A

GROUPE DE RECHERCHES DES FRANÇAIS DISPARUS EN ALGÉRIE

Association à but non lucratif régie par la loi de 1901, enregistrée sous le n° W33600288 déclarée au JO du28/02/2015

Siret : 819 521 634 00017

Siège social : chez la Présidente Colette DUCOS ADER 65 Boulevard de la plage 33120 ARCACHON

Mobile Présidente : 06 89 33 64 23 – courriel :  col.gda@wanadoo.fr

Vice-Président : Jean Monneret – Secrétaire : Geneviève Leblanc Astier – Secrétaire adjointe : Monique Chavrondier

Trésorière : Anne Santerre – Contrôleur des comptes : François Carrega

A LA MÉMOIRE DES VICTIMES ORANAISES DU 5 JUILLET 1962, DE TOUS LES CIVILS, MILITAIRES ET HARKIS TOMBÉS EN ALGÉRIE OU PORTÉS DISPARUS. SOUVENONS NOUS DE NOS MORTS RESTÉS SUR NOTRE TERRE D’ALGÉRIE MAFA / GRFDA / ANFANOMA / AAALGÉRIANIE.

Comme chaque année, nous perpétuons cet hommage et vous prions de venir nombreux.

Programme :

11 H : Messe du Souvenir en l’Église Sainte Odile (2 avenue Stéphane MALLARMÉ / 75017 / PARIS) célébrée par le Révérend Père Jean-Paul ARGOUARC’H

METRO : Ligne 2 - BUS : PC1 / PC3 / 92 / 93 / 84 - Station PORTE DE CHAMPERRET

15 H : Recueillement et dépôt de gerbes devant les colonnes du Quai Branly.  RER : ligne C (station Champs de Mars - Tour Eiffel) Métro : ligne 6 (station BIR-HAKEIM)

18H30 : Cérémonie à l’Arc de Triomphe organisée par le C.L.A.N-R

Les participants sont priés de se rassembler en haut des Champs Élysées à partir de 17h45

A l’issue de la cérémonie religieuse, possibilité d’un déjeuner en commun à 12 heures. Restaurant Le Celtique 204 rue de Courcelles 75017 PARIS.

Contacter Monique CHAVRONDIER pour inscription avant le 1er juillet par courriel ou téléphone.

MAFA / 95 rue d’Amsterdam / 75008 / PARIS

Téléphone fixe : 01 45 26 29 33   Courriel : mafa.pn@orange.fr

Quai Branly


LETTRE FLASH DE L'AOBR


Tombe du soldat inconnu

La Fédération CLAN-R

Comité de Liaison des Associations Nationales de Rapatriés

Membre du Comité de la Flamme

Ravivera la Flamme sous l’Arc de Triomphe le Mercredi 5 juillet 2017 à 18 h 30.

En hommage aux victimes civiles d’A.F.N. et aux Harkis, et particulièrement

En hommage aux victimes des massacres du 5 juillet 1962 à Oran et aux disparus.

Des gerbes seront déposées par le CLAN-R

L’association Nationale des Rapatriés d’Oranie - A.N.R.O, Membre du Clan.

Les Anciens du Lycée Lamoricière (A.L.L.O)- Membre du Comité de La Flamme.

Rendez-vous à 17H45 en haut des Champs Élysées.

Autres cérémonies

A LA MÉMOIRE DES VICTIMES ORANAISES DU 5 JUILLET 1962, DE TOUS LES CIVILS, MILITAIRES ET HARKIS TOMBES EN ALGÉRIE OU PORTES DISPARUS.
SOUVENONS NOUS DE NOS MORTS RESTES SUR NOTRE TERRE D’ALGÉRIE AAALGERIANIE / ANFANOMA / GRFDA / MAFA

Comme chaque année, nous perpétuons cet hommage et vous prions de venir nombreux.

