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17 juillet 2010

LETTRE OUVERTE DE Mme NICOLE FERRANDIS

AUX SENATEURS DU GROUPE COMMUNISTE SUITE AU PROJET DE LOI FIXANT LA DESTINATION DU MEMORIAL NATIONAL DE LA GUERRE D’ALGERIE.

ASSOCIATION DES FAMILLES DES VICTIMES DU 26 MARS 1962

ET DE LEURS ALLIES

BP - 20027

95321 – ST LEU LA FORET CEDEX

tel :01 39 60 74 83

isly26mars@wanadoo.fr


le 15 juillet 2010

A Madame Nicole BORVO COHEN-SEAT, Sénateur, Présidente du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de gauche et à ses 23 Collègues.

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

         Je ne peux laisser passer sans réagir la proposition de loi « fixant la destination du Mémorial national de la guerre d’Algérie… et relative à la mémoire des victimes de l’O.A.S.», co-signée par les 24 sénateurs constituant votre groupe, que vous avez déposée le 7 juillet dernier.

         Le titre même de cette proposition trahit l’amalgame intentionnel et pervers par lequel vous cherchez à revenir sur l’hommage national enfin rendu aux Victimes innocentes tombées au cours d’une guerre tout autant civile que militaire et à interdire tout recueillement à titre privé à la mémoire du seul groupe de combattants de l’ombre objet de votre acharnement.

         Chef d’œuvre d’hypocrisie, concentré de mauvaise foi et de contre-vérités, ce texte, véritable paquet cadeau à l’organisation d’anciens combattants d’Algérie qui vous l’a peut-être inspiré, habille d’une morgue passéiste une volonté d’exclusion insupportable. Il s’efforce de culpabiliser les victimes pour tenter vainement de masquer la réalité d’un assassinat collectif, voire le justifier.

         Vous l’ignorez sans doute, à moins que cela ne vous indiffère, mais l’horreur ne s’est pas bornée au massacre. Après que les nôtres aient été abattus, frappés dans le dos et souvent à terre, les familles ont dû attendre le bon vouloir des autorités pour les enterrer. Les cérémonies ont été interdites, les corps amenés au petit matin par camions militaires… Tout cela fut odieux. Sachez qu’aujourd’hui, votre attitude l’est tout autant. Elle traduit votre mépris pour notre souffrance. Sans doute y a-t-il pour vous les bons et les mauvais morts !

         Aujourd’hui, ces anciens combattants que vous connaissez, voudraient continuer à enfouir le crime, cacher aussi toutes les victimes qui ont suivi le pseudo cessez-le-feu du 19 mars auquel ils s’accrochent. Pour cela, un seul moyen, les gommer, éloigner ces noms gênants du centre de la capitale pour être certains que personne ne les découvrira… Après avoir escamoté les corps, 48 ans après ils voudraient en faire autant pour les noms. Eh bien, sachez que pour nous l’hommage national, la reconnaissance du drame constitue un acompte sur réparation bien modeste au regard de ce crime odieux. Oui les noms doivent rester et resteront !

         L’association des Familles des Victimes du 26 mars 1962 s’opposera par tous les moyens de droit à leur exclusion du Mémorial national ouvert par la loi du 23 février 2005 et enfin réalisé au terme de cinq années de réflexion. Le nom de chacun des Morts qui s’élève désormais sur la colonne centrale témoigne du sacrifice de ces Innocents et ouvre la voie à la cohorte de victimes d’assassinats, d’attentats, d’enlèvements qui les ont précédés ou suivis et dans des conditions atroces…

         L’heure est enfin venue de la réconciliation des mémoires… et d’abord des mémoires franco-françaises. Perpétuer les oppositions, les ségrégations ne sert qu’à raviver les braises d’un feu sur le point de s’éteindre. Votre attitude, inhumaine et dictée sans aucun doute par la seule idéologie, réveille hélas bien des douleurs que j’espérais enfouies. J’avoue me faire une autre idée de la sagesse sénatoriale que vous venez de transgresser.

         Croyez, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, à ma profonde déception… et à notre détermination.

La Présidente

Nicole Ferrandis

Retour 26 mars 1962. 

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16 juillet 2010

ET UN DANGER DE PLUS

N° 618

PROPOSITION DE LOI 

Fixant la destination du Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie et relative à la mémoire des victimes de l'OAS (Organisation armée secrète), 

SÉNAT 

SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2009-2010

Enregistré à la Présidence du Sénat le 7 juillet 2010 

PRÉSENTÉE Par M. Guy FISCHER, Mmes Nicole BORVO COHEN-SEAT, Éliane ASSASSI, M. François AUTAIN, Mme Marie-France BEAUFILS, MM. Michel BILLOUT, Jean-Claude DANGLOT, Mmes Annie DAVID, Michelle DEMESSINE, Évelyne DIDIER, M. Thierry FOUCAUD, Mmes Brigitte GONTHIER-MAURIN, Gélita HOARAU, M. Robert HUE, Mme Marie-Agnès LABARRE, M. Gérard LE CAM, Mmes Josiane MATHON-POINAT, Isabelle PASQUET, MM. Jack RALITE, Ivan RENAR, Mmes Mireille SCHURCH, Odette TERRADE, MM. Bernard VERA et Jean-François VOGUET, Sénateurs (Envoyée à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement.)

EXPOSÉ DES MOTIFS 

Mesdames, Messieurs,

         Érigé à la demande des associations représentatives des anciens combattants en Algérie, au Maroc et en Tunisie, le Mémorial national présent sur la promenade piétonne du quai Branly à Paris (7e) a vocation à perpétuer le souvenir et à rendre hommage aux Morts pour la France durant les combats des guerres coloniales en Afrique du Nord.

C'est au terme d'une longue concertation avec les pouvoirs publics que ce monument a vu le jour, le 5 décembre 2002.

         Par arrêté du 3 mars 1998, le secrétaire d'État à la défense chargé des anciens combattants (M. Jean-Pierre MASSERET) avait mis en place un groupe de réflexion chargé de déterminer les modalités de création d'un mémorial national de la guerre d'Algérie. Ce groupe, présidé par M. Jean LANZI, journaliste et ancien combattant d'Algérie, était constitué de représentants d'associations d'anciens combattants, de directeurs de centres d'archives, d'historiens, des parlementaires rapporteurs du budget des anciens combattants dans chacune des assemblées et de personnalités qualifiées.

         À l'issue de dix réunions, la commission avait adopté quatre conditions à la construction du mémorial : le mémorial devait être édifié à Paris et dans un lieu prestigieux se prêtant à des cérémonies commémoratives ; il devait porter les noms de tous ceux qui sont morts pour la France entre 1952 et 1962 en Algérie, en Tunisie et au Maroc ; une inscription devait rappeler le souvenir de tous ceux, supplétifs en particulier, ayant disparu après le cessez-le-feu ; les noms devaient être inscrits par année de décès et dans l'ordre alphabétique sans autre mention supplémentaire que le prénom du soldat. Il avait également et surtout été décidé que seuls les noms des combattants dont l'acte de décès était revêtu de la mention réglementaire « Mort pour la France » entre 1952 et 1962 en Algérie, en Tunisie et au Maroc figureraient sur le mémorial.

         En l'absence de toute consultation préalable des associations, historiens et personnalités ayant participé à la définition de ces principes fondateurs, le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants, M. Hubert FALCO, a annoncé, le 5 décembre dernier, que la colonne centrale du Mémorial serait, à partir du 26 mars 2010, dédiée à la mémoire des victimes civiles de la fusillade ayant tragiquement conclu, rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962, une manifestation à caractère insurrectionnel à laquelle l'OAS avait appelé et que les autorités civiles et militaires avaient interdite.

         Cette annonce a été suivie d'effet : le 26 mars 2010, au cours d'une cérémonie officielle, en présence d'un représentant du secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants, il a été procédé à une seconde inauguration du monument dont la colonne centrale a été dévoilée dans sa nouvelle présentation, faisant apparaître les noms et prénoms, issus d'une liste privée, de victimes civiles des événements en question.

         Que ces victimes aient été enrôlées ou simplement manipulées par l'OAS, elles n'en ont pas moins obéi en toute connaissance de cause à un mot d'ordre émanant d'un mouvement séditieux dont l'objectif consistait à faire obstacle, par les armes et la terreur organisée, par le massacre collectif ou l'assassinat individuel, par l'attentat aveugle ou ciblé, à l'application des accords d'Évian, majoritairement approuvés par les Français, et empêcher, par conséquent, l'accès de l'Algérie à l'indépendance.

         Si, de toute évidence, le respect est dû par la collectivité nationale à l'ensemble des victimes de la guerre d'indépendance de l'Algérie, sans exclusive d'aucune sorte, celles de la fusillade intervenue le 26 mars 1962 à Alger ne peuvent en aucun cas être assimilées aux Morts pour la France, appelés du contingent, supplétifs, militaires de carrière, membres des forces de l'ordre tombés sous les coups notamment de l'OAS.

         La mémoire de ces victimes de la rue d'Isly est, en tout état de cause, déjà collectivement visée par le message contenu sur une stèle latérale édifiée le 5 décembre 2006 sur le site du quai Branly. Elle est également honorée par le monument dit de la butte du Chapeau rouge, dans le 19e arrondissement de Paris. De surcroît, leurs noms sont gravés sur des plaques individuelles à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes), près de la statue de Notre-Dame d'Afrique.

         Les auteurs de la présente proposition de loi estiment que l'initiative prise par le secrétariat d'État à la défense et aux anciens combattants constitue à la fois un détournement de la vocation du Mémorial national du quai Branly et une offense aux Morts pour la France en Afrique du Nord. Ils y voient la marque d'une soumission, lourde de conséquences, aux thèses révisionnistes développées par des organisations extrémistes.

         Pour preuve : certaines d'entre elles se sont, pour la première fois, opposées frontalement au déroulement, le 19 mars dernier, des commémorations du cessez-le-feu en Algérie, provoquant, localement, incidents et troubles à l'ordre public.

         De la même façon, la multiplication des injures publiques faites à la mémoire du Général de Gaulle et l'émergence tant de diffamations visant les victimes de l'OAS que de menaces à l'égard des personnes qui en défendent le souvenir démontrent combien la falsification de l'histoire, tolérée voire entretenue par l'État, peut déchaîner la violence du discours et combien celle-ci peut se traduire dans les actes : en atteste le développement actuel des procédures dont les cours et tribunaux sont saisis par les victimes de ces comportements.

         L'indignation du monde combattant est d'autant plus vive que l'État français, bienveillant à l'égard des anciens factieux dont il accepte toutes les formes d'héroïsation, s'est toujours montré hostile à la reconnaissance pleine et entière du sacrifice des quelque 2 200 victimes de l'OAS, en Algérie comme en France, qu'il s'agisse de civils, de militaires, de magistrats, de policiers, d'enseignants, de fonctionnaires, défenseurs des institutions de la République.

         La représentation nationale est en droit de s'inquiéter et a le devoir de réagir face à un désordre mémoriel générateur de transgressions de la vérité historique et de divisions entre les Français.

         La proposition de loi sur laquelle il lui est demandé de se prononcer aura pour effet, si elle est adoptée, de permettre au Gouvernement de restaurer son image de garant des valeurs républicaines et de prévenir les initiatives, nationales ou locales, susceptibles, à deux ans du cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, de nuire à la réconciliation des mémoires et à l'apaisement des rapports entre la France et l'Algérie.

         Dans cette perspective, cette proposition de loi :

1°) consacre, en la légalisant, la vocation originelle du Mémorial national des Morts pour la France en Afrique du Nord, en sorte que ce monument retrouve et puisse conserver son aspect antérieur à la date du 26 mars 2010 et qu'il soit préservé de tout risque de voie de fait ;

2°) porte reconnaissance par la France des crimes de guerre commis par l'OAS ou en son nom, quelles qu'en aient été les victimes, en Algérie comme en France, et favorise la mise en oeuvre des poursuites pénales à l'encontre des auteurs ou complices du délit d'injure ou diffamation dirigée contre la mémoire desdites victimes ;

3°) tend à restreindre le périmètre des cérémonies commémoratives ayant pour objet de glorifier les auteurs d'agissements inacceptables, même en temps de guerre, commis par l'OAS ou en son nom, et dont l'apologie publique, plus ou moins explicite, est de nature à porter atteinte, d'une part, aux principes du respect dû aux familles de victimes et de la nécessaire sauvegarde de l'ordre public, et, d'autre part, aux règles de décence et de neutralité applicables aux lieux où elles se déroulent.

PROPOSITION DE LOI 

Article 1er 

Le Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (quai Branly à Paris) accueille sur ses colonnes les noms des seules personnes dont l'acte de décès est revêtu de la mention « Mort pour la France » attribuée à titre militaire.

Article 2 

La France reconnaît les souffrances subies par l'ensemble des victimes des crimes de guerre et attentats commis par l'Organisation armée secrète (OAS) ou en son nom, en Algérie et en France, de 1961 à 1962.

Par dérogation aux dispositions du premier alinéa de l'article 34 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, toute injure ou diffamation dirigée contre la mémoire d'une victime de l'OAS expose son auteur à la mise en oeuvre des sanctions prévues en application, selon le cas, des articles 31, 32 ou 33 de la loi précitée, que celui-ci ait eu ou non l'intention de porter atteinte à l'honneur ou à la considération des héritiers, époux ou légataires universels vivants.

Article 3 

Sont interdits les hommages publics à l'OAS lorsqu'ils prennent la forme d'inscriptions, images, effigies, plaques, stèles ou monuments dédiés, sur le domaine public, à l'organisation ou, nominativement, à l'un ou l'autre de ses membres, vivants ou décédés.

Sont également interdites les cérémonies honorant la mémoire des membres de l'OAS lorsqu'elles se déroulent devant les monuments aux morts, à l'intérieur ou aux abords de cimetières et en d'autres lieux publics et qu'elles s'accompagnent de prises de parole tendant, soit à ériger les membres de cette organisation en martyrs et héros de l'Algérie française, soit à valoriser les actes dont ils se sont rendus coupables.

La sanction applicable à toute personne ayant participé ou prêté son concours à la réalisation d'une infraction aux dispositions du présent article est celle prévue au cinquième alinéa de l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. 

Retour 26 mars 1962.  

15 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS" 7

Pierre Salas- CHAPITRE 7-

LA  GUERRE D’ALGERIE.(1954 à 1962)

         Ce retour à la vie civile fut bref et  ne dura pas longtemps car quelques mois après, les événements se précipitant, nous fumes rappelés en même temps que certaines classes de métropole et versés dans des Compagnies Rurales pour ratisser les djebels à la recherche de fellaghas pas encore  très nombreux.

         Avec des gars de chez nous et des environs de notre département, nous sommes versés dans une Unité d’intervention et envoyés non loin de la frontière marocaine, à Nemours joli port de pêche de l’ouest oranais.

         Notre mission principale consistait en la protection 24 heures sur 24 d’une grosse carrière de la région.

C’est là où nous avons été confrontés pour la première fois à cette guerre larvée et sournoise dans toute son horreur, en déplorant l’assassinat barbare de l’un de nos copains, le Caporal-chef Soriano ( ?), enlevé, égorgé et pendu à un figuier.

         L’enlèvement de ce copain, originaire de Mercier Lacombe, eut lieu  au  retour d’une permission, pendant qu’il attendait le bus devant l’amener à notre campement.