11 HEURES : Messe du Souvenir en l’Église Sainte Odile

(2 avenue Stéphane MALLARME / 75017 / PARIS) célébrée par le Révérend Père Jean-Paul ARGOUARC’H-

METRO : Ligne 2 BUS : PC1 / PC3 / 92 / 93 / 84 Station PORTE DE CHAMPERRET

15 HEURES Quai Branly

Recueillement et dépôt de gerbe devant le Mémorial du Quai Branly dédié aux victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie.

A l’issue de la cérémonie religieuse, possibilité d’un déjeuner en commun à 12 heures. Restaurant Le Celtique 204 rue de Courcelles 75017 PARIS. Contacter Monique CHAVRONDIER pour inscription avant le 1er juillet par courriel ou téléphone.

Monique CHAVRONDIER
Tel : 01 45 26 29 33
Fax : 01 40 16 91 91

MAFA / 95 rue d’Amsterdam / 75008 / PARIS
Téléphone fixe : 01 45 26 29 33
Courriel : mafa.pn@orange.fr


Mémorial Aix

Le COLLECTIF AIXOIS DES RAPATRIÉS

29 avenue de Tübingen 13090 Aix-en-Provence

Vous informe qu’une cérémonie avec dépôt de gerbes aura lieu le :

Mercredi 5 juillet 2017 à 11h.00

au MÉMORIAL NATIONAL

des FRANÇAIS d’ALGÉRIE et RAPATRIÉS d’OUTRE-MER

Cimetière St Pierre d’Aix-en-Provence

Comme chaque année, nous rendrons hommage aux victimes de ce tragique évènement marqué par l’enlèvement et l’assassinat, à ORAN, de centaines de Français d’Algérie, le 5 juillet 1962.

Secrétariat – Information Tel : 04.42.95.19.40 E/Mail : coll-aixois-rapatries@orange.fr

Nous vous remercions de votre présence

Le Président – Robert PEREZ


CEREMONIES EN PROVINCE

AIX EN PROVENCE  11 heures _ Mémorial National  - Cimetière Saint-Pierre

MARIGNANE           11 heures    Stèle des fusilliés  Cimetière Saint-Laurent Imbert

MARSEILLE            17h Monument des Mobiles  Canebière - Réformés

MARSEILLE            19 h   Messe  Basilique du Sacré- Coeur  Avenue du Prado

ALICANTE              11 h    Esplanade Paséo  -   Monument Rapatriés


Pour rappel voir l'article : Le massacre d’Oran 5 juillet 1962, une mémoire déchirée, un demi-siècle d’amnésie, une historicisation émergente


Consulter UN HOMMAGE DU 5 JUILLET 2017 EN DORDOGNE


Retour COMMEMORATIONS DU 5 JUILLET 1962

15 juin 2017

LETTRE OUVERTE AUX PIEDS-NOIRS ET A LEURS AMIS QUI NE MARCHENT PAS MAIS QUI ROULENT...

Par Jacques Villard

Cher(e)s Ami(e)s,
Je pars par la route vers Nice. Le premier pas...
Il le fallait, contre vents et marées, car il faut évangéliser en dehors du Languedoc Roussillon. Faute de ce faire, nous sclérosons notre initiative.
Après Nice, il y aura Marseille, après Marseille, Toulon, Narbonne et Perpignan... tout l'arc méditerranéen de la France.
Je pensais faire une marche comme d'autres...
Je fais une route et je refais la route de 1973, au début du Cercle Algérianiste.
Nous ne sommes pas des marcheurs mais des routards.
C'est la suite et l'aboutissement du rêve algérianiste : la Patrie retrouvée.
Ce n''est pas simple car il faut recommencer à expliquer.
Aux premiers jours du Cercle, nous avions l'hostilité des grandes associations qui ne comprenaient pas l'utilité d'une nouvelle structure associant au corps de l'indemnisation, l'esprit de la mémoire.
A ce jour, ni les grandes associations, ni le Cercle nous sont franchement hostiles, mais ils sont indifférents pour certains et plus pour d'autres.
L'exaltation s'est abimée dans les déceptions, l'amertume parfois, le cholestérol spirituel pour d'autres.
Notre trace est déjà inscrite dans l'Histoire.
Mais dans le livre de « la mémoire Pied-Noir », il fallait une dernière page : la plus belle, celle du rassemblement sur une terre nouvelle, bien à nous.
C'est une espèce de paquebot en Méditerranée que nous lançons, alors que l'orage gronde de toutes parts.
Nous partons, sans un sou, pour construire un palais que nous lèguerons à nos descendants afin qu'ils puissent conserver cet esprit pionnier qui est en nous.
Ils sont fous, diront certains.
Leur ambition n'a pas de limite diront d'autres.
Que disaient ceux qui voyaient nos ancêtres partir en Algérie ?
Je ne sais pas où se trouvent la folie et l'ambition.
Ce que je sais, c’est que vous vous rassemblez, que vous combattez à nouveau et que je suis fier d'être parmi vous.
Nous avons gagné avant même d'avoir combattu.
Nous entrons dans l'Histoire comme les derniers des Mohicans.
Je pars totalement vers l'inconnu.
Lorsque j'avais accepté cette mission d'évangélisation des premiers temps en compagnie de Maurice Calmein, de Gérard Garcia, de Max Teste, d'Hervé Cadot, d'Yvon Ferrandis, de Jean Tiburce et de tant d'autres, je ne savais pas où nous allions.
Il y a des voies impénétrables qu'il faut découvrir pour faire avancer l'humanité.
C'est une longue route que nous entreprenons.
« Les routards pieds-noirs » ... une belle affiche ! ...
Il y aura beaucoup d'obstacles et de critiques, mais le résultat sera au rendez-vous.
Je n'ignore pas que certains sont hostiles.
Les grands marcheurs comme le Mahatma Gandhi ou le Pasteur Martin Luther King avaient un objectif précis.
Nous aussi !
Eux ont fini avec une balle dans la tête.
Ils faisaient un rêve !
I am a dream !
Ils avaient le courage et l'espérance.
Nous aussi !
Nous ne finirons pas mal bien au contraire.
Sursum corda comme disaient les Anciens.
Il faut démontrer, dans l'honneur et la dignité, dans la simplicité et la détermination, dans la sérénité et la foi, que nous sommes tous restés des femmes et des hommes capables du meilleur alors que les insultes pleuvent encore.
Les malheurs du monde sont les nôtres.
Nous avons une solution et nous y croyons : « l'amour fraternel, celui du deuxième commandement ».
Sachant que pour beaucoup d'entre nous, il y a aussi le premier !
Allons, comme Moïse, vers les bons vents de notre destinée.
Je vous embrasse fraternellement à toutes et à tous.
Merci pour votre enthousiasme et votre générosité.
Grâce à vous, je le redis, je suis fier d'être « Pied-Noir ».
Mes plus chaleureux remerciements vont à ceux qui ne le sont pas et qui nous suivent, voire qui nous précèdent.
« C'est nous les Africains », n'est pas qu'une belle chanson ! C'est une réalité et nous la vivons.
Je pense à nos pères de toutes les ethnies, de toutes les confessions, de toutes les couleurs qui sont tombés, serrés les uns contre les autres dans les tranchées de l'horreur, loin du pays natal, pour que vive la France.
Le combat n'est plus le même, fort heureusement, mais leurs descendants sont encore ensemble contre d'autres barbares.
C'est beau, c'est bon et c'est réconfortant d'être sur cette route.
Merci.
Jacques VILLARD
Porte-Parole du Gouvernement Provisoire Pied-Noir en Exil « GPPNE »