         Une opération de ratissage est aussitôt montée mais bien évidemment, ces assassins, avait quitté les lieux depuis longtemps.

         Ce premier contact avec la mort  nous rend  particulièrement nerveux, suspicieux et vigilants. Le danger est là, autour de nous. Invisible il  nous entoure et  notre moral est ébranlé. Nous savons maintenant que nous affrontons un ennemi, invisible et insaisissable et l’avenir nous confirmera ce que nous pensions tous déjà de cette guerre.

         Nous ne restons que trois mois environ à Nemours et nous ne sommes pas fâchés de quitter cet endroit devenu sinistre pour nous, pour nous diriger non loin de là, à Béni-Saf, autre port de pêche et  haut  lieu de villégiature bien connu de l’Algérie heureuse d’avant.

         Là, au bout de quatre mois de crapahutage, éreintant et inutile, certains d’entre nous sont affectés à d’autres compagnies rurales ou dans des services hospitaliers.

         Cette guerre, pudiquement appelée “Opération de maintien de l’ordre” et qui ne veut pas avouer  son nom, existe bel et bien et nous devons affronter un ennemi insaisissable et que nous croisons probablement chaque jour au sein même de nos unités; en disant cela je ne peux m’empêcher et de me référer au massacre de Sebabna, entre Nemours et Nedroma (région de Tlemcen) où dans la nuit, le camp de Tralimet à 4 heures du matin, fut attaqué par des rebelles avec la complicité de rappelés musulmans sous la conduite d’un caporal-chef félon nommé Soudani, qui leur ouvrirent les barrières de barbelés.

         Dés la première attaque, le Lieutenant Fournier et une vingtaine de ses hommes surpris par cette attaque inattendue, furent abattus ou égorgés sans pouvoir se défendre. Les rebelles et leurs complices s’enfuirent avec armes et bagages en direction de la frontière Marocaine distante d’une quinzaine de kilomètres.

         Il y eut bien une opération de ratissage montée dans les heures qui suivirent, mais il était trop tard et elle s’avéra négative.

         Dans l’après-midi du même jour, les malheureuses victimes furent dirigées vers la morgue de l’hôpital militaire de Tlemcen et ce soir-là, j’étais de permanence au secrétariat.

         Il était dix-neuf heures quand nous fûmes prévenus par radio de l’arrivée imminente du GMC transportant les dépouilles de nos malheureux compagnons d’arme, et chargés d’effectuer les formalités inhérentes à leur accueil.

         L’estomac au bord des lèvres,  j’aidais les infirmiers de la morgue, à descendre mes infortunés camarades et à les déposer sur des tables en ciment destinées à cet effet.

         Quelle ne fût pas ma stupeur catastrophée de reconnaître parmi eux, un ancien camarade de  lycée André Picard, originaire d’Oran, comme presque toutes les autres victimes. Le destin cruel me faisait le retrouver gisant inerte et ensanglanté devant moi. Il portait une alliance à son auriculaire gauche. J’étais tellement ému que je ne fus pratiquement plus d’aucune utilité. C’était une circonstance  affreuse pour moi et un drame horrible que je  vivais en cet instant et  je pensais à ses parents, à  sa jeune veuve que je ne connaissais pas  et aussi peut-être à ses enfants orphelins de  père maintenant, imaginant quelle serait leur douleur en apprenant  cette tragédie dont les journaux ne manqueraient pas d’en faire état.

         J’étais plein de rage impuissante à l’encontre de cette guerre qui ne reculait devant rien. Le plâtre des murs de ma chambre garda jusqu’à mon départ l’empreinte des phalanges de mes poings

         Deux mois plus tard, nous étions libérés et  rendu à la vie civile mais avec affectation à une unité territoriale, où dans notre ville avec d’autres camarades nous étions chargés d’assurer des permanences hebdomadaires de garde et de surveillance des édifices publics, et cela dura encore cinq ans de plus jusqu’à l’indépendance.

         Le reste du temps nous vaquions à nos occupations professionnelles habituelles.

         Ce climat d’insécurité permanente, de crainte de l’attentat, de suspicion  envers tout le monde,  nous l’avons vécu jusqu’à l’exode en Juillet 1962.

          Etait-ce une bonne chose d’avoir instauré une territoriale composée exclusivement d’Européens ? On ne le saura jamais, peut-être était-ce voulu et prémédité mais c’est ainsi que la scission entre les communautés, commença.

         Les drames éclatèrent au grand jour.

                   A partir de cette période, les affaires en général, commencèrent à se dégrader.

         L’économie  se ressentait de cette crise dans laquelle se débattaient les différentes communautés et la peur de l’autre commença sournoisement à s’installer.

         Pour assurer la survie de nos entreprises et de notre personnel, nous étions obligés d’accepter des chantiers dangereux en pleines zones interdites et d’insécurité et pour leur  réalisation  nous agissions sous  protection militaire  pendant nos déplacements et la durée des travaux.

         C’est dans ces conditions difficiles, que furent construites dans toute l’Algérie, des bordjs pour les SAS, des casernes de gendarmerie aux frontières et le long de la ligne Maurice, s’étendant d’Oujda (Maroc)  jusqu’au delà de Colomb- Bechar.

         Notre entreprise réalisa plusieurs casernes de gendarmerie et des bordjs pour les SAS.

Nos deux derniers chantiers se situaient à Beni-Ounif et Khenadza, dans les environs de Colomb-Béchar, elle-même distante de 600 Kms de chez nous.

         Les seuls modes de locomotion étaient, soit l’avion, un DC3 à hélices, assurant hebdomadairement la liaison à partir d’Oran vers Bechar, soit par la route avec des véhicules appropriés au désert comme la 2CV Citroën ou la Dina Panhard, seuls véhicules capables de supporter le mauvais état des pistes et la température caniculaire. (Refroidissement par air)

         Et encore dans ce dernier cas, il était prudent et vital de se glisser dans un  convoi militaire, la route étant incertaine car minée du fait des bandes de fellaghas pullulant dans la région.

         Malgré tous ces problèmes, les chantiers se déroulaient quand même  et nous avions beaucoup de mérite à respecter à quelques semaines prés les plannings de travaux.

Ces derniers se déroulaient sous la protection de l’armée et certaines nuits, sous les tirs échangés entre fellaghas et nos militaires depuis Figuig (Maroc) et Beni-Ounif (Algérie) juste en face, à cinq ou six kilomètres de distance.

         Sur ces chantiers exposés et dangereux, il était vital et impératif de construire à vitesse accélérée, les sous-sols, protégés par une dalle en béton de 20 centimètres d’épaisseur. Dans ces locaux en dur, nous pouvions installer notre popote de chantier et  nos lits picots.

         La proximité de l’armée chargée de veiller sur notre sécurité était pour nous un gage de sécurité.

         Arriva le 13 Mai 1958 et l’époque des promesses d’une Algérie Française, fraternelle et prospère. Promesses faites par Charles De Gaulle, que nous avions aidé à mettre en place, pour nous inciter par son porte-voix  dans le cadre du fameux plan de Constantine à investir à outrance en Algérie car elle resterait “Française de Dunkerque à Tamanrasset jusqu’à la fin des temps”   Nous n’avions aucune raison de douter de sa parole et de son “je vous ai compris “ sur la place du Forum d’ Alger et.... nous avions tellement envie de croire en  ses déclarations qui nous paraissait sincères , avec ces  trémolos dans la voix. Trémolos qui n’étaient en fait que les signes précurseurs de sa haine envers ces Pieds-noirs qui avaient eu l’audace de mettre en doute son action en 1941. Pauvres naïfs que nous étions de prendre pour parole d’évangile ses discours aussi démagogiques et fallacieux que ceux d’un camelot marchand d’élixirs  à l’époque du Far West. Mais eux, on pouvait les lyncher.

         Quelle escroquerie ! Et comment  avons nous pu être crédules et naïfs à ce point ?

On aurait dû se  rappeler que parfois avec nos prétendus défenseurs ou amis, nous n’avons surtout pas besoin d’ennemis.

         Certains, à la désapprobation générale mais comme on le verra par la suite à juste titre, peu convaincus des promesses gouvernementales s’empressèrent de mettre leurs  avoirs  en lieu sûr, et d’autres (la grande majorité, dont nous faisions partie), avec l’aide de l’état et l’encouragement de ses banques investit en l’achat de terrains et en la  construction d’immeubles en co-propriété, car en vertu de ce fameux plan de Constantine, la population européenne et algérienne avait repris confiance et l’essor factice fût spectaculaire.

A suivre………

Pour commander l’ouvrage

Mail: salas-pierre@bbox.fr

Tel: 04 68 52 08 99 et 06 63 53 98 55
18 Rue Edouard Bourdet. 66100 PERPIGNAN
Prix 25.00€ + 3.5€ de frais de port.

Retour tous les chapitres.

15 juillet 2010

14 JUILLET A ORAN

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Merci à Georges Vieville.

DEFILE DU 9èm HUSSARDS LE 14 JUILLET 1958-1959 AU TELAGH EN ORANIE

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Retour photos A.F.N. 

14 juillet 2010

26 MARS 1962

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14 juillet 2010

UN DVD POUR L'HISTOIRE

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Du 26 mars 1962, rue d’Isly à Paris au 26 mars 2010, quai Branly à Paris

         On ne dira jamais assez notre reconnaissance à Nicole Ferrandis (seule rescapée miraculée de sa famille lors du massacre du 26 mars 1962 à Alger). Avec une opiniâtreté de Mère Courage, elle a réussi – malgré l’incompréhension (version charitable de dire les choses) de certains maximalistes qui confondent tchatche et efficacité – à imposer que les noms des assassinés de la rue d’Isly figurent sur un monument national, quai Branly, en plein centre de Paris.

         Des années de démarche, des négociations sans fin, des reculs, des avancées, des espoirs trahis, des paroles données puis reprises et, au bout, le 26 mars 2010, une cérémonie de réparation, avec piquet d’honneur présentant les armes, dépôt de gerbes, sonnerie aux morts, drapeaux inclinés.

         Un DVD existe pour raconter ces années de combat et cette cérémonie du quai Branly. Réalisé par Michel Barsky, c’est un document pour l’Histoire. Nicole Ferrandis, qui a laissé sa santé dans ce combat où elle fut souvent bien seule, explique :

         — Ce DVD réunit les moments forts des cérémonies organisées depuis sa création par l’Association des familles des victimes du 26 mars 1962. C’est ainsi que des extraits de Souvenez-vous, c’était le 26 mars 1962 à Alger, vidéo réalisée en 1999, du Bateau de la mémoire et du recueillement, vidéo réalisée en 2003, et du Cimetière des innocents, vidéo réalisée en 2007, jalonnent le chemin parcouru. Semé d’obstacles et d’embûches, ce chemin nous a conduit jusqu’au Mémorial national de la guerre d’Algérie, quai Branly, à deux pas de la Tour Eiffel, à Paris. Une succession de moments, remplis d’émotion, souvenirs précieux de chacune de ces cérémonies et, au final, le témoignage bouleversant de blessés

lors de cette tragédie, atteints dans leur chair et aussi dans leur âme. Quelques victimes vous attendent au terme de cette vidéo. Allez jusqu’à elles, à leur rencontre. Croisez leur doux regard, contemplez la bonté de leur sourire. Désormais, elles sont toutes « présentes ».

         Cette victoire – mémorielle et filiale – de Nicole Ferrandis a, faut-il le dire, déclenché les grandes manoeuvres de la FNACA et du PC. Mais celles, aussi, de deux sales types, Nicolas Dupont-Aignan et Patrick Balkany qui, gaullistes haineux (pardon pour la redondance), demandent au gouvernement que les noms de nos morts soient chassés du Mémorial du quai Branly. C’est pourquoi, faut-il le dire, il faut rester vigilant.

         Ajoutons que ce DVD est, de surcroît, un instrument utile à montrer (quitte à le leur offrir) aux édiles imbéciles qui, par idéologie ou affolés par les pressions de la FNACA, ont imposé dans leurs villes des rues du 19-Mars 1962.

         • Association des victimes du 26 mars 1962, BP 20027, 95321 Saint-Leu-la-Forêt Cedex. Tél. : 01 45 74 09 91. Prix : 21,50 euros. Durée : 1 h 30.

Article extrait du n° 7135 de Présent, Alain Sanders du Mercredi 14 juillet 2010

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Retour 26 mars 1962. 

14 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS"

CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3 

CHAPITRE 4

CHAPITRE 5 

CHAPITRE 6

CHAPITRE 7 

CHAPITRE 8

CHAPITRE 9

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10 juillet 2010

PROPOSITION DE LOI

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 29 avril 2010.

Visant à établir la reconnaissance par la France des souffrances subies par les citoyens français d’Algérie, victimes de crimes contre l’humanité du fait de leur appartenance ethnique, religieuse où politique.

RECONNAISSANCE des SOUFFRANCES des Fançais d'Algérie

            Au Sujet du  projet de Loi déposé le  29 Avril 2010 par des Députés UMP biens intentionnés

RAPPEL :

Les Accords d’Evian de 1962 prévoyaient :        (Extraits du texte)
– L’indépendance.
– Le retrait des autorités françaises des trois départements français, Alger, Oran et Constantine.

En réalité, il ne s’agissait pas d’accords au sens juridique du terme, le mot ne figurant nulle part dans le texte. Il ne s’agissait que d’une déclaration d’intention qui ne définissait pas les droits et obligations des deux parties ni ne prévoyait de sanction si les « intentions » n’étaient pas suivies des faits. D’ailleurs, le GPRA (Gouvernement provisoire de la République d’Algérie), réuni à Tripoli, refusa d’entériner ce texte   

                                                                                                                                                      

Commentaire à débattre :

         Comme dit dans ce projet de loi ces "accords" ne prévoyaient pas "l'indépendance" mais un référendum il est vrai que rien n'était dit si le résultat avait été négatif ? Le texte à donc bien été entériné de facto en Algérie comme en France par plus fort que les gouvernements où pseudos au regard du droit international (c'est un fait et non une sentence) Mais ce n'est qu'un point de vue. En tout cas le manque supposé "de validité juridique" ne gène pas ceux qui ne l'on pas respecté c'est à dire le FLN et abonde dans leur sens ! En atténuant  la responsabilité de ceux qui n'auraient pu le faire appliquer faute d'un appui technique juridique ! (Je crains que se soit la démarche objective de nos députés)

JF Paya  http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1808


         Au sujet des remarques sur le préambule du projet de loi déposé par des députés UMP (en toute bonne intention)

Réponse à certaines critiques légitimes :

J'ai bien lu les critiques sur Evian mais d'autres aussi notamment sur le dépôt à l'ONU. En tout cas entérinés par 2 référendums (contestables mais reconnus sur le plan international de facto!) ces "accords" ont fait l'objet de décrets qui nous régissent encore en droit privé état civil, etc… j'en ai plusieurs volumes. En tout cas, tout débat et controverse sont bon mais si le FLN n'avait aucune obligation :amnisties, indemnisations, etc... il a eu raison d'agir à sa guise et notre gouvernement président en tête est d'autant plus coupable et il faut alors le proclamer  dans ce préambule.