COMMUNIQUÉS ET DÉCLARATIONS OFFICIELLES

14 juin 2017

REPONSE DE JEAN-PIERRE RONDEAU

au tract  de Mrs François BAROIN et Bernard ACCOYER aux dits Rapatriés
Messieurs François BAROIN et Bernard ACCOYER,
Je reçois ce jour votre tract, comme certainement nombre de Français d'Algérie. Merci de penser à nous ... entre deux tours d'élections
législatives.
J'emploierai le « vous » puisque vous avez été au Pouvoir, mais aussi parce que j'englobe toute votre famille politique depuis plusieurs
décennies.
Vous parlez de « Vérité historique », sachez que nous avons été « dépatriés » et pas « rapatriés », comme vous nous appelez.
L'Algérie, c'était des départements français, français avant même Nice et la Savoie. Un brave
gendarme a eu du mal à comprendre
que j'étais né à Oran dans le 92 ! Numéros 91, 92, 93 et 94 qui ont existé jusqu'en 62, avant l'éclatement du département de la
Seine et l'attribution aux nouveaux départements de la
banlieue parisienne. Mais est-ce la Vérité de parler de la faire « sur leurs
histoires » ? A moins que cela ne veuille insultant, nous n'avons qu'une Histoire, et avec un grand H.
Vous parlez de « rassembler les Français et d'apaiser et de réconcilier les mémoires » mais vous refusez que soit honorés au "Quai 
Branly" les Français qui ont versé leur sang et sacrifié liberté et carrière pour l'Algérie française. Pourtant, au Quai Branly sont aussi
honorés les Français qui ont trahi leur Patrie et permis, en étant « porteurs de valises », de financer et d'entrer les armes qui allaient
tuer nombre de Français innocents, civils et militaires, dont enfants et femmes. Seuls, parmi nous, quelques présidents d'associations
naïfs, opportunistes ou prébendiers jugent bon de se compromettre et de vous servir de piétaille au Quai Branly le 16 octobre, tout en
se prétendant défenseurs de la Mémoire de nos Résistants. Vous avez même autorisé que les porteurs de valises soient décorés et
honorés par le FLN en France (Centre culturel algérien). Et vous vous prosternez au Monument des "Martyrs" à Alger.
Vous parlez du « Drame des personnes disparues ou enlevées qui a interdit aux familles de faire leur deuil». Votre Président SARKOZY,
que vous revenez nous vendre malgré les trahisons, a interdit deux fois que nous puissions honorer nos Morts et Disparus du 5 juillet
à Oran, avec fort renforts de CRS et alors que nous avions les autorisations du Comité de la Flamme. Au nom du « Risque de troubles
à l'Ordre public » ! Au même moment, des centaines de voitures, aux occupants agitant des drapeaux algériens, montaient et
descendaient les Champs Élysées (Match de coupe de foot). Une manifestation raciste (au prétexte de défense des Palestiniens) se
déroulait à proximité de l'Ambassade d'Israël. Pour ces deux interdictions, j'ai fait condamner deux fois l'État. Comment pouvez-vous
parler de mener une politique respectueuse envers les Français d'Algérie ? Le Droit de faire notre Deuil et les cellules psychologiques
ce n'est pas pour les Français d'Algérie.
Et puisque vous parlez de Mémoire, comment oublier qu'il n'y eut qu'un Pays pour laisser ses ressortissants se faire assassiner,
égorger, accrocher à des crocs de boucher; émasculer, emmener ses femmes dans des bordels, sans intervenir et en donnant ordre
à son Armée de rester dans les casernes. C'était la France et le personnage dont vous vous revendiquez. Et n'oublions pas les Harkis.
Vous parlez « d'un millier de Monuments aux Morts détruits, de disparitions de plaques 1870, 1914 et 1939 » (en oubliant celles 
d'Indochine, tout aussi dignes de Respect), sans dire que les responsables sont ces leaders algériens qui viennent festoyer à Paris et
sur les côtes ou se faire soigner en France à nos frais, les mêmes qui oppriment et volent leur propre Peuple.
Vous parlez « d'un financement pour la protection et l'entretien des cimetières français en Algérie, ... une priorité ». Que n'avez-vous
fait depuis 1962 ? La plupart des cimetières français en Algérie ont été rasés par les bulldozers. Pour les plus grands, les tombes ont
été ouvertes, quand elles n'avaient pas déjà été profanées, et les restes rassemblés. En France, nous respectons les cimetières, y
compris musulmans. D'autant que les mêmes promesses nous furent faites par tous vos gouvernants. Quel pays, quels dirigeants
laissent profaner et disparaitre leurs cimetières à l'Étranger ? Alors que la France a tous les moyens de négocier.
Vous parlez de « Vérité historique », j'ai obtenu de Monsieur de VILLEPIN, la suppression sur nos papiers d'identité de l'infâme (pour 
un Français né dans un département français) et révisionniste DZA (Djézaïr, nom arabe que l'Algérie, pays qui n'avait jamais existé,
n'a jamais porté avant 62). Mais aujourd'hui, notre pays de naissance n'est pas porté sur nos cartes d'identité et passeports. De peur
de vexer nos "amis" algériens en rappelant pour l'Histoire que l'Algérie c'était la France. Quels sont les Peuples qui n'ont pas de pays
de naissance sur leurs papiers ? Les criminels étrangers que leur pays d'origine ne reconnait plus sont mieux traités par la France.
Et pas mieux pour le même infâme 99 qui, pour le code INSEE (dit improprement numéro de sécurité sociale), nous classe de façon 
tout aussi révisionniste comme nés à l'Étranger. La Banque de France s'est autorisé à ne pas respecter les décrets JUPPÉ et AUBRY
qui nous ont permis de changer le 99 en nos départements de naissance. Elle n'a pas modifié son informatique et fait aucun
changement, comme donc les banques, les administrations, les commerces et la plupart des fichiers existants. Où est donc votre
amour de l'Histoire de la France ?
Vous parlez d'instruire « les plus jeunes », sans dire que vous avez offerts des places d'enseignants aux pires tueurs et porteuses de 
bombes de la Guerre d'Algérie. Nos compatriotes métropolitains peuvent-ils imaginer que les auteurs ou les complices des terroristes
de Toulouse, Nice et Paris puissent, dans quelques temps, enseigner dans nos universités ? Cela pourrait-il arriver à Londres, New York,
Stockholm, etc. ? Sans dire que nous fument les premières victimes du terrorisme de masse dans l'Histoire. Terrorisme destiné,
comme aujourd'hui, à épouvanter. Criminels de guerre tout à fait comparables aux SS d'Oradour sur Glane honorés par vos
prosternations.
Quant aux réparations et réinstallations, il s'agit de nous prendre pour des cons (Désolé. Je n'ai pas d'autres termes). Pour avoir été 
membre une dizaine d'année du Conseil d'administration du Groupement National Pour l'Indemnisation (GNPI), je sais ce qu'il en est
de vos promesses. 20%, c'est à peu près l'indemnisation à laquelle nous avons eu droit, quand le moindre incident donne droit à
réparation. Pourtant, il nous a été dit que la décolonisation avait été faite dans l'intérêt de la France !
En conclusion, vous raclez les fonds de tiroirs en nous démarchant, alors que nous sommes en voie de disparition. Qui plus est par 
un tract bâclé il faut que vous soyez inquiets !
Être insultés, nous y sommes habitués. Que ce soit « En Marche » n'y change rien. Depuis longtemps, avec De Gaulle, les Gaullistes, 
la Gauche, les Médias, l'Enseignement, les livres dits d'Histoire nous l'avons vécu. Nous avons subi les insultes, y compris sur nos
Anciens, les falsifications de notre Histoire, la Désinformation, le Révisionnisme.
Enfin, pour parler d'aujourd'hui, vous êtes responsables de l'immigration massive, de ce que certains appellent "l'Invasion" ou "le 
Grand remplacement". Elle n'est que l'expression de la volonté de ceux qui dirigent le Monde, non pas les Politiques qui ne sont que
les exécutants, mais la Finance mondiale, les multinationales, les grandes banques, les fonds de pension US, les hedges funds, dont
SOROS, les fonds souverains, etc. Nos populations devenant âgées (Europe, USA, Japon et même la Chine pour cause d'enfant unique),
elles sont moins consommatrices, moins investisseuses, prenant moins de risques. Pour les dirigeants économiques cités, il faut des
consommateurs, plus besoin de bras (la moitié des gens en âge de travailler seront bientôt au chômage, d'où l'idée du revenu
universel par peur des émeutes et du Populisme). Nos nouveaux arrivants n'ont pas les moyens de consommer ? Si, en prélevant par
toujours plus d'impôts et cotisations sociales sur les présents.
Aussi, vous n'aurez pas plus ma voix de Père que celle de Français d'Algérie. Salutations distinguées.
Jean-Pierre RONDEAU
Président de DEPATRIES
Président d'Honneur d'ALLO (Anciens du Lycée Lamoricière d'Oran)
Délégué Ile de France de VERITAS
Adresse courriel perso: jprondeau@orange.fr
P.S. : Monsieur BAROIN, j'ai connu votre père. Il m'a même proposé une direction dans une des petites banques de son groupe. 
C'était un soir de la Saint Jean à Nogent sur Seine, il y a une trentaine d'années. Il était entouré de pas mal d'anciens de l'OAS ou de
Harkis. Il employait certains, y compris pour la sécurité de son entreprise. L'ancien Grand Maitre avait été chargé par le Gouvernement
POMPIDOU de négocier l'Amnistie en 1968 avec nos amis réfugiés en Espagne. En contrepartie, « l'OAS » rentrait. La panique de
Mai 68 était telle que c'était la seule force imaginée pour résister à la prise de pouvoir par les communistes. Tout en nous traitant en
amis, votre père n'avait peut-être pas adhéré à notre Combat et était certainement resté gaulliste, mais lui « il nous avait compris ».