Maintenant ce n'est qu'un simple avis de citoyen

Cordialement J-F Paya

SOURCES

Pour l’enregistrement  à l'ONU:

         «Les déclarations du 19 mars communément désignées (sic) sous le nom »d’accords d’Evian« constituent une convention internationale », affirma-t-il, en raison d’une part de l’échange de lettres entre le Président de la République française et le Président de l’exécutif provisoire algérien et d’autre part du fait de leur enregistrement du 24 août 1964 au Secrétariat général des Nations unies (réponse du ministre des Affaires étrangères au Conseil d’Etat - mars 1968).

Remarque: seul "l'exécutif provisoire est considéré comme autorité légitime en Algérie après  l’indépendance dans l'attente d'élections prévues par le texte d'Evian. (Toujours le formel)

         Pour l'utilisation Juridique (et il y en a d 'autres) France, il est impossible de parler de victoire, à moins de considérer que le seul but des accords d’Evian était de la débarrasser du boulet algérien à tout prix. On comprend aisément qu’une grande partie des rapatriés continuent à les juger illégitimes dans leur principe. Mais il n’était pas nécessaire de croire à la possibilité d’intégrer l’Algérie dans la France pour les juger avec sévérité, comme l’a fait Maurice Allais, partisan d’une véritable autodétermination qui aurait respecté les droits des minorités : d’après-lui, c’était moins les accords d’Evian que l’absence de garanties réelles, de sanctions contraignantes contre leur violation prévisible, qui était condamnable [texte de Pervillé].

         Mais quoi que puissent en penser les rapatriés, il n’en est pas moins vrai que les accords d’Evian sont la meilleure base légale pour toute action de nature juridique ou judiciaire qu’ils voudraient entreprendre pour la défense de leurs intérêts matériels ou moraux: ils auraient tort de se priver de leur meilleur argument.

Guy Pervillé Historien.

Pour la période transitoire  dans l'attente d'un gouvernement Algérien:

Extrait

         "Les règles énoncées par la présente déclaration générale et les déclarations jointes entreront en même temps en vigueur. L'Exécutif provisoire organisera, dans un délai de trois semaines, des élections pour la désignation de l'Assemblée nationale algérienne à laquelle il remettra ses pouvoirs "

         Sauf  que le délai durera plus de 2 Mois vu les luttes Algériennes internes ce qui théoriquement rallongeait les pouvoirs de l'exécutif  et le statut prévu notamment en matière de maintien de l'ordre (couverture possible pour les autorités Françaises "non utilisée" pour défendre leurs ressortissants et supplétifs)

LES GARANTIES ETAIENT LA ! IL FALLAIT LES PRENDRE sans compter LE ROBINET  FINANCIER

         Mais en plus de la Base Militaire de Mers El Kébir le sujet primordial pour la Bombe du général (terminer les essais: base d'un "Deal " possible dés le 5 Juillet avec ceux qui vont prendre le pouvoir et qui ont critiqué  le texte d'Evian.

"La France utilisera pour une durée de cinq ans les sites comprenant les installations d'ln Ekker, Reggane et de l'ensemble de Colomb-Béchar-Hamaguir, dont le périmètre est délimité dans le plan annexé, ainsi que les stations techniques de localisation correspondantes. Les mesures temporaires que comporte le fonctionnement des installations à l'extérieur de celles-ci, notamment en matière de circulation terrestre et aérienne, seront prises par les services français en accord avec les autorités algériennes".

J-F PAYA

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4 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS" 6

Pierre Salas- CHAPITRE 6-

Prologue à la guerre d’Algérie.

(de 1953 à 1955)

         Comme bon nombre de mes contemporains, un beau jour, je fus convoqué au bureau militaire de recrutement afin de passer le conseil de révision, en vue d’une prochaine incorporation dans l’armée et accomplir mon service militaire, dans l’année qui venait.

         Je recevais deux mois plus tard, ma feuille de départ pour le 41° RT, à Fès (Maroc) où quelques jours après, j’étais incorporé.

         Quand on est un bleu, et pied-noir (c’est là où j’ entendis ce mot pour la première fois et j’en fus assez vexé d’ailleurs), les premiers jours sont durs à supporter car on est l’objet de  petites tracasseries tant par les sous-officiers  pour des corvées dont on n’a pas alors la moindre idée  si ce n’est par  les “anciens” qui se font un malin plaisir de bizuter les nouveaux arrivés comme nous, lors des festivités du Père Cent (100 jours avant la quille) par exemple..

         Le problème pour ces derniers, c’est que nous possédions bien quelques excellents rudiments de bagarres de rues, comme le coup de boule (dont nous revendiquons la paternité, et qui maintenant est passé dans le domaine public) par exemple, que nous avions bien retenu parfois à nos dépens, et  bon nombre d’entre eux se trouvaient passablement choqués lorsqu’ils tombaient sur des gaillards capables de se défendre .On avait droit au respect général ensuite.

         Dés notre arrivée en caserne, nous devions subir cette horreur de vaccination appelée T.A.B.D.T, qui nous immobilisait, tordus de douleur sur notre lit de camp. Cette série de quatre piqûres nous était administrée  le vendredi matin et nous restions consignés sanitaires jusqu’au lundi, la torture étant renouvelée tous les 15 jours.

         Au cours d’un stage de sélection, certains d’entre nous ayant obtenu de bonnes notes, furent envoyés à l’Ecole Militaire Annexe des Transmissions (EMAT/ AFN), à Ben Aknoun.....département d’Alger.

         Après tout, Alger était une grande ville avec une bonne desserte voies ferrées en toutes les directions d’Algérie.

Nous fûmes affectés à un peloton d’élèves sous-officiers et comme pour nous donner le coup de grâce, nous apprenions que nous n’étions qu’en transit et que notre vraie destination était, une petite ville de garnison située à 180 kms au sud d’Alger appelé Aumale sur la route de Bou-Saada à la lisière du Sahara.

         Ce fût le coup de grâce pour certains d’entre nous qui avions nos fiancées dans d’autres villes, distantes de 400 à 600 kms et la perspective de ne pas pouvoir les revoir à notre gré, à cause de l’éloignement, se rétrécissait comme une peau de chagrin.

       Toutes les bonnes résolutions de notre part, s’effondraient comme un château de cartes.

De ce fait, les uns décidaient de voir venir et de  subir leur temps d’armée. Les autres en prirent leur parti et s’accommodèrent de leur mieux à leur sort.

Les premiers n’accordaient aucune attention aux cours de “lecture au son” et autres techniques militaires au désespoir de leurs instructeurs.

Les autres plus malléables ou plus visionnaires suivirent leurs cours de  peloton.

         Le peloton terminé, les premiers se retrouvèrent 2° classe, 1° classe ou Maîtres ouvriers.

Les seconds devinrent fort justement au moins caporal, jusqu’à sergent et furent mutés quelquefois suivant leur choix.

Faisant partie du groupe des récalcitrants 2° classe, mais compte tenu de ma formation civile, je fus affecté au bureau de l’instruction comme dessinateur d’abord, comme aide-comptable ensuite, chargé des analyses caloriques des menus et de  la paye des hommes de troupe.

         Les jours  s’écoulaient lentement quand subitement le mardi 2 Novembre 1954 nous apprenions par les journaux qu’une série d’attentats avait été perpétrée  la veille de la Toussaint et à la même heure en divers points du pays faisant huit victimes dont deux jeunes instituteurs (seule la jeune femme survécût) lors de l’attaque d’un autobus assurant la liaison Biskra-Arris.

         C’était un plan mûrement réfléchi mais qui devait suffisamment alerter l’opinion internationale pour que chacun comprenne que la guerre d’Algérie venait de commencer.

         Ce fût le début des événements avec au petit bonheur la malchance, leur cortège de misère,de mort et de souffrances pour toutes les communautés . Dieu et Allah, nous laissaient livrés à nous mêmes.

         Après mes deux années contractuelles, je fus maintenu sous les drapeaux trois mois de plus  et rendu enfin à la vie civile.

A SUIVRE…………….

                                                                  

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29 juin 2010

ORAN

5 JUILLET 1962 - LE GENOCIDE

Par José Castano

« J’écris dans ce pays que le sang défigure qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies, une halle à tous vents que la grêle inaugure, une ruine où la mort s’exerce aux osselets. » (Louis Aragon - « François la Terreur »)

         Ce jeudi 5 juillet ne paraissait pas devoir être, à Oran, une journée plus angoissante que les autres. Comme depuis cinq jours, les Oranais s'éveillaient dans les rumeurs d'une foule qui avait déjà envahi la rue, ivre de promesses et de rêves. On allait enfin connaître le bien être, le monde allait changer de face, le pactole allait couler. Et la fête continuait... tandis que les Français qui étaient encore là bouclaient leurs valises ou attendaient, écrasés de soleil et de misère, un bateau sur les quais ou un avion aux abords de l'aérogare.

            Un soulagement pourtant se faisait jour parmi ces Français-là. Tous avaient redouté la date fatidique du 1er juillet (référendum) et plus encore celle du 3 juillet qui avait vu défiler sept katibas de l'ALN dans Oran. Or, rien de ce qu'on avait craint ne s'était passé. Les enlèvements se succédaient, certes, les attentats sournois au coin des rues, aussi, mais il n'y avait pas eu de déferlement de la masse musulmane et le chef de détachement des unités de l'ALN, le Capitaine Bakhti avait déclaré aux Européens : « Vous pourrez vivre avec nous autant que vous voudrez et avec toutes les garanties accordées par le GPRA. L'ALN est présente à Oran. Pas question d'égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure que celle que vous connaissiez auparavant ! » 

            De plus, le général Katz, en personne, avait estimé qu’il avait pris toutes les dispositions nécessaires pour que les manifestations du 5 juillet à Oran se passent dans le calme le plus absolu. Avec le Capitaine Bakhti, il s’était engagé à ce que les réjouissances algériennes ne débordent pas en ville européenne. Pourquoi dans ce cas là s'inquiéter plus que de coutume ? La fête marquant la célébration de l'indépendance  algérienne pouvait commencer...

            Cependant, dès l'aube, le village nègre (quartiers arabes) se mit en mouvement et contrairement à ce qui avait été promis, ce furent des milliers de Musulmans qui déferlèrent vers la ville européenne, s'étourdissant dans les cris, les chants, les you-you des femmes. Rien ne laissait encore prévoir le drame qui allait se passer. Pourtant de nombreux Européens constatèrent que certains avaient une arme à la main et que beaucoup d'autres tentaient de dissimuler soit un revolver, un couteau, un fusil, une hache ou un gourdin. Le doute n'était plus permis. Alors les plus avertis se barricadèrent et on essaya de prévenir par téléphone les amis et la famille de ses craintes.

            Place Jeanne d'Arc située devant la cathédrale, une Musulmane, après avoir poussé une série de you-you stridents, grimpa sur le socle de la statue équestre de la pucelle d'Orléans. On lui tendit un drapeau vert et blanc qu'elle accrocha à l'épée que Jeanne d'Arc pointait vers le ciel. Une immense clameur accueillit cette action. Survoltée par sa prouesse, la mégère entreprit, toujours juchée sur le socle, une danse du ventre endiablée, supportée en cela par des milliers de mains qui claquaient au rythme de la danse. Il n'y avait plus de France en Algérie, il n'y avait plus de pucelle Française. L’Algérie appartenait aux Algériens !

            A midi moins dix, devant le théâtre municipal où s'était rassemblée la foule, un silence incompréhensible s'établit soudain. Des responsables du FLN, étaient là, encadrant la meute et semblant attendre un signe. Puis quatre coups de feu isolés se firent entendre. C'était le signal ! Ce fut alors que plusieurs hommes, semblant mettre à exécution un plan mûrement réfléchi, partirent en courant dans toutes les directions, criant : « C'est l'OAS, c'est l'OAS qui nous tire dessus !» entraînant par là même la foule qui se mit également à courir en criant « OAS, OAS, OAS ! »

            De ce rassemblement qui se devait - aux dires de Katz - être pacifique, émergèrent soudain des hommes en armes qui, pour affoler les gens, tirèrent dans toutes les directions - y compris sur la foule - aux cris de « OAS assassins ! Sus à l'OAS ! »

            Bientôt le feu fut dirigé sur les sentinelles françaises en faction devant la mairie, le Château-Neuf (là précisément où se tenait l'état-major de Katz) et l'hôtel Martinez qui hébergeait les officiers français. Après un moment d'hésitation, les soldats français ripostèrent à leur tour avant de se barricader. Ce fut là le point de départ du plus grand pogrom anti-européen que l’Algérie n’eût jamais connu.

            Ce qui va se passer ce 5 juillet à Oran, sera insoutenable à voir. Toutes les limites de l'horreur seront franchies. Des centaines d'Européens seront enlevés ; on égorgera, on émasculera, on mutilera pour le plaisir, on arrachera les tripes des suppliciés, on remplira les ventres de terre et de pierraille, des têtes d'enfants éclateront contre les murs comme des noix, des hommes seront crucifiés, brûlés vifs ; des femmes seront violées puis livrées à la prostitution ; le sang se répandra en nappes tandis qu'au village nègre, les Européens encore vivants seront suspendus par le palais aux crochets d’abattoir.

            Comment pardonner, 48 ans après l’horreur de ce sang pleurant des viandes… ces bouts de cadavres que l’étal tenait suspendu à ses crochets ? Le crime est bien trop grand pour que nous n’en perdions jamais le souvenir !

            Très vite, les Européens qui ne s’attendaient pas à ce déferlement de violence furent pris en chasse et bientôt ce ne fut qu’horreurs et abominations.    Les cris de terreur trouvaient leur écho dans toutes les gorges des victimes pourchassées. Il ne subsistait plus le moindre sang froid, plus le moindre germe d'humanité... Ce n'était plus qu'une avalanche de démence et de terreur. Le carnage était sans précédent. La puanteur uniforme de la mort avait remplacé les odeurs multiples de la vie.

            Pendant ce temps, l'armée française se barricadait dans les postes de garde en position de surveillance. Un hélicoptère survola la ville. A son bord, le Général Katz essayait d’apprécier la situation. D'après le rapport des sentinelles, sur la seule place d'Armes, il y avait au moins vingt cadavres d'Européens affreusement mutilés. Mais du haut de son appareil, le « boucher d'Oran » - ainsi l'avaient surnommé les Oranais - crut pouvoir conclure que la ville semblait calme (!). Tout était, apparemment, rentré dans l'ordre ! Il valait mieux éviter un affrontement avec le FLN, pensa-t-il !... et le drapeau français fut amené pour ne pas exciter davantage la multitude.

            Chaque Européen était devenu proie, gibier face à la foule terrible, acharnée à sa joie, déchaînée, et quand ils apercevaient des véhicules de l'armée française, en proie à la terreur, tentaient d'y grimper… ils y étaient la plupart du temps repoussés à coups de crosse.      C'était l'épouvante parmi eux. « Mais que fait l'armée, que fait l'armée ? » disaient-ils. Ils entendaient encore les hauts parleurs des camions militaires promener dans toute la ville, le lancinant et rassurant appel : « Oranais, Oranaises, n'écoutez pas ceux qui vous mentent (sous-entendu, l'OAS). L'armée est ici et restera pendant trois ans pour vous protéger. ». C'était, les 26, 27 et 28 juin 1962 !

            Des hommes en tenue de combat, rutilantes de neuf, « les valeureux soldats de la libération », et d'autres civils armés se déversaient dans les immeubles et en ressortaient des files d'Européens, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ces malheureux « convois de la mort » prenaient la direction d'Eckmuhl, du Petit Lac et de la Ville Nouvelle, mains sur la tête, sous les sarcasmes, les crachats, les injures, les coups et les huées de la populace. Pour eux, c'était la fin, ils le savaient et ils priaient pour que la mort vînt les prendre le plus vite possible et les arracher aux supplices qui les attendaient. Avec amertume ils se remémoraient les paroles de Fouchet : « La France n'oubliera jamais l'Algérie. Sa main sera toujours là pour l'aider»... « Comment pouvez-vous croire que la France puisse vous abandonner ? Vous avez la garantie d'un traitement  privilégié ».

            Il  est vrai que le Ministre n'avait pas précisé de quel traitement il s'agirait !... Et aujourd'hui, la ville toute entière leur paraissait une tombe : la leur. Aucune aide de personne à attendre. Crier, appeler au secours, tout était inutile. C'était le colonialisme et la génération nouvelle qu'on allait détruire, voilà tout. Alors, qu'importait qu'on saignât les enfants et qu'on ouvrît le ventre des mères, qu'on arrachât les tripes des suppliciés et qu'on les pendît par les pieds au-dessus de braises incandescentes...

            A dix sept heures, enfin, le bruit caractéristique d'un convoi de camions se fit entendre. C'était la gendarmerie mobile, l'âme damnée du Général Katz qui prenait position. Dès cet instant, comme par miracle, la manifestation prit fin et la populace disparut... mais il était trop tard.

            Des centaines de cadavres jonchaient les rues, le sang avait maculé trottoirs et rigoles, les appartements étaient dévastés, les magasins pillés, les disparitions ne se comptaient plus, la ville avait pris le visage de l'apocalypse.

            Pourquoi cette intervention s'était-elle produite si tardivement ? Avait-on décidé de faire payer aux Oranais leur folie, leur passion pour l'Algérie française, leur trop grande fidélité à l'OAS ?

            Où était passé le Capitaine Bakhti, l'homme fort, l'homme de confiance de Katz, qui avait déclaré le 3 juillet qu'il n'était pas question d'égorgement ?

            La réponse est simple : Paris, qui, grâce à ses renseignements, s'attendait à cette explosion de folie furieuse, avait ordonné à Katz « de ne pas bouger, de laisser faire ». Et Katz, grosse brute bornée qui tirait vanité de sa servilité - même quand il s'agissait d'assassiner ou de laisser assassiner des Français ! - à la recherche constante d'une nouvelle étoile, obtempéra aveuglément. Ceci est une certitude.  Les preuves matérielles foisonnent en ce sens. Ce qui est incontestable, c'est que l'ordre de Paris, capté à la poste centrale vers 16 h 30, de faire cesser la tuerie eut instantanément son effet. A 17 heures, tout était fini et la ville abasourdie était plongée dans un silence de mort, de cette mort qui pendant six heures s'était abattue sur elle. Katz quant à lui, pouvait être fier : Il avait obéi aux ordres et une quatrième étoile allait récompenser sa fidélité.

           Cependant dans la cité meurtrie, l'angoisse étreignait les survivants. Chacun tremblait pour les siens, les gens se cherchaient, beaucoup demeuraient encore cachés de peur de voir la tornade s'abattre de nouveau. Le nombre des disparitions augmentait d'heure en heure, aggravant le tourment des familles. La morgue était pleine à craquer et une odeur fétide s'en dégageait. On en refusa bientôt l'entrée et les corps entassés, mutilés, étaient méconnaissables.

            Dans la ville arabe et au Petit Lac, le tas des tués était plus incohérent et plus dense. Il s'échappait une odeur fétide, insupportable, une épouvantable pestilence. L'on pouvait voir, trempant dans des bains répugnants, les viscères des malheureuses victimes et sur un mur, tracé d'une main maladroite, l'on pouvait lire : « Les boyaux des Français »... Et toujours cette liesse, et toujours ces cris « Mort aux Chrétiens ! »... Et toujours cette foule frénétique, fanatique, cette même foule qui, quelques mois plus tard, n'obtenant rien des promesses invoquées tout au long de la guerre et réduite soudain à la famine, émigrera en France avec une mine attristée et des yeux de douleur, dans cette Patrie qu'ils auront eu plaisir à humilier et dont ils auront persécuté avec délice ses enfants.

José CASTANO (joseph.castano0508@orange.fr)


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28 juin 2010

EN MARGE D'UNE CONTROVERSE

Sur les Causes du Massacre d'Oran du 5 juillet 1962

Pour info et piste de recherche dans la mesure ou pour une fois Meynier à Raison, alors qu’il ne voudra pas polémiquer avec Monneret.
"DEAL"  De facto ALN / Pouvoir Gaulliste

         Difficile de prouver le "deal" mais tout se passe comme si les effets justifiant la cause et en histoire cela compte (L'ordre de consigner les troupes arrive la veille alors que Katz avait prévu dans une directive 99 du 20 Juin l'intervention possible des troupes "en cas de légitime défense de nos ressortissants"après l'indépendance)
         Besoin de l’accord des putchistes d 'Oujda opposes à Evian pour garder les bases militaires d'essais: Jean  Monneret et d'autres ne donnent aucune raisons spécifiques a Oran, si non des généralités valables pour toute l'Algérie pour un massacre "spontané"(alors que le film de JP Lledo nous apprend qu'aucun ne le fut !) Sur des questions ponctuelles ou il ne répond pas. aucun texte valable dans ses annexes sauf un du 17/5/61 antérieur au 5 juillet (il avait avance  une quantité  d'archives /même pas référencés des fameux JMO sur "les enlèvements " signalés  à certaines unités et pas des "disparus"ce qui est plus large signalés a Oran et en France pour les isolés ;(familles parties) P111 il suggère responsabilités des Oranais Donc si la provocation de la foule est admise de toutes façons (Deal ou pas) dans ce contexte nous avons raison et certains avertissements ont  circulés la veille ! Mais aller sur  notre site et plus loin les cahiers du Révérend Père Delaparre négligés par les "historiens"

ORIGINE DES COUPS DE FEU  ET DE LA PROVOCATION INITIALE
          Certains historiens disent" origine des coups de feu inconnue " laissant planer un doute sans donner tous les éléments pour juger. Coups de feu initiaux vers 11 h 15 place karghenta et boulevard Joffre sur le défilé FLN structure qui venait de "la ville nouvelle" on en est pratiquement sûr par divers témoignages tant algériens que PN et militaires ( commandant du service social des armées et sa secrétaire placés sur la terrasse de leur villa Boulevard Joffre "venant d"un grand immeuble situé plus haut film Pathé )  Capitaine Gaston cité par Général Katz vu des tirs venant de la maison de l"agriculture place Karghenta témoignages d"ATO touches et scouts musulmans aussi  Bien Katz conclu sans preuves bien sur "desperados OAS"

         C’est ce que les meneurs de l"émeute crient en bas "C’est l’OAS"  Mais il faut dire que pas un seul tireur européen n’a été trouvé autours de ces immeubles cerné par les miliciens FLN en armes qui ont envahis les étages et fouillé par tout et quoi de plus ressemblant dans la confusion totale à un musulman armé qu’un autre musulman armé qui fait semblant de chercher aussi ! Personne ne pouvait supputer le tir des uns sur les autres ! Et pas beaucoup n"étaient au courant des divergences Oujda GPRA même nos services ont mis le temps à le comprendre voir dans mes archives le document classifié du 2ém bureau Oran qui vient de découvrir 15 jours après l’Ordre Du Jour du 5 juillet de l’EMG d Oujda, qui prévoyait prémonitoirement "qu’il faudra protéger la minorité européenne et que le GPRA n’était pas capable de maintenir l’ordre ni de gouverner l’Algérie !
         A mon avis les historiens en ne donnant pas tous ces éléments se réfugient dans une fausse neutralité qui nuit a la recherche de la vérité. Maintenant il ne s’agit la que de logique pour ma part j’ai eu coté informateurs algériens d’autres certitudes quant à la provocation montée par l’EMG du Maroc et même des auteurs qui sont loin d’être favorables aux PN en ont convenus,voir mes textes   NOTE SUR LE CHIFFRAGE DES VICTIMES

         Pour la période transitoire  dans l'attente d'un gouvernement Algérien / Facile de dire à posteriori  que l ALN du Maroc n'avait pas besoin d'un prétexte pour prendre le pouvoir à Oran sans connaitre les réactions de la France? D'autre part il fallait éviter une trop grande concentration d'européens à Oran, leur faire peur, et s'affirmer comme force d'intervention devant l'armée Française (mais cela nous l'avons dit mille fois!) Quant à la division du FLN à Oran une délégation était même rendue à Alger contacter le GPRA (colloque de Jussieu par F Soufi et d'autres).

Etudes Coloniales   Débat  causes des massacres d'Oran du 5 Juillet 1962

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2010/05/30/18052308.html#c35042373

         Extrait «les règles énoncées par la présente déclaration d Evian générale et les déclarations jointes entreront en même temps en vigueur. L'Exécutif provisoire organisera, dans un délai de trois semaines, des élections pour la désignation de l'Assemblée nationale algérienne à laquelle il remettra ses pouvoirs » sauf  que le délai durera plus de 2 Mois vu les luttes Algériennes internes ce qui théoriquement  rallongeait  les pouvoirs de l'Exécutif  et le statut prévu notamment en matière de maintien de l'ordre  (couverture possible pour les autorités Françaises "non utilisée" pour défendre leurs ressortissants et supplétifs)

         LES GARANTIES ETAIENT LA ! IL FALLAIT LES PRENDRE sans compter LE ROBINET  FINANCIER / CI DESSOUS " ORIGINE DU POUVOIRALGERIEN "

sources algériennes négligées par certains comme ce témoignage

Journal d’un Prêtre  en Algérie ORAN  1961 – 1962  Michel de Laparre

         Laissant les politiques se charger des négociations d'Evian, et après la sortie des cinq historiques de prison, l'état-major général sous Boumediene trouve le moment propice pour actionner le coup d'Etat contre le GPRA. (Initié par la provocation d'Oran le 5 juillet). Pour donner du poids à ce coup de force, il fallait une couverture politique via un des historiques. Seul Ben Bella, animé aussi par l'amour du pouvoir, accepta l'offre de l'EMG. En légalistes, Aït Ahmed et Boudiaf refusèrent de cautionner le putsch. “L'armée de Boumediene avait un double atout considérable: sa force et son unité favorisées par un long travail d'endoctrinement. Mais elle n'avait que peu de répondants dans la société algérienne et son leadership était rejeté par plusieurs wilayas. Il fallait à Boumediene de bien faire jouer le prestige de Ben Bella pour s'implanter politiquement (opposition Algérienne )

Si cela permet le débat ? Pourquoi pas ...

PAR JEAN FRANCOIS PAYA   cercle Algérianiste du Poitou

RETOUR JEAN FRANCOIS PAYA ORAN 5 JUILLET 1962

 

 

 

23 juin 2010

AVIS DE DECES

Colonel Gaston BAUTISTA

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L’équipe du CDHA a la profonde tristesse de vous annoncer le décès du Colonel Gaston BAUTISTA :

Le Colonel Gaston BAUTISTA, est décédé ce samedi 19 juin 2010, à l’âge de 91 ans à son domicile de la Seyne sur Mer. Né en 1919 à Saïda, département d’Oran, il était chef de bataillon du génie dans la réserve.

Officier dans « l’Ordre National de la Légion d’honneur » dés 1946. Il était titulaire de :

- La croix de guerre 1939-1945 avec cinq citations : 1 « palme », 2 « étoiles de vermeil » et 2 « étoiles d’argent ».

- La croix de la valeur militaire avec 1 « citation étoile d’argent ».

- La « Bronze Métal » avec 1 citation « à l’ordre de l’armée Américaine » décernée par le Lieutenant Général Mark. W. CLARK, pour ses faits d’armes en Italie les 14 et 15 mai 1944.

présent sur de très nombreux théâtres d’opérations durant la guerre de 1939/1945, il combattit en Italie, débarqua sur les côtes de Provence, participa à la libération de « Notre Dame de la Garde », à la libération de « Toulon », il ouvrit également des têtes de ponts sur le Rhin au sein de la 3éme D.I.A sous les ordres du Général de MONTSABERT.

Affecté à différents postes en A.O.F, puis à Montauban, Sétif, Tarbes, Montpellier pour être nommé le 15 décembre 1958 « Chef d’Etat Major du sous secteur d’Hussein Dey au 19éme régiment du Génie, il est nommé « Chef de Bataillon » le 1er janvier 1962.

Il fera valoir ses droits à la retraite le 16 février 1965.

         Dés qu’un compliment lui était adressé pour ses faits d’armes, il y associait, systématiquement, tous ses soldats. Rentré dans la vie civile il occupera des postes de responsable au sein de cabinets d’études.

         Sa vie de retraité fut aussi remplie que sa vie « active », meurtri par l’obligation de quitter définitivement sa terre natale qu’il chérissait tant, meurtri par tous les souvenirs laissés derrière lui – son grand père, l’une de ses grandes fiertés,  ne fut-il pas l’architecte bâtisseur de l’église de Saïda - il n’eut de cesse de combattre la désinformation et aurait tant aimé voir aboutir son grand combat tourné vers les milliers de personnes, enlevées, à jamais disparues en Algérie.

Il a assumé la présidence de « L’ASFED »  - Association pour la Sauvegarde des Familles et Enfants de Disparus – avec beaucoup de dévouement, jusqu’à ce que la maladie ne l’empêche.

         L’ASFED, aujourd’hui, SFDA, dont l’action continue, est actuellement présidée par Monsieur Christian GILLE (04.94.30.61.04). La maladie avait cloué le Colonel Gaston BAUTISTA au lit depuis plusieurs mois, il n’en restera pas moins un magnifique et grand exemple de courage et de ténacité. Son obsession, jusqu’au dernier moment, fut de s’assurer que les multiples flambeaux qu’il avait portés, avec tant de conviction, de foi et d’abnégation soient repris dans le même esprit.

         Paix à son Âme, que tous ses combats soient relayés par les personnes qui partageaient ses idées et ses certitudes.

A.G / Y.M.

Ses obsèques auront lieu, jeudi 24 juin 2010 à 10 heures, en l’église :

« Notre Dame de la Mer »

285, avenue Fernand LEGER

83500. la Seyne / Mer

04.94.94.83.95

Bien cordialement,

L'équipe du CDHA

 

 

Centre de Documentation Historique sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie

Maison Maréchal JUIN

29, avenue de Tübingen

13090 AIX EN PROVENCE Cx 02

Tel. : 04 42 52 32 89

Fax : 04 42 59 41 08

contact@cdha.fr

www.cdha.fr

Souvenir des Français disparus en Algérie. Extrait d'un appel du colonel Gaston Bautista.

Retour "IN MEMORIAM"

 

 

20 juin 2010

NOTRE VIE "LA-BAS" 5

Pierre Salas- CHAPITRE 5-

         En Algérie, à cette époque, une autre de nos passions, était le football. A Alger, Constantine, Oran, Sidi-Bel-Abbès (où ils avaient la chance de posséder le meilleur club d'Afrique du Nord et aussi le plus titré, le S.C.B.A, Sporting Club Bel-Abbésien, dont pratiquement les 2/3 de l'équipe étaient régulièrement retenus en sélection . (Avec les CALATAYUD, BENYAMINA, GROS, MARION, SALAS..Etc)

         Avec le SCBA, d’autres grands clubs comme le F.C.Oran, l’USMO, l’ USMBA, le GALLIA d’Alger et d’Oran, le FC BLIDA,l’OHD, le MOC de Constantine ) se donnaient des sueurs froides, lors de leurs joutes.