Majorité POUR LA France
UNION DE LA DROITE ET DU CENTRE
Paris, le 6 juin 2017
Madame, Monsieur,
En Marche considère que la colonisation française en Afrique a été un crime contre l'humanité.
A la repentance nous préférons la lucidité sur notre histoire, sur celle des hommes et des femmes qui sont partis s'installer en Afrique 
du Nord. Poursuivant les traces de leurs aînés, les rapatriés ont tout donné à la terre sur  laquelle ils étaient nés. Leurs mérites, nous
les connaissons et comme nous l'avons toujours fait, nous mènerons toujours une politique qui en soit respectueuse.
Nous nous engageons auprès des « Rapatriés » à tout faire pour que soit rétablie la vérité sur leurs histoires.
Si, dans la droite ligne du Président Jacques Chirac, nous avons choisi la date du 5 décembre pour rendre hommage à tous les 
morts pour la France pendant la guerre d'Algérie, les combats du Maroc et de Tunisie, c'est parce qu'une journée nationale doit
rassembler les Français, apaiser et réconcilier les mémoires. La date du 19 mars 1962 ne le permet pas. Nous voulons que l'ensemble
des Français, notamment les plus jeunes, sachent ce qu'on été les épreuves, l'exil, les déchirements des Français et d'Afrique du Nord.
Face à l'ignorance et au déni, il faut que nous allions plus loin dans cette reconnaissance. Le travail de mémoire débuté par la Mission 
Interministérielle aux Rapatriés sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, et interrompu par la gauche, doit se poursuivre.
La protection et l'entretien des cimetières français en Algérie doit également être une priorité. Le financement du plan de remise en 
état doit être engagé.
Plus d'un millier de monuments aux morts ont été détruits, les plaques commémoratives des guerres de 1870,1914 et 1939 ont 
disparu. Un monument rappelant ceux d'Algérie doit trouver sa place dans notre capitale.
Le drame des personnes disparues ou enlevées a interdit à des milliers de familles de faire leur deuil. Là encore, le travail débuté par 
la Mission Interministérielle aux Rapatriés devra être repris.
Enfin, je souhaite que soit définitivement réglé la question des réparations et des réinstallations. L'indemnisation des pertes subies 
par les Rapatriés et le réexamen des dossiers de réinstallation doivent être une priorité. Je souhaite travailler sur ces deux sujets avec
vous afin d'en déterminer les modalités.
En vous remerciant par avance, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
François BAROIN   Bernard ACCOYER
238 rue de Vaugirard - 75015 PARIS
Tél. 0140 76 60 00 - www.republicains.fr
Retour à tous les communiqués
11 juin 2017