Dans ces clubs, nous avions aussi de grands et brillants joueurs, tels  les frères Bendimered, les MOUSSA, CARISIO, BOUDJELLAL, BOTELLA, MEFTAH, les frères PAPALLARDO, SANTIAGO et tant d’autres dont les noms s’estompent dans ma mémoire.

Nous avons eu l’honneur de voir l’un de nos clubs, l’USMBA, entraîné par un monument du football Français, notre perle Noire nationale, Larbi Ben Barek.

         Les événements d'Algérie, n'empêchèrent nullement le déroulement des championnats régionaux, car une sorte de consensus existait entre les équipes qui les composaient. Le dernier champion en date, fût bien entendu notre SCBA, dont le souvenir perdurera longtemps dans les mémoires de ceux qui l'ont connu et aimé.

         Jusqu'à l'indépendance, tous les clubs, pourtant composés de sportifs de toutes confessions, donnèrent le meilleur d'eux-mêmes, tant l'amour des couleurs qu'ils défendaient était supérieur a l'ostracisme ou au racisme dont pieds noirs et musulmans étaient injustement accusés. Il est vrai que ces notions, qui ne concernaient qu'une minorité, avaient peu de place dans notre vie de tous les jours tout en étant régulièrement accréditées par une certaine presse et cette intelligentsia de bas étage déjà évoquée.

         Cette passion qui nous animait en Algérie, nous l’avons  reportée, en France, sur d’autres belles équipes et d’autres grands joueurs qui eux aussi nous font toujours vibrer.

         Nos Kopa, Platini, Trésor, Giresse,  Papin, Zidane... Etc., sont encore là et même si certains ont arrêté, ils font désormais partie eux aussi de notre patrimoine affectif.

         Ce qui précède était l’Algérie heureuse d’avant les événements. C’était le prélude à huit années d’une guerre larvée, sournoise, avec ses horreurs et ses massacres dans les deux camps.

         Et on ne peut ressentir qu’un dégoût profond à l’idée que les dés étaient pipés au départ ; Alors pourquoi ces politicards de tous bords ont-ils endossé la responsabilité de ce gâchis monumental. Pourquoi avoir fait massacrer des milliers d’innocente victimes dont la plupart ignoraient quel côté était le bon et qui était qui? Puisse le sang qu’ils ont sur les mains, leur retomber un jour sur la tête. Ils ne méritent pas notre respect.

         N’eut-il pas été plus simple de faire une politique de franchise en prenant en compte  l’évolution des peuples du Monde qui voulait que tôt ou tard cette indépendance soit effective, mais en douceur et progressivement, dans le giron de la France et sous sa protection, un peu comme en Afrique du Sud ou le Commonwealth de nos ennemis intimes, les Anglais, si longtemps décriés et critiqués mais   toujours là envers et contre tous.

         Il y avait sûrement autre chose à faire que d’accepter une liquidation de biens pour ...”.suffisance d’actif “ et un piteux renoncement aux valeurs que nous avons toujours défendues et revendiquées avec orgueil dans notre Histoire. Notre vie durant, nous avons été des gens simples mais entreprenants, avec un grand coeur ouvert à la vérité des sentiments, sans hypocrisie et dessus des étiquettes

         Alors  tant pis si  l’on ne nous comprend pas  ou si l’on réveille les mauvaises pensées de ceux qui nous considèrent comme des aigris ou des frustrés  et soyons vigilants car les héritiers de ces liquidateurs se réclamant encore et  toujours d’eux , sont là , bien  présents . Ils osent même solliciter  encore nos suffrages avec  des  promesses du  genre “ demain,  on rasera  gratis “ , qui   dégagent des   relents de politique politicienne bassement électorale...Serions-nous naïfs et amnésiques à ce point ?

A suivre……..

Pour commander l’ouvrage

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19 juin 2010

DE GAULLE

Document transmis par José Castano.

MYTHE ET IMPOSTURE

 

 

"A l’occasion de votre élection à la présidence de la République algérienne, je vous adresse mes félicitations. Cette indépendance algérienne, nous l’avons voulue et aidée »  (Message de Charles de Gaulle à Ben Bella, le 4 septembre 1963)

 

 

« Lorsque la pierre tombale de l’Algerie Française aura été scellée par la volonté acharnée d’un homme épaulé par la lâcheté de tout un peuple, je n’abandonnerai jamais l’idée de pouvoir débarrasser mon pays du personnage qui a corrompu l’âme de la France » (Colonel Antoine Argoud)

 

 

Ces mots du brillant officier que fut le Colonel Argoud ne cessent, depuis des années, de résonner à ma mémoire et je console mon amertume en me disant que s’il existe vraiment une justice, de Gaulle devrait aujourd’hui s’y trouver. En effet, mon éducation chrétienne m’incite à penser que toute œuvre humaine passe en revue devant Dieu pour être classée comme acte de fidélité ou comme acte d’infidélité. En face de chaque nom, dans les registres du ciel, sont couchés avec une redoutable exactitude toute action mauvaise, tout despotisme, toute trahison, tout parjure et la loi de Dieu sera sans appel pour ceux qui auront contrevenu à ses commandements. Par conséquent, si le paradis est accordée à De Gaulle, alors il n’y a plus de raison de craindre la Justice Divine… tout le monde y aura accès… et cela ne se peut !

 

Quand l’Histoire et la postérité jugeront Charles de Gaulle, elle dira : « Il a demandé son succès à l’astuce et au mensonge ; il l’a déshonoré par ces milliers de morts qui ont cru à ses paroles. Et ses crimes d’avoir appelé les Musulmans à servir la France pour ensuite les abandonner au massacre, d’avoir trompé ses soldats, d’avoir abusé de cette candeur sublime sans laquelle il n’y a pas de héros, d’avoir privé du rayonnement de leur Patrie plus d’un million d’êtres après les avoir livrés à la hache des bourreaux, d’avoir couvert les enlèvements et laissé mourir dans d’indescriptibles souffrances des milliers d’êtres humains innocents… sont inexpiables ». C’est cela que l’Histoire ne lui pardonnera pas ! C’est d’avoir souillé d’astuce et de cruauté la grande œuvre d’unité que des générations précédentes avaient entreprise ; d’avoir taché indélébilement l’histoire de la France.

 

Pour la majorité de la presse française et pour le peuple français par trop naïf et crédule, de Gaulle, cet instrument de braderie qui jamais durant la guerre d’Algérie ne fit preuve d’amour, de générosité et de dignité humaine, fut un objet d’admiration et d’enthousiasme. « Il était grand ! » Et voilà, ici, cette notion de grandeur qui sauve tout : « De Gaulle, ce grand homme ! »… Grand par la taille, oui, quand au reste !...

 

Sous le vocable de grandeur on exclut tout d’un coup le critère du bien et du mal. Pour celui qui est grand il n’est pas de mal. Il n’est aucune horreur qui puisse être imputée à crime à celui qui est grand ! Ce qui est « grand » est bien ; ce qui n’est pas « grand » est mal. Et pourtant, parmi sa génération de soldats, il y eut de grands hommes, de vrais, ceux-là : Leclerc, Juin, De Lattre de Tassigny… mais lui, de Gaulle, était d’une autre race, brutal, cynique, ambitieux, assoiffé d’honneurs, hautain, méprisant, discourtois, cassant, sans rien d’aimable dans l’insolence… craint de ses propres ministres. C’est Alain Peyrefitte qui aura le courage d’en parler dans ses mémoires et rapportera ces mots méprisants qu’il eut à l’égard des harkis lors du Conseil des Ministres du 4 mai 1962 : « Les harkis, ce magma dont il faut se débarrasser sans attendre ! » Que de cynisme de la part d’un Chef d’Etat ! Et quand ce même Peyrefitte, pris de remords à la vue du désastre humain que représentait l’exode des Français d’Algérie exposera au « général Président », le 22 Octobre 1962, « le spectacle de ces rapatriés hagards, de ces enfants dont les yeux reflètent encore l’épouvante des violences auxquelles ils ont assisté, de ces vieilles personnes qui ont perdu leurs repères, de ces harkis agglomérés sous des tentes, qui restent hébétés… », De Gaulle répondra sèchement avec ce cynisme qu’on lui connaissait : « N’essayez pas de m’apitoyer ! »… On était bien loin du « C’est beau, c’est grand, c’est généreux la France ! »…

 

Cependant, ce qui est incompréhensible, c’est que tout le monde connaissait le personnage ; tout le monde savait cela, oui, mais voilà : « Il était grand ! »… C’était suffisant.

 

Pour bon nombre de journalistes et d’historiens, être grand c’est le propre de ces êtres d’exception qu’ils appellent des héros. Et de Gaulle se retranchant derrière l’Histoire, en abandonnant à leur perte non seulement ses anciens compagnons d’armes, ses soldats qu’il avait entraînés dans « son » aventure (que l’on se souvienne de Mai 1958 !) mais encore, plus d’un million de Français à qui il devait tout et autant de fidèles Musulmans engagés politiquement et militairement parlant… sentait « que c’était grand » et son âme était en paix. Et il ne vient à l’idée de personne que reconnaître pour grand ce qui échappe à la mesure du bien et du mal, c’est seulement reconnaître son propre néant et son incommensurable petitesse. Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. Aux yeux du monde, de Gaulle l’a franchi…

 

Quelle responsabilité pour celui qui se déclarait le « sauveur de la France », pour celui qui avait « ramené la liberté », celui qui invoquait la grandeur morale, nationale et intellectuelle ! Rarement autant d’indifférence, d’immoralité politique et de vilenie furent mises au service d’une politique que l’on voulait faire passer pour pragmatique et généreuse.

 

Dans son livre « Les damnés de la terre », Alexis Arette (qui tenait l’information de Georges Bidault, l’ancien Président du Conseil National de la Résistance sous l’occupation allemande), rapporte l’anecdote suivante :

 

Lors de la conférence de Casablanca qui se tint du 14 au 24 janvier 1943 afin de préparer la stratégie des alliés après la guerre à l’égard de l’Europe, Churchill parvint à réunir non sans mal Giraud et De Gaulle en face de Roosevelt. Giraud était indispensable dans l’élaboration de cette stratégie. Général de grande valeur, à la tête de l'armée d'Afrique, il ne devait aucune de ses étoiles aux « arrangements politiques du temps » et jouissait d'un grand prestige aux yeux des Américains depuis son évasion, l'opération Torch et la prise d'Alger. Ces derniers le considérant, sans la moindre équivoque, comme le chef militaire de la France combattante envisageaient très sérieusement une coopération unifiée où tout naturellement sur le plan strictement militaire de Gaulle était placé hiérarchiquement sous ses ordres… ce que le « général micro » n’appréciait guère. Les deux hommes se détestaient... Tout les opposait e : le sens du devoir, la fidélité à la parole et à l'Etat, la valeur militaire, etc... Mais les Américains comprenant que le ralliement de l'Afrique dans sa globalité était nécessaire et que dans ce contexte Giraud qui restait loyal à Pétain - mais qu'ils considéraient comme infiniment plus fiable et d’une envergure supérieure à De Gaulle –était absolument incontournable. Churchill allait donc œuvrer pour mettre les deux hommes en face de Roosevelt et obtenir la fameuse poignée de main de circonstance dont la photo fera le tour du monde... Cependant Roosevelt, toujours frileux pour entrer en guerre en Europe, posa clairement la question aux deux officiers Français : « Les Etats Unis seraient susceptibles de débarquer en France à la condition que la France accepte d'ouvrir son empire au commerce américain et prenne l'engagement de décoloniser dans les trente ans »

 

Giraud eut un haut de cœur et claqua la porte... De gaulle resta. On connaît la suite...

 

Peu de choses ont été dites officiellement sur le marchandage de cette entrevue et le refus de Giraud d'accepter les conditions honteuses du démantèlement de l'Empire Colonial Français, conditions auxquelles De gaulle souscrit sans le moindre scrupule...

 

Je me suis souvent demandé quel aurait été le sort de l’Algérie s’il n’y avait pas eu de Gaulle. L’Histoire aurait, assurément, été écrite différemment. A l’ordinaire, l’Histoire n’est qu’une résultante d’infiniment petites forces où chaque individu n’a que la part d’une composante élémentaire. Mais à certaines heures naissent des hommes qui résument en eux une force capable d’intégrer, d’orienter toutes les autres forces élémentaires de la nation. Ceux-là changent vraiment le destin des peuples et du monde. Ou plutôt ces hommes sont le destin… et de Gaulle en fait partie. Ainsi, concernant la guerre d’Algérie, l’Histoire, sous de Gaulle, nous a démontré qu’elle n’était jamais qu’un rocher imaginaire de gloire et de boue entraîné par des torrents de sang vers des absences de rivages… Et cette Histoire là, comme le sable, a bu les rêves et le sang de milliers d’hommes sans en être fécondée.

 

 

José CASTANO

 

(joseph.castano0508@orange.fr)

 

*

 

Retour JOSEPH CASTANO.

 

« La France a jeté les harkis dans les basses-fosses de l'Histoire. Il y a eu 80.000 morts. Paris a systématiquement entravé leur sauvetage. De Gaulle est bel et bien complice d'un crime contre l’humanité. » Georges-Marc BENAMOU (Paris-Match N°2841 - 30/10- 5/11/2003)

 

 

« Le sens de l’Histoire, le grand vent de l’Histoire, sont des notions matérialistes et marxistes ; il n’y a pas de sens de l’Histoire, il n’y a pas de vent de l’Histoire, car ce qui fait l’Histoire, selon notre conception occidentale et chrétienne, qui est vérifiée par tous les faits historiques, c’est la volonté des hommes, c’est l’intelligence des hommes, ce sont leurs passions bonnes ou mauvaises. » (Colonel Jean BASTIEN-THIRY, polytechnicien, fusillé sur ordre de Gaulle, le 11 mars 1963, à 35 ans)

 

 

"De Gaulle a abandonné les Harkis : c'est son crime ; et le nôtre."  (Jean DANIEL - dans le Nouvel Observateur - 15 septembre 2009)

 

 

« Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » (Charles de Gaulle, mars 1959… rapporté par Alain Peyrefitte dans ses mémoires)

 

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Que reste t-il du gaullisme ? Un récent sondage IFOP nous apprend que 73% des français considèrent le Gaullisme comme "dépassé et ne voulant plus dire grand chose" contre 27% qui le considèrent comme "un courant important et toujours d'actualité".

 

 

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« L’APPEL DU 18 JUIN » ou LA MECONNAISSANCE DE L’HISTOIRE :  http://www.algerie-francaise.org/cgi-bin/ultra/UltraBoard.pl?Action=ShowPost&Board=ddb&Post=1954&Idle=0&Sort=0&Order=Descend&Page=0&Session=lediabledudjebel.127605138968795

 

 

- Pour faire aboutir sa politique d'abandon de l'Algérie, De Gaulle a-t-il consciemment commis un crime d'Etat envers les Français d'Algérie?

 

Voir la lettre du 15 octobre 2009 de Jeune Pied-Noir à Jean DANIEL sur le site Internet de JPN : http://pagesperso-orange.fr/jeunepiednoir/jpn.wst/DeGaulle.htm

 

 

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Communiqué du Cercle National des Combattants à propos de l’appel du 18 juin : http://infodiv.canalblog.com/archives/2010/06/16/18320727.html

 

 

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- NOTRE DAME DE SANTA-CRUZ à PARIS 2010 : Cliquez sur : Lire la suite

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- Français, n’oubliez pas l’Indochine et le sacrifice de milliers de nos soldats !  56ème anniversaire de la chute de Diên Biên Phu.

 

Cliquez sur ces liens : - http://www.wat.tv/video/56em-anniversaire-dien-bien-phu-2vec9_2iiil_.html

- http://www.youtube.com/watch?v=fU03NKTdiKE&feature=youtube_gdata

 

- Une guerre oubliée : celle de Corée : http://www.monsieur-legionnaire.org/index.php?option=com_content&view=article&id=142:coree-une-guerre-oubliee&catid=73:a-lhonneur&Itemid=83

 

(Cliquez sur la ligne : « Le GCA MAGRIN-VERNEREY, alias MONCLAR,… »

 

 

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- Charly CASSAN, journaliste, réalisateur, originaire de Cherchell, prépare un film sur le cinquantenaire de l’exode des Français d’Algérie. Son but : Rétablir la Vérité historique Visitez son site : http://reportage34.skyrock.com/ , vous y découvrirez, entre autres, le compte rendu des journées des 5 et 6 juin de Nice. Les commentaires valent le détour…

 

Pour tous documents que vous souhaiteriez lui transmettre, prenez contact avec lui :

 

e-mail : reportage34@yahoo.fr

 

 

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Pour revoir tous les articles de José CASTANO, cliquer sur : - Mes Articles –

 

 

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12 juin 2010

JOURNAL DE DENISE LANDRE

ALGERIE

1939–1945 Récit témoignage D’UNE ENGAGEE VOLONTAIRE DANS L’ARMEE DE L’AIR POUR LA DUREE DE LA GUERRE

EN MEMOIRE DE TOUTES LES FEMMES ENGAGEES VOLONTAIRES

 

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Contact Denise Landre : de.landre@laposte.net

 

 

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Mon parcours

Denise LANDRE

Née le 5 Janvier 1926 à Paris

Etudes à Alger

*Engagée volontaire dans l’armée de l’air (guerre 1939- 45)

De 1943 à 1945

Retour à la vie civile à Alger novembre 1945

Reprise des études : « Maîtresse d’Education Physique »

1946-1947-1948 en même temps : « maîtresse auxiliaire » dans les écoles primaires.

1949 dans les collèges Alger, Hussein Dey, et Maison Carrée 1950-51

Même époque: participation aux Championnats d’Alger et d’Afrique du Nord.

Championne d’Alger : Lancement du disque

2 ème aux Championnats d’Afrique du Nord derrière Micheline Ostermeyer qui en 1948 sera sacrée Championne Olympique à Londres.

1952 : Mariage

1955 : Divorce, 1 enfant. Reprise des examens, à nouveau auxiliaire E.P.S.

1957 : Titularisée Professeur E.P.S affectée au Collège Pasteur Alger.

Septembre 1958 : nommée à Bayonne (64)

Septembre 1968 : nommée à Antibes (06)

Septembre 1972 : nommée assistante départementale à la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports à NICE.

Janvier 1986 : Retraite


AFRIQUE DU NORD 1939-1945 LES JEUNES FEMMES ENGAGEES VOLONTAIRES POUR LA DUREE DE LA GUERRE ......

Ou    L’OUBLI

Concernant toutes ces femmes engagées volontaires pour la durée de la guerre… Je ne parle pas de celles dont on connait les actes héroïques, et qui pour certaines dont Denise FERRIER ont perdu la vie, toutes jeunes, sur le front !!... mais de toutes les autres qui ont œuvré, dans l’ombre, remplaçant les hommes mobilisés, sur le front, ou prisonniers, dans des emplois de tous ordres.

Où sont-elles ?? Les a-t-on recensées ?? N’étant pas considérées, pour beaucoup d’entre-elles « Anciens Combattants »… Ne peut-on les reconnaître d’une autre façon ??

Chacune a vécu son expérience de différentes manières, selon les circonstances, sa personnalité, ses antécédents, son milieu socioculturel !!

MAIS, elles se sont engagées dans l’armée…

Voici, la vie militaire de l’une d’entre elles, 17ans et demi, la plus jeune engagée de France dans les formations féminines de l’Air (F.F.A) en novembre 1943.

 

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Références : Mention obligatoire section cinématographique de l’Air. (Photo 976)Etat major d’Alger

 

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et …

A CHACUN SA GUERRE … VOICI LA MIENNE !!

QUELQUES FAITS ET ANECDOTES DE CETTE PERIODE :

Engagée Volontaire dans l'Armée de l’Air (1939-45)

1933 : Départ avec mes parents du Creusot vers l'Algérie.

- Mon père nommé contrôleur des contributions directes à Cherchell

(Cherchell : un des plus beaux souvenirs pour tous, son site, l’accueil, la vie, et la découverte de ses habitants).

1937 : Mon père, nommé  Inspecteur des contributions directes à Alger. (Découverte d’une grande ville ensoleillée extraordinaire)

1939 : En congé en France et en Belgique, mon père est rappelé (comme tous les fonctionnaires) pour rejoindre avant le 3 septembre, son poste.

-Nous embarquons sur le dernier paquebot en partance pour l’Algérie «  Le Pasteur »

(Pas de couchette, un monde fou sur le pont)

LA GUERRE EST DECLAREE

Puis … la suite tout le monde la connait !!!... VICHY

Vichy au Lycée : Tous les matins, les élèves de toutes les classes, bien en rang dans la cour, assistent au « lever du drapeau » et chantent…  « Maréchal nous voilà…!»

-         Un professeur de dessin (femme) réputée pour ses idées … « très proches » de la situation,... nous fait écrire, en cours, les « Messages quotidiens » (avec enluminures) du Maréchal Pétain dont elle fait un recueil… qui est transmis au gouvernement. Chaque élève recevra les « Félicitations » du Maréchal Pétain, expédiées dans chaque famille !! Ce sera fait ....!!

1941 ASPECT et FORME DE RESISTANCE DANS MA FAMILLE

- Pendant ce temps là, ma mère Belge, (qui toute jeune en 1914-18 passait dans les tranchées pour aller chercher de la farine…etc.)

Continue « sa résistance »… ! En accord avec le consulat de Belgique, à Alger, mes parents reçoivent chaque jour … 5 hommes Belges (Avocats, Instituteurs, et un Ingénieur) évadés de Belgique, arrivés en Algérie par des chemins détournés (la nuit ils sont pris en charge par le Consulat de Belgique)

De chez nous, ils émettent, reçoivent, de leur valise « radio » messages sur messages vers des … liens…vers LONDRES… !!! (Pour nous : défense d’entrer dans la pièce !)

Anecdote

Au moindre bruit de clé venant du palier…incroyable !!! En 3 secondes… plus rien sur la table du salon où ils opéraient, la porte est ouverte, on peut les voir jouant aux cartes devant une tasse de café !!!

… Puis nous apprenons leur départ !!

Quelques jours plus tard, ma mère apprend toujours par le Consulat qu’après avoir été repoussés, arrêtés… alors qu’ils tentaient de continuer leur expédition vers le Portugal, déguisés en Arabe !! (Sans en connaître la langue !!!), qu’ils se trouvent dans un appartement, rue Clauzel à Alger…près de chez nous.

… Elle m’entraîne un matin avec elle dans cette rue, au moment où nous passons devant l’immeuble en question… une boîte d’allumettes atterrit à nos pieds …C’est moi qui la ramasse !!

Plus tard…chez nous ma mère l’ouvre : un message pour le consulat demandant entre autres, serviettes, savon…et je ne sais… !!!

- Ensuite plus de nouvelles…jusqu’au jour où nous recevons une carte du Portugal…

-Ces Belges après avoir rejoint Londres… furent parachutés en Belgique… puis cachés…actifs…dénoncés… 3 d’entre eux emprisonnés… exécutés dont un est devenu le plus grand martyre de Belgique.

Nous possédons des lettres manuscrites, et des extraits de livre écrit par un survivant (décédé en 1993), où il fait référence à leur séjour à Alger, en particulier chez mes parents…

1942

Rentrée scolaire : Je n’ai que 16 ans et ne réalise pas et ne sais pas ce qui se passe. A la suite des conditions de plus en plus difficiles… alertes, bombardements (en provenance de Tunisie nous dit-on) etc…le Lycée Delacroix, rue Michelet, ferme quasiment ses portes…

Il nous est possible pour notre classe de suivre des cours 4 heures par semaine ou bien de partir interne à Tizi-Ouzou en Kabylie, ce que mes parents refusent.

CREPS ST EUGENE : BOMBARDEMENTS

Que faire ??

Par une de mes amies, voisine de palier, j’apprends qu’un centre Régional d’E.P.S (formation de monitrices et moniteurs est ouvert, par la Direction des Sports dirigé par Monsieur St André, au gouvernement général d’Alger)

Mon père s’occupe de m’y inscrire (je n’ai donc que 16 ans ½) j’y suis admise comme auditrice libre (trop jeune pour être stagiaire !!!)   Et j’ai la permission de suivre des cours   (4 h par semaine au lycée)

Ce CREPS sis à St EUGENE, banlieue d’Alger, fonctionne, (de 7h à 13h30), au stade en bord de mer… une rue le sépare du grand cimetière d’Alger, lui-même situé en bas de la colline de Notre Dame d’Afrique

Pendant ce temps, nous subissons assez souvent alertes et quelques bombardements.

Descentes dans les caves la nuit !

-Pour cette nuit là : descentes 6 fois !!! Malgré la fatigue, mon amie et moi prenons le tramway à six heures pour nous rendre au CREPS.

Là, découverte macabre : le stade est jonché de couronnes mortuaires, de plaques commémoratives, de croix en bois, d’os humains, de pots cassés…de fleurs…etc… et nous comprenons…qu’une bombe est tombée sur le cimetière !!!

Notre premier entraînement du matin, dit « travaux manuels » est de ramasser et de nettoyer tout le stade pendant des heures…

Anecdote : Monsieur SADI  FERRARI

Le moniteur principal, très sévère, au physique hors du commun très impressionnant, imposant le respect, à l’enseignement du style « marche ou crève » (comme disent les plus âgés), qui n’admet pas que les filles parlent aux garçons, qu’il faut saluer d’une certaine façon (style scout) si nous le rencontrons en ville et surtout ne pas être accompagné d’un stagiaire de sexe opposé sinon : avertissement le lendemain !

Excellent enseignant...

N’est autre que Sadi Ferrari, dont la disparition sera, bien plus tard TRAGIQUE.

Le 8-11-1942

…Alertes…Rumeurs…dans la nuit, très tôt le matin, ma sœur et moi, nous nous installons sur le balcon de notre appartement, cachées derrière les colonnes au 4èmeétage d’un immeuble ancien, (sis 3 rue Jean Rameau, petite rue perpendiculaire au bd Baudin, face au commissariat Central d’Alger), et on apprend avec certitude que les alliés ont débarqué à Sidi Ferruch (c’est l’effervescence dans la maison).

On voit passer Bd Baudin, une « ridicule » petite moto sur laquelle est juché un homme aux grandes jambes, habillé en kaki qui se dirige vers le Commissariat central : (c’est un des premiers alliés sur moto pliable !!). Cela s’active Bd Baudin (on parle de bataille Vichystes et Résistants !!). On déjeune quasiment sur le balcon, vers 14heures tout va très vite : juste en bas de chez nous, Bd Baudin (entre la Rue Berlioz et la rue Jean Rameau) : on entend une voiture, des tirs, en même temps une portière s’ouvre et  un homme tombe à terre.

La voiture est immobilisée, l’homme est emmené en ambulance. On apprend plus tard qu’il s’agit d’un officier résistant LE CAPITAINE PILLAFORT qui décédera le lendemain (une stèle sera élevée en son nom Rue Berlioz et rapatriée en France il y a quelques années)

Les alliés s’installent…

1943

Le stage de St Eugène continue quelques temps, puis s’arrête.

Plusieurs jeunes femmes décident de s’engager dans l’armée dont Denise FERRIER (en mai 1943) avec qui je me suis liée d’amitié : je l’admire, elle est gentille et se prénomme : « Denise » aussi.

Hélas, son destin Héroïque sera tragique : puisque tuée au Champ d’Honneur, dans l’est de la France en Août 1944.

Novembre 1943

Parce que Denise Ferrier s’est engagée.

Parce que les appels à s’engager fusent en ville.

Parce que j’ai besoin d’agir…

Alors, je demande à mes parents de faire les démarches… afin que je puisse m’engager… je n’ai que 17 ans et 10 mois !!!

Mon père, après  pas mal de réticences, accepte !!

L’officier responsable du bureau de recrutement de l’armée de l’air, après m’avoir fait passer des tests de connaissances générales, me fait signer un engagement, auquel mon père joint « une émancipation de sa part, et demande également que je sois dirigée vers un stage qui me permettra… plus tard, éventuellement d’avoir une situation !! C’est ainsi que je suis intégrée, sans que j’ai à choisir, dans les transmissions: Ecole de Dellys (à peu près à 100km d’Alger) et nommée Elève Stagiaire – Radio Electricienne !!

DELLYS

A Dellys, vie de garnison, on y fait « ses classes » : la discipline… on apprend à marcher au pas…pour celles qui ne savent pas… à s’arrêter en rang, etc… Nous sommes en chambrée de 14.

Les cours : Electricité, physique, apprentissage du morse…cours traditionnels de français, etc...Tout ceci en vue de devenir : Radio Electricienne !! Éventuellement attachée au ministère de l’air ! Je ne suis réellement pas emballée… !!

Un autre groupe se joint à nous pour faire ses classes et rejoindre ensuite RABAT, pour  suivre, un des stages qui y sont offerts.

A savoir : Rédactrice, secrétaire- comptable, comptable.

Très intéressée par ces stages, je pense faire une demande dans ce sens…

Je me lie d’amitié avec Jeanine Pouységur institutrice, donc…engagée, dont le mari médecin est prisonnier en Allemagne. Elle me prend sous son aile.

JANVIER 1944

Au retour d’une permission accordée pour les fêtes du 1er de l’an, les cars qui nous ramènent à Dellys, se télescopent….

« Juste à l’entrée d’une petite ville, l’Alma : entre un camp hôpital américain… et le cimetière, de l’autre côté de la route !! »

Projetée sous le tableau de bord entre le levier de vitesses et la porte… je souffre fortement du genou droit…

Des américains du camp arrivent, veulent me soigner. Je refuse et rentre avec les autres, allongée à l’arrière du car qui peut repartir.

A Dellys : radiographies, on décèle une double entorse et décollement de la rotule.

Soins et deux semaines de repos ne viennent pas à bout de mes souffrances.

*Stage interrompu, transfert à l’hôpital militaire Maillot à Alger J’y reste du 21/1/44 au 21/2/44.

Anecdote vraiment INCROYABLE

Retour en Arrière :

« Dans la nuit du 23/12 au 24/12/1942, alors que chez nous on parle peu politique ou événement…je rêve que je suis l’Amiral DARLAN, assis derrière mon bureau… ! Un homme revolver au poing entre dans la pièce en criant : «  Vous êtes Darlan…Je vais vous tuer !!! »

AMIRAL DARLAN

Le 24 /12 au matin j’en parle, bien sûr à mes parents, mon père sourit, ma mère est intriguée, elle croit aux rêves prémonitoires !