« AUX URNES CITOYENS ! »

Par José Castano

Quand la légitimité des élus se dérobe…

« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice » (George Orwell)

Le rideau vient de tomber sur ce premier tour des élections législatives et, comme lors des présidentielles, la vraie nature des responsables politiques s’est affichée au grand jour…

            C’est le chef de file LR, l’inénarrable François Baroin –postulant à Matignon- qui a ouvert, dès le 5 juin, la marche des courtisans vers le Pouvoir en prônant « un désistement dans le cas d'une triangulaire où le FN serait susceptible de l'emporter », invitant la République en marche et le PS à faire de même.

            Ces alliances ineptes ne sont pas de nature à transcender les partis, mais à favoriser les arrangements entre amis pour avoir sa place au soleil… Dès lors, il en résulte, par-delà les ambitions personnelles et les jeux de pouvoir, un manque flagrant de probité et d’éthique qui détourne inexorablement des urnes, les électeurs lassés par tant de malversations, de collusions, de palinodies et de versatilités de la classe politique… Où ils attendent l’espérance, on leur offre des bilans truqués, des chiffres faux, des compromissions, des « affaires » à répétitions… Rien, dans tout cela, qui ressemble à de la volonté, de l’enthousiasme, de l’espérance, par conséquent à de l’avenir. Alors, le sondage tombe comme une pierre dans le jardin de ces messieurs : ils nous ennuient… et les abstentions se multiplient lors des consultations électorales à l’exemple de ce premier tour où plus de 50% des électeurs se sont abstenus de voter. Que devient donc leur légitimité ? Que devient celle du Parlement ?

            Ce qui manque précisément aux élus, c’est la liberté de ne pas faire comme les autres, ne pas suivre aveuglément les consignes de partis, ne pas être inféodés à des lobbies. Ce qui manque à la plupart des responsables politiques pétris d’orgueil et assoiffés de pouvoir, c’est la liberté de faire valoir leurs talents propres, d’injecter des initiatives personnelles qui tiennent compte d’avis divergents, plutôt que s’évertuer à préserver contre vents et marées leurs propres intérêts. Ils sont le symbole moderne du cynisme absolu, de l'absence totale de fidélité à leurs idées, de l'opportunisme à la puissance 10

            Ce qui lasse désormais les électeurs, c’est cette nomenklatura régnante qui se partage depuis des lustres le pouvoir. Chez elle, le courage et la droiture sont passés de mode. Les fourbes sans esprit et les intrigants moroses sont en tous lieux les favoris des oligarques.

            « Nous étions les guépards, les lions. Ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes ». Dans« Le Guépard » de Luchino Visconti, le Prince Salina résume avec une lucidité remarquable mais une nostalgie poignante la sève du roman de Giuseppe Tomasi qui s’adapte parfaitement à la situation présente.

            Quand entendons-nous un de ces oligarques qui nous propose l’ardeur, l’action, l’honneur, l’élan, le sacrifice, la gloire, la patrie ? Mais non, il n’est question que de combinaisons, de petites alliances qui permettent de prendre les petites places et, par-dessus tout, de réchauffer sans cesse, pour en tirer son profit et y gagner sa croûte, l’opposition et presque la haine, entre Français. Depuis fort longtemps nous manquons d’hommes politiques d’envergure capables d’affronter les pires situations sans craindre d’être mis en « minorité », d’être « sanctionnés » lors d’une consultation électorale, de se voir opposer une « mise à l’écart » ou un chantage quelconque.

            Aujourd’hui, face au péril croissant que représente l’islamisation de la France, on sait bien ce qui se passerait si, par extraordinaire miracle un homme providentiel surgissait pour le combattre… Les laquais de télévision, les scribouillards, la « bien-pensance », les « humanistes » et le « politiquement correct » le traiteraient de « raciste », du moment qu’il voudrait libérer la France. On tendrait à sa sincérité tous les pièges possibles. Au lieu de l’aider, le soutenir et l’admirer, on ne s’occuperait que de le faire trébucher, à le déconsidérer, à l’écœurer. Hélas ! On y parviendrait sans doute, car quel cœur propre peut survivre aux ignominies de la « politicaille » ?

            « L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait ! » écrivait Georges Bernanos. Alors, Français ! Prenez en main votre avenir !

José CASTANO e-mail : joseph.castano0508@orange.fr

o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-

«  TERREUR ISLAMISTE » 

o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-

Mon blog cliquer sur : - Mon blog – 

Mes ouvrages, cliquez sur :-Ma Bibliographie – 

Ma biographie, cliquer sur :- Ma Biographie –  

10 mai 2017

« ET L’ALGERIE DEVINT FRANÇAISE… »

et-l-algerie-devint-francaise

(De l’expédition punitive de 1830 à l’avènement de l’Algérie française)

          Souvenez-vous de cette image qui illustrait nos livres d’histoire : Ventripotent, barbu, enturbanné et en colère ; le poignard au côté, l’éventail haut levé ; entouré de janissaires ; dans un décor oriental, un potentat courroucé invite à quitter ses salons un diplomate occidental inquiet, abasourdi, portant bicorne et grand uniforme…

Cette scène a longtemps résumé un grand chapitre d’histoire. Pour plusieurs générations de Français, le coup d’éventail du dey Hussein au consul général de France, Pierre Deval, a symbolisé la conquête de l’Algérie, .

Si l’on s’en tient aux souvenirs illustrés par cette image d’Epinal, on a tendance à simplifier le problème comme s’il ne s’était agi que d’aller venger, là-bas, un geste de mauvaise humeur. La vérité n’est pas si simple.

Ce n’est certes pas pour un coup d’éventail que la France va engager tant d’hommes et d’argent dans une expédition hasardeuse. Mais alors, pourquoi donc ?

Dans un premier temps, cette expédition décidée par Charles X, avait un but essentiel : mettre fin à la terreur barbaresque en Méditerranée : arraisonnement des navires de commerce, pillage de leur cargaison, mise aux fers et esclavage de leurs personnels… la plupart chrétiens.

La mission remplie, qu’allait on désormais bien pouvoir faire de ce pays libéré de la tutelle turque ?

Si la France abandonnait le terrain, tout donnait à penser que d’autres pays lui succéderaient pour des motifs plus ou moins avoués, politiques ou stratégiques… particulièrement l’Espagne et l’Angleterre. A quoi auraient donc servi tant d’efforts ? De sacrifices humains ? D’argent dépensé ?

Alors, la conquête du pays fut décidée et avec elle, l’envoi des premiers colons. Tous, ils étaient des déportés de la misère et de la politique, des réfractaires, des exilés, mais ils portaient en eux ce germe qui s’appelle l’audace et que leurs parents demeurés dans les vieux pays d’Europe allaient inexorablement laisser mourir comme des semailles gelées. Puis ce fut la création de l’Armée d’Afrique et celle de la Légion étrangère qui, des terres inhospitalières de Kabylie aux confins sahariens, de l’expédition du Mexique à celle du Tonkin, verront ces hommes, Français par le sang versé, faire le don de leur vie parce que, tout simplement, la France le leur avait demandé.

Cet ouvrage, destiné aux générations nouvelles, nous fait revivre, au rythme haletant et effréné des sacrifices, des actes de bravoure et des batailles héroïques, les plus belles aventures humaines de la conquête. A faire lire absolument à tous les partisans de la repentance

Adresser les commandes à : José CASTANO - 37, bd Sarrail - 34250 PALAVAS LES FLOTS

Prix : 19 euros, port inclus.

Règlement à la commande.

Publicité
Publicité
Publicité