J’en parle également à mon amie de palier.

A 13 heures, cette dernière sonne chez nous pour me montrer la « une » de « Dernière Heure » (qui parait le dimanche après-midi) traversée d’une bande noire… annonçant «  L’assassinat de l’Amiral Darlan … dans son bureau ». On peut imaginer mon bouleversement !!

*On repart à l’hôpital Maillot… je recommence à marcher, avec des béquilles, seule vaillante dans cette grande salle séparée d’une autre par un rideau… un médecin me demande de prévenir le médecin de nuit au 1erétage… si toutefois… « La jeune patiente très malade » que l’on vient d’amener, se manifeste (c’est la guerre – Hôpital militaire, pas d’infirmière !)

En effet au milieu de la nuit : gémissements, prières dont les fins de phrases se terminent en plaintes…je vais voir la patiente qui la tête cachée sous son drap… se plaint de plus en plus…

Je descends avertir les médecins qui emmènent aussitôt la jeune fille !! Le lendemain, nous apprenons son décès (méningite dit-on !)

Et…son nom : BONNIER DE LA CHAPELLE

Elle est la sœur du jeune homme qui a assassiné l’Amiral DARLAN

Incroyable non !?

Nouvelle affectation : MGA LA REDOUTE ALGER Février 1944

Je suis dirigée à ma sortie de l’hôpital (d’où j’ai fait une demande afin de rejoindre le stage de secrétaire rédactrice) vers la base 320, quartier Hélène Boucher, la Redoute-Alger- Direction du personnel féminin EMGA, où je retrouve le groupe de Dellys…en attente du départ pour RABAT.

D’autres engagées se sont jointes à nous dont plusieurs de Tunisie.

Nous sommes logées dans des chalets.

Le personnel féminin de l’armée de l’air est recruté parmi toutes les couches sociales de l’Afrique du nord : Lycéennes, étudiantes, universitaires, secrétaires, dactylos, rédactrices, infirmières… etc…celles qui n’ont aucun bagage intellectuel, celles qui n’ont jamais travaillé, celles dont le mari ou un proche, est soit sur le front, soit prisonnier, puis celles ayant uniquement le souci d’être utiles, celles désireuses d’apprendre tout en participant à la guerre,… et d’autres !

Propagande de l’armée de l’air  F.F.A

Pour étayer ce recrutement, l’armée de l’air lance des actions de propagande.

C’est ainsi qu’un matin, une stagiaire et moi-même (une grande brune ! une grande blonde !) sommes convoquées au bureau du commandant, avec recommandations de se présenter en  tenue de « sortie » (bleu marine) car nous disposons d’une tenue américaine kaki (toutes deux nous ont été distribuées à Dellys lors de notre engagement).

Nous sommes désignées pour être à la disposition de la section cinématographique de l’armée de l’air pour des prises photographiques dans les bureaux, en extérieur, en studio (flatteur ! mais fatiguant) et nous l'apprenons plus tard, afin de figurer sur les affiches « Engagez vous dans les formations féminines de l’armée de l’air – F.F.A »

Cette propagande passe également dans les cinémas à l’entracte aux « actualités » tandis que les affiches sont distribuées partout…Algérie-Tunisie-Maroc

Centre Ecole de RABAT   : 15/04/1944

Affectation au centre école de Rabat, voyage interminable.

Nous sommes accompagnées par un adjudant… masculin. Installation à la base aérienne.

L’ambiance est excellente, nous logeons dans des chalets (style préfabriqué) mes camarades plus âgées que moi m’aident pour certains cours, d’autant que quelques unes d’entre elles suivent le stage de rédactrice, dont Jeanine Pouységur que j’ai retrouvée.

Nous étudions beaucoup, dans ce camp réservé au personnel féminin, nous bénéficions d’activités sportives… ce qui n’est pas pour me déplaire… j’aide même pour certaines disciplines.

D’autre part, nous devons également assurer chacune notre « tour de garde » nuit et week-end.

Anecdote  Les « ARRÊTS »

C’est mon tour ce week-end…je dois m’occuper plus précisément de l’occupante d’une chambre verrouillée et à barreaux !!Cette engagée, une bretonne fiancée avec un marin, (embarqué sur un bâtiment militaire, soupçonné « d’espionnage ») est aux arrêts !

Elle est prostrée sur son lit…pleure beaucoup.

Elle a le droit de sortir, bien sur, accompagnée, une heure par jour. Elle a le droit de téléphoner, et moi l’obligation de lui demander le nom et le numéro de son correspondant… et d’écouter la conversation afin d’en rendre compte à l’officier supérieur !

C’est très pénible – C’est tant de peine !

A l’issue des stages, nous devons passer un examen – les trois premières de ma catégorie, (secrétaire-comptable), sont affectées à la base aérienne de Casablanca, école de Comptabilité « perfectionnement »

Les rédactrices sont nommées directement sur un poste – le groupe éclate.

C’est à ce moment que j’obtiens mes premiers galons : Adjudant !!! 3èmedu stage !!! (La première : Lieutenant, la deuxième : sous-lieutenant) Rien à voir avec les grades de l’armée régulière !!

15/06/1944 : Ecole de perfectionnement à Casablanca

Base aérienne de Casablanca : les bâtiments de logement sont d’anciens casernements, de nombreux baraquements sont installés pour d’autres activités – lecture – discussions – théâtre, auxquelles plusieurs d’entre nous participent.

Les cours de comptabilité sont très difficiles. D’autres disciplines sont dispensées : Français, Philosophie, Mathématiques.

Anecdote : Libération de Paris

Hospitalisée  pour soigner un flegmon à l’hôpital militaire de Casablanca où il n’existe pas de secteur féminin… je suis installée dans une chambre isolée à barreaux… réservée aux « malades mentaux » !!!

C’est là que le 25 Août, médecins, infirmières défilent à tour de rôle dans ma chambre, pour m’annoncer la LIBERATION DE PARIS. Ils viennent tous, apportant des gâteaux (je ne peux que difficilement avaler)… mais je peux et je veux boire, même dans un gobelet,  le Champagne !!        Je suis née à Paris !!

30/09/1944 : BLIDA – ALGERIE

C’est la fin du stage, nous passons nos examens… une de mes camarades et moi sommes affectées au Dépôt 201 à Blida « services des délégations des soldes et comptes particuliers ».

Des bureaux immenses sont installés dans une caserne en centre ville – le personnel est nombreux, peu de femmes et quelques civils, nous sommes bien accueillies. Le personnel féminin loge au « quartier Montpensier » à environ un kilomètre du centre.

Une navette effectue des allées-venues matin, midi  et soir.

En plus de mes activités au dépôt 201, je suis désignée  « adjointe » à l’officier féminin, (Capitaine), qui dirige le camp. La discipline est de rigueur, tout est vérifié au départ de la navette le matin : tenue et propreté des chambres, tenues vestimentaires.

Chaque chalet comporte trois chambres à deux lits et une réservée pour la responsable de chaque bâtiment… et je suis aussi…responsable de mon chalet !

Dans la majorité, le personnel de ce camp est peu ou pas gradé. Même vie que précédemment… tours de garde etc...

Anecdote surprenante ! « Les arrêts »

Un chalet au fond du camp attire mon attention, il est gardé par un soldat en armes jour et nuit ! Très vite, j’apprends qu’une engagée volontaire y est aux arrêts… « Pour espionnage », elle doit être transférée à Paris. Un matin, branle-bas de combat au camp… la prisonnière s’est enfuie !! A sa place, comme au cinéma, on trouve un traversin !! – avec quelle complicité ??

Toutes les suppositions sont avancées !!C’est un choc ! C’est à ce moment là que son nom m’est révélé : cette jeune femme n’est autre que celle qui a participé à « l’action de propagande » avec moi, à la Redoute à Alger.

Lors de mes week-ends de garde, pour celles qui ne partent jamais en permission, de mon plein gré… j’organise des promenades, goûters, discussions sur des nombreux sujets !

Ce camp comporte un mess - un foyer

Personnellement, je suis autorisée, bien que sous-officier, à déjeuner avec mes amies, infirmières, ambulancières, officiers…au mess des officiers où nous sommes séparées des hommes par une cloison !!!

Centre ville : Le foyer

Nous nous rendons chaque semaine, une camarade et moi à la bibliothèque, d’un autre foyer en ville, dirigé par un séminariste. Dans une salle, quelques tables y sont installées pour y lire, pour y discuter mais en même temps y déguster un « mauvais café, ou jus de fruit et pauvres sandwichs » distribués contre une modique somme, par un militaire campé derrière un petit guichet au fond de la salle.

Très vite, nous nous impliquons pour les aider « certains week-ends ». Nous remplaçons le militaire, améliorons l’ordinaire en quantité, en variétés, marquant les jours de fêtes par des petits « extras »… (Crêpes etc…). Nous remplissons les caisses du foyer !! Cela nous amuse, mais le dimanche soir à 20h… pas de navette pour rentrer au camp (avant 21h obligatoirement)

Nous avons à parcourir plus d’un kilomètre à pied, la peur au ventre sur une petite route déserte, une matraque à la main !!

8 MAI 1945 ARMISTICE

Tous sur la « Place d’armes » à Blida, civils et militaires confondus, autour du kiosque, la fanfare succède aux discours, aux applaudissements…

INCIDENTS

En provenance des deux rues qui jouxtent à gauche et à droite un immeuble à colonnes, des hurlements s’amplifient !! En courant des arabes munis de fourches foncent sur nous, des pavés volent dans tous les sens.

C’est l’affolement, je n’ai que le temps d’attraper une personne petite et âgée qui est devant moi, pour aller en courant nous abriter sous les arceaux, près du mess des officiers.

L’HORREUR

Tout est vite réprimé : quelques jours plus tard un jeune militaire, rentrant de permission de Guelma, nous apprend... l’Horreur !!!

Pendant que nous étions attaqués, lui trouvait sa famille priant devant un autel de fortune (Sur une table de cuisine) bougies allumées, pleurant, entourée de fidèles ouvriers de la ferme, tous effrayés. Il nous dit aussi avoir croisé… un curé assassiné sur sa moto… le cœur accroché au guidon !! C’est l’horreur !!

C’est bien plus tard que nous apprendrons l’intervention de la France.

Cérémonies officielles

En plus de notre travail administratif, avec une ou deux autres engagées, je suis de toutes les cérémonies officielles pour représenter l'armée de l'air, avec l’armée de terre, et la marine !! Je suis très fière…

Cela va du « jour de l’an », au 14 juillet, au 1ernovembre, et depuis cette année le 8 mai ! La plupart du temps, nous nous rendons dans les cimetières français, juifs, arabes où des gerbes sont déposées !!

Dilemme : Affectation  Oran ou Paris ?

Convoquée par le commandant Conquy dont nous dépendons, j’apprends que l’Etat Major général de l’Air, lui a fait parvenir une note de service lui demandant de désigner selon certains critères, une engagée volontaire, susceptible de diriger le bureau de recrutement (maison des ailes) à ORAN !!

Il pense à moi et m’assure également que dès lors je serais nommée Lieutenant !

Très gênée, je me sens obligée de « quasiment » refuser cette offre « magnifique » et de lui confier que pour des raisons importantes (je lui donne certains détails) ma famille de Paris qui m’a élevée, quelques années , est en train d’œuvrer afin que je sois « rappelée » par le Ministère de l’Air : (ce qui ne se fait qu’exceptionnellement et de toutes façons pour des personnalités… d’où mon immense gêne ! )

AFFECTATION A PARIS !!!

Le commandant décide d’attendre 5 jours pour répondre ! S’il n’a rien reçu de Paris d’ici là… je serais affectée à Oran. L’incertitude est insoutenable. Le quatrième jour de cette attente, arrive un télégramme officiel me rappelant à Paris.

Anecdote «  de quoi rire ! Incroyable » Le monde est à l’envers !

Devant cette réalité, le commandant me convoque, et m’annonce qu’il met sa voiture, (une déesse), et son chauffeur à ma disposition !!!… pour me rendre à l’aérodrome de Boufarik à 10km environ de Blida. (Pas d’autre moyen de transport…sauf  l'opportunité d'un déplacement : camion militaire ou ambulance) …

Tout va très vite, je pars le surlendemain…il pluvine, à l’aéroport un soldat, parapluie ouvert à la main, m’ouvre la porte !! Surprise !! Ce n’est pas un « officier supérieur » qu’il accueille, mais ....une jeune femme militaire… et par surcroît « adjudant » !!

BOUFARIK JUIN 1945

Le trajet prévu en avion : Boufarik – Toulouse, puis  Toulouse – Paris en train !!

Ce petit avion ne comporte pas de sièges traditionnels, uniquement : deux madriers posés dans le sens de la longueur, sur deux fûts métalliques où des personnes sont déjà installées.

Nous sommes bien sûr, peu nombreux, deux officiers et leurs épouses, peu causants, un officier et  trois enfants, une assistante sociale qui les accompagne, moi et l’équipage (ils sont deux)

Très vite l’officier, père des trois enfants à besoin de raconter son retour en France. Son épouse, elle, à l’article de la mort, est rapatriée sanitaire par bateau…il est effondré. Le plus petit des enfants, s’accroche à moi… je m’en occupe durant tout le trajet qui est très long !!

TOULOUSE

Notre « coucou » a beaucoup de mal à atterrir par un vent violent…j’ai peur !! Nous sommes transportés de l’aéroport à Toulouse par camion !! Seule sous-officier du groupe, je dois me rendre au foyer de la gare, pour y dîner et y dormir !!

Malgré sa détresse, le père des enfants visiblement soulagé d’être enfin en France, tient à nous remercier tous, de l’avoir écouté, de nous être occupé des enfants, 3 ans ,7ans et 11 ans.

Il décide de tous nous inviter (voyageurs et équipage) à dîner au restaurant de l’hôtel où il doit descendre.

Il s’arrange pour que je n’aille pas au foyer…ainsi je dormirai dans la chambre de l’assistante sociale, avec deux des enfants.

Le repas : dans l’arrière salle du restaurant… au menu : CASSOULET !!  Au marché noir !!

Je dors dans un petit lit, le petit garçon de trois ans contre moi. Tôt le matin, petit déjeuner toujours dans l’arrière salle.

L’officier ayant des démarches à faire avec l’assistante sociale, me demande de m’occuper des enfants, durant un temps, avant de nous rendre à la gare.

Il me donne une petite somme d’argent afin de les occuper… bonbons, revues… et éventuellement manège… il y en a !!!

A la gare, alors que je n’ai droit qu’aux deuxièmes classes, l’officier s’arrange pour que je voyage avec eux en première !!!…

PARIS

A Paris, nous nous séparons : je dois me rendre Rue Blomet, eux Gare de l’Est.

L’officier ne cessant de me remercier de m’être occupée pendant tout ce temps de ses enfants, hèle un des rares taxis et règle le trajet…je suis confuse.

Je n’ai jamais su leur nom, et bien sur ce qu’ils sont devenus !!!

Rue BLOMET ! Est l’adresse de l’hôtel réquisitionné où peut loger le personnel féminin de l’armée de l’air.

Ce sont des petits appartements meublés .Les repas sont servis à quelques immeubles de là, dans un restaurant, faisant office de mess.

Anecdote incroyable !

Le studio qui m’est affecté est sombre et donne sur une cour… j’ouvre la fenêtre pour aérer…et…je crois à un mirage !!!

Je vois en face une jeune femme fumant à la fenêtre : c’est ma voisine de palier d’Alger !!! Partie bien avant moi pour rejoindre les Forces Françaises Libres en Syrie (je crois) sans mot dire à sa famille (j’étais la seule dans la confidence). Elle est officier. Nous logeons dans le même hôtel ! Il suffit de longer le couloir qui fait un angle et je suis dans son appartement : deux pièces qu’elle partage avec une amie actuellement à l’hôpital, et qui doit rentrer dans sa famille.

Mon amie se rend à l’accueil…explique la coïncidence et obtient très vite que je m’installe avec elle.

C’est la joie, les rires, notre « histoire ». C’est formidable !!

MINISTERE DE L’AIR 26/06/1945

Après quelques jours de permission en famille… je rejoins mon affectation, au Ministère de l’Air, 8èmebureau : service des archives dans les sous-sols.

Très bon accueil, curiosité …Il n’y a que des hommes !!

Beaucoup de travail me dit-on…

JEANINE POUYSEGUR

L’après-midi de mon arrivée, alors que je me rends aux toilettes, à l’angle d’un immense couloir… je me heurte à une personne… qui n’est autre que Jeanine Pouységur, devenue Capitaine.

Je ne l’ai plus revue depuis Rabat !surprises, embrassades, rires…

Je lui apprends dans quel service  je suis affectée depuis le matin   … et elle d’ajouter : « Demain, tu seras dans le mien !! »

Direction du personnel Féminin de l’armée de l'air - EMGA

Le lendemain, l’officier, chef de service, m’appelle et m’annonce qu’il est désolé  d’avoir déjà à se passer de moi…mais je dois rejoindre au 3èmeétage, le service de la direction du personnel féminin de l’air en France que dirige Madame le Commandant DUMESNIL, au cabinet du Général ANDRIEU.

Je me sens à la fois toute petite, sur un nuage et si contente.

Je rejoins mon nouveau poste, dans le bureau de Jeanine Pouységur, qui m’apprend que son mari, Jean Pouységur, prisonnier, s’est trouvé à participer à la LIBERATION DE PARIS (en temps que médecin pompier) et a été exécuté d'une balle dans la tête le 25-08-1944. Une plaque commémorative est apposée Gare du Nord !!

J’ai beaucoup de travail, je suis assise devant un grand bureau, je bénéficie de deux téléphones (un extérieur, un intérieur…) Quel événement pour moi !!

C’est en manipulant des dossiers que j’apprends que la « Prisonnière de Blida » a été révoquée…elle n’est pas la seule !!

C’est à Paris que j’entends pour la première fois aux stations de métro : ces lettres : « P.P.O » au début je n’y fais pas attention… puis devant la répétition, à divers endroits…je m’enquiers auprès de mon amie avec qui je loge, de la signification de ces lettres ainsi formulées… Elle ne peut que sourire pour  bien sûr les avoir déjà entendues… elle traduit : Poule Pour Officier !!!!

C’est lamentable : que c’est triste, que cela fait mal !!! A part cela tout se passe formidablement bien.

Fini les tours de gardes etc… Je passe mes week-ends en banlieue dans ma famille.

Je me rends quelques jours en permission à Bar-sur-Aube chez ma grand-mère ; mais au fur et à mesure que les mois passent, la guerre étant terminée, de nombreuses F.F.A résilient leur contrat.

De mon côté, j’ai le choix : de rester dans l’Armée de l’air… (On parle de possibilités de partir en Indochine… ce n’est pas pour me déplaire)…ou de résilier mon contrat pour retourner vers la vie sportive, et préparer mes examens.

C’est cette dernière solution que je choisis, j’aimerais rester en France pour ce faire…

Je me présente en uniforme rue Labourdonnais à Paris – Direction des Sports…afin de m’inscrire dans un CREPS … la réponse est claire… « Vous êtes d’Alger alors retournez y, ici on ne peut vous accepter…il y a trop de postulants de la métropole ! À Alger un CREPS va être ouvert !!!

(Il ouvrira des années … des années après !) C’est ainsi que je décide de rentrer à Alger, chez mes parents : 3 rue Jean Rameau, à Alger.

20/11/1945

Mon contrat est résilié le 20/11/1945

Je rentre à Alger, le cœur léger, heureuse avec le sentiment d’avoir à mon niveau et très modestement certes, œuvrer pour la France.

J’ai vécu une expérience humaine enrichissante à tous points de vue, faite entre autres, de découvertes, de rencontres, d’amitiés, de joies, d’humour.

J’ai aussi approché des cas de grande tristesse !!

Je me sens très forte pour affronter les réalités de la vie civile.....

RETOUR A LA VIE CIVILE A ALGER DE NOVEMBRE  1945  à SEPTEMBRE 1958

Novembre 1945 : De retour à Alger… Pas de CREPS ouvert…il y en aura un…quand ??

Par les relations de mes parents, nous apprenons qu’un groupe de professeurs et moniteurs, à titre privé assurent la préparation des futurs moniteurs et professeurs d’E.P.S aux « GROUPES LAÏQUES » chemin Yusuf à Alger.

Je m’y inscris… la réadaptation est difficile.

Une page de SPORT à Alger 

 

A la faveur de nos cours et entraînements… on découvre… que je lance bien le disque et que je cours…pas mal sur le 800 Mètres !!

C’est ainsi que je remporte « le lancer du disque » au « CHALLENGE CARDONNA » rencontre annuelle et bien connue des Athlètes à Alger.

Je deviens ensuite Championne d’Alger dans la même discipline… tout en battant le « record d’Alger »…détenu depuis 10 ans par une Athlète de « l’ALGERIA – SPORTS ».

(Je n’ose dire la distance, quand on sait ce que font les lanceuses actuelles)

Anecdote

Je ne sais même pas ce que veut dire « le petit drapeau » au sol… là-bas…que mon disque vient…de dépasser !!!...

Aux championnats d’Afrique du Nord, je ne suis que seconde… avec 30 mètres… l’athlète qui sévit actuellement sur les stades est Micheline Ostermeyer (de Tunisie) avec 32 mètres, sélectionnée pour les Jeux Olympiques de LONDRES (1948) … Elle atteindra 42 mètres et deviendra « Championne Olympique ».

Les GROUPES LAÏQUES ont depuis de nombreuses années, crée, une rencontre d’ATHLETISME, qui se déroule annuellement et alternativement à ALGER et à ORAN : … Ce sont les « RELAIS D’ARGENT »

Toutes les disciplines sont représentées. J’y participe et remporte le lancer du disque, à ORAN.

1948  à 1951 : Auxiliaire d’E.P.S

Nous sommes sollicités, nous, étudiants pour assurer des cours d’E.P.S dans les écoles primaires d’Alger et ses environs, ainsi que dans quelques Collèges.

J’accepte et … me voici Auxiliaire d’E.P.S, pour un an renouvelable.

Dans ce même temps, je m’essaie au Basket-ball, deviens Capitaine d’une équipe bien placée dans son groupe…

Ceci dans une petite commune « L’ALMA » proche de MAISON-CARREE où j’exerce au Collège depuis 2 ans.

Parenthèse

Mariage : Un congé d’un an renouvelable pour 3 ans maximum m’est accordé, afin de suivre mon mari, dans les douars, entrepreneur de travaux publics, qui construit pour le Gouvernement Général (par appels d’offre) des écoles, avec logement pour les instituteurs français !!! (Écoles détruites pour la plupart…  plus… tard !!!)

Naissance de notre fille. Actuellement, nous sommes à MICHELET – Kabylie.

31-10-1954  ..........1-11-1954

Veille de la Toussaint ! Ce jour là 31-10-1954… mon mari décide de  rentrer à FORT DE L’EAU (notre domicile). C’est le soir.

Trois de nos ouvriers, nous demandent de les « redescendre » à ALGER.

Sur la route qui nous mène à Tizi-Ouzou ma fille est prise d’un besoin pressant…je m’arrête… et oui, c’est moi qui conduis !! Mon mari lui s’occupe de notre fille… alors qu’il descend de notre voiture cinq minutes… moi, je m’extasie, de mon côté, sur les feux d’une Fantasia…qui se passe là-bas…sur l’autre versant de la colline !!

Ce n’est que le lendemain matin, 1erNovembre, que nous apprenons l’HORREUR !

En fait de FANTASIA … C’est le début des émeutes… c’est la Guerre d’ALGERIE !!

Avec tout ce que cela comportera de drames !!!

La Peur à retardement

Nous pouvions être tués sur place dans notre véhicule… (Même si mon mari… par habitude garde toujours un fusil sous le siège avant de la voiture).

Les trois ouvriers…transportés ont disparu.

Sans « jeu de mot » je pense qu’ils ont dû être « morts de peur » d’être à la merci d’une « Femme au volant »… Pensez à l’époque !!

Je ne retournerai plus à Michelet !

De 1955 à 1958

…Divorce. Je vis à Alger.

Je reprends un poste d’auxiliaire…repasse des examens au titre de « victime de la guerre 39-45 », suis titularisée avec effet rétroactif…nommée en 1958 à BAYONNE (je n’ai jamais demandé ce poste) à cause de la lenteur administrative, ceux que j’avais sollicités …sont pourvus !! Mais quelle aubaine. Ma sœur et sa famille vivent à St Jean de Luz !

Pendant ces années là,… LA PEUR s’installe… :

Dans la rue, en apercevant le moindre papier dans un caniveau … : On traverse !

Un scooter avec sacoches stationné le long du trottoir… : On traverse !

Quelques pas …derrière soi… : On s’arrête…sous n’importe quel prétexte … afin de se laisser dépasser,  pour voir !

Anecdote - triste et drôle  à la fois

Avec deux amies, nous rendant à la « Grande-Poste », nous nous sommes jetées au sol…au bruit infernal que faisait un rideau de fer…que baissait… un commerçant entre 12H et 14H !!

Vérifications d’identités

Quelque chose m’intrigue de plus en plus : que je me déplace en bus, en tramway, que je franchisse les portes d’un établissement public, systématiquement les militaires de service, me demandent mes papiers, me font ouvrir mon sac, (pas aux autres passants alentours).

Il faut dire que mon grand sac contient mon équipement sportif…cahiers…etc...

Interpellation

Après avoir assuré mes cours au stade des GROUPES LAÏQUES, et pour me rendre à l’Hôpital MUSTAPHA (par l’entrée « du bas ») afin de visiter une de mes amies (blessée par un engin placé dans un poteau d’arrêt d’autobus)…j’emprunte la rue de Lyon, traverse une placette où se trouvent quelques marchands ambulants (cacahuètes etc.….) et des passants. Juste à hauteur du « CHAMP DE MANŒUVRES »au moment de traverser,

Je suis interpellée : « Mademoiselle, s’il vous plaît, voulez vous me suivre… »

C’est un policier…mitraillette au poing qui me dirige vers  un fourgon, qui est stationné là ! A l’intérieur du fourgon : deux policiers masculins à l’avant, et une femme à l’arrière.

Un des policiers avec mes papiers se met en liaison par radio…...avec  un commissariat …..je pense ! L’autre surveille tandis que celui qui m’a interpellée est resté à l’extérieur.

La femme policier, (je suppose), elle, vide entièrement mon sac de sports, et avec un air circonspect, tire doucement… sur un ruban…au bout duquel…apparait…un « sifflet » !

Catastrophe !! Quand on pense à l’ambiance du moment en Algérie !!!

Elle me demande : Qu’est ce que c’est ?sur un ton qui n’admet pas la plaisanterie… (J’avoue que je n’ai pas envie de plaisanter…je pense à l’heure…il faut aussi que j’aille chercher ma fille à l’école !!)

Je réponds : -Un sifflet (c’est si évident !!)

Comprenant qu’elle n’a pas posé la bonne question…elle reprend :

-A quoi cela sert ???

…Je lui explique que nos cours se font aussi à l’aide d’un sifflet !!

On me relâche au bout de ¾ d’heure, devant le fourgon…il y a foule !...

Pensez,  une française arrêtée !!!

Je suis toute rouge et poursuis mon chemin complètement choquée.

Explications de ces interventions

Je profite d’un déjeuner chez ma propriétaire, qui reçoit un couple d’amis dont le mari est administrateur des colonies. (Je crois…) à MASCARA…pour raconter mes mésaventures.

Aucune hésitation pour l’administrateur…je  ressemble terriblement à la « française » qui a rallié la cause « fellagha », et dépose des bombes dans des sacs de sport… (Dans des lieux publics : Cafétéria…etc.)

A sa visite suivante, ce Monsieur me montre une photo « anthropométrique » de cette femme… c’est saisissant !!!

C’est ainsi  que pendant un temps, alors que je suis blonde…je me fais teindre en brune !!!

Octobre 1957

Affectée, toujours auxiliaire, au Collège Pasteur à Alger, j'attends ma titularisation !!! (Presque 2 ans)

13MAI 1958

Nous sommes le « 13 MAI », je suis avec mes élèves…au stade LECLERC (il surplombe le Gouvernement Général et le boulevard LAFERRIERE) un collègue s’approche de moi (le téléphone « arabe »…fonctionne) et m’avertit de l’arrivée d’une autorité en provenance de Maison-Blanche, l’aéroport…il me conseille de m’asseoir avec mes élèves dans des bougainvilliers…le long de la palissade…en pente…Nous nous asseyons et attendons.

Tout alentour est silencieux…une rumeur…en provenance du boulevard LAFERRIERE enfle…plusieurs voitures noires passent en cortège en bas de la palissade.

En 5 minutes, la place du Gouvernement Général est noire de monde qui afflue de tous les sens…

Toutes les fenêtres, les balcons d’immeuble du boulevard  LAFERRIERE sont comme par magie devenus « BLEU, BLANC, ROUGE » (habillés de drapeaux, de banderoles etc.…)

Au balcon du GOUVERNEMENT GENERAL apparaît le GENERAL DE GAULLE… aux cris de « ALGERIE FRANCAISE »  etc. …

Je me laisse dire que toutes ces personnes…qui convergent là…étaient en attente depuis des heures, pour certaines, dans des endroits… tels que les cinémas !! Etc...

C’est une vision que l’on ne peut oublier.

Pendant les premiers jours qui suivent, la Directrice du Collège préfère que nous ne nous rendions pas au stade…vu l’effervescence qui règne à Alger !!

Je reste dans une classe et fais des cours théoriques…

Un jour…c’est un concert de « klaxons » dont les sons montent du boulevard Pasteur…jusqu’à nos oreilles !

Cela donne : 3 petits coups… 2 petits coups ! En clair : AL-GE-RIE…FRAN-CAISE !!

Ce qui est amusant, c’est de voir d’en haut de nos fenêtres les mains des automobilistes…en mouvement sur le klaxon, ceux qui montent 3 coups ! Ceux qui descendent 2 coups !

A croire qu’ils ont répété.

Mes élèves enchaînent sur leur bureau !

Voilà… en Août enfin titularisée, nommée à BAYONNE, je m’embarque avec ma fille pour la France en emportant tant de souvenirs !!

…de 26 ans en ALGERIE.

ET......

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PALAIS DES CONGRES  de JUAN LES PINS   - AVRIL  2009- RASSEMBLEMENT NATIONAL DES RAPATRIES D’AFRIQUE DU NORD

STAND : FRANCOIS PAZ - C.L.A.N-R

Denise LANDRE

Retour coups de cœur. 

